Victime d'attaques personnelles après son mariage - Ibrahim Subdurally : «Mon union avec l'homme que j'aime ne concerne que moi et personne d'autre»

22 octobre 2023 11:46

Notre jour magique : «C'est pour nous extraordinaire. C'est la consécration de notre amour. Faire ce pas était pour donner une nouvelle direction à notre histoire d'amour et à notre vie de couple. J'ai tout fait pour que cette journée soit mémorable et à notre image. Je n'avais pas pris de wedding-planner car je voulais tout faire moi-même. On habite en Angleterre, mais on a choisi de célébrer notre grand jour en France. C’était au mois d’août et on avait ainsi loué un château et on s’était entourés de nos proches. C’était magique ! On a tous passé un bon moment. J’ai toujours la même émotion, quand je me repasse nos vidéos souvenirs, même si après, des voix discordantes sont venues assombrir ce moment de bonheur. Mais, heureusement, que l’amour est plus fort. Tous ceux qui ont cheminé avec nous le temps de cette aventure gardent de très bons souvenirs de notre grand jour. J’ai été très touché quand j’ai vu des gens partager notre bonheur. Ils étaient heureux pour nous et ça, ça compte. Les parents de Gwenaël vivent à la campagne, dans un village où il y a peut-être quelque 200 personnes. Ils sont venus, les voisins sont venus et à aucun moment, ils nous ont fait nous sentir différents. Pour eux, on est tout simplement un couple qui s’aime.»

Les critiques et autres propos haineux : «Me concernant, je dirais que ces propos me sont indifférents. Je sais qui je suis et je sais qu'on n'a rien fait de mal, sinon célébrer l'amour, notre amour. Par contre, je me sens concerné quand les critiques vont vers mes proches, ma famille, mon père de qui je suis très proche. Ça a eu un effet négatif sur ma famille, sur mon père surtout !  Ça a été très dur de digérer cela... Mon mariage avec un homme ou pas est quelque chose de personnel. Mon mariage avec l'homme que j'aime ne concerne que moi et personne d'autre. Je ne vois pas pourquoi X ou Y devrait me critiquer ou critiquer mon mariage, par des propos violents de surcroit. Je ne comprends pas ces attaques. Je ne connais pas ces gens et ils ne me connaissent pas, et avec mon époux, on ne fait rien de mal à part s'aimer. C'étaient des attaques personnelles et en plus, il y a beaucoup de mensonges qui ont été dites. Qui es-tu toi pour me critiquer ? Qui es-tu toi pour salir mon mariage ? Ça a eu comme résultat de gâcher ma relation avec ma famille. Ça me rend triste, car j'ai toujours été très proche de mon père et aujourd’hui, ce n’est plus le cas... Mon père a fait une vidéo pour s’excuser, le 5 octobre, le lendemain du jour où tout cela a commencé. C’est très dur, mais la vie continue. Je garde espoir que ça peut s’arranger.»

Ma famille, mon équilibre : « J'ai toujours eu de bonnes relations avec ma famille, surtout avec mon père. Comme pour beaucoup de personnes, j'ai eu peur que ma famille ne m'accepte pas. Cette étape du coming out était très importante pour moi. Avec certaines personnes, ça s’est bien passé, avec d’autres non. Par exemple, ma mère m’aime, mais elle n’accepte pas ma vie. On a de bonnes relations, mais elle n’accepte pas ma réalité. D’ailleurs, elle n’est pas venue à mon mariage. Elle a ses raisons, elle a ses opinions et je respecte cela.»

Mon message aux jeunes : «Il ne faut pas se sentir forcé ou obligé de faire son coming out. C’est surtout, et avant tout, une démarche personnelle. On ne doit rien à personne. On ne demande pas à une personne hétérosexuelle de faire son coming out, alors pourquoi cela devrait être le cas pour une personne de la communauté LGBT+. Je suis ce que je suis, point barre. Je rêve d’un monde où un jeune pourra rentrer chez lui et présenter son copain à sa famille sans avoir besoin de faire un coming out et de se justifier sur sa sexualité. Chacun a le droit d’aimer et d’exister. La question n’est pas d’accepter X ou Y, il s’agit surtout de respecter l’autre, de vivre dans une communauté où tout le monde est égal.»

Ma vidéo mise au point : «J'ai fait une vidéo tout simplement parce que je ne comprends pas certaines réactions et ce déferlement de haine. Mon message s'adresse aux jeunes et aux Mauriciens dans leur ensemble. Il ne faut pas laisser des gens prendre de telles positions au nom de la religion. Je m'adresse aussi aux autorités : comment peux-t-on permettre à des gens de s'attaquer comme ça à d'autres personnes sur des plateformes publiques ? Mais je sais aussi que tout le monde ne pense pas pareil. J'ai eu des messages de soutien de Mauriciens de tous les horizons : catholiques, hindoues et musulmans, entre autres.»