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Vidya Charan : «Pour jouir d’une société où chacun peut vivre son droit sexuel…»

15 avril 2015

La Mauritius Family Planning and Welfare Association a tenu récemment à rendre hommage aux Mauriciennes. Pourquoi ?

 

Aujourd’hui, le pays se positionne comme un chef de file parmi les petits États insulaires.Et, grâce à la contribution de tous les acteurs-clés, sans oublier le rôle crucial joué par les femmes depuis la période de colonisation – que ce soit par les Hollandais, les Français ou les Anglais –, celles-ci ont ouvert la voie pour aider l’île à se positionner comme l’étoile et la clé de l’océan Indien.

 

Reconnaître la contribution des femmes uniquement par la rhétorique ne va pas aider à la réalisation de l’égalité et de l’équité. Cela restera seulement comme une propagande politique utilisée par différentes catégories de personnes. C’est pourquoi nous avons besoin de créer de l’espace et un environnement pour leur épanouissement et pour leur permettre de mieux exposer leur potentiel.

 

Il y a de plus en plus d’initiatives pour permettre aux femmes d’avancer et de briller dans des domaines divers…

 

Nous devons reconnaître la contribution successive des différents décideurs et des dirigeants politiques pour faire avancer la cause des femmes. Une société moderne ne devrait pas montrer une représentation régressive des femmes au Parlement, dans les processus de prise de décision. Et pour que cela ait lieu, nous devons éduquer nos frères et sœurs afin de ne pas être à la traîne par rapport à nos frères et sœurs africains.

 

Que faudrait-il faire, selon vous ?

 

Nous devrions revoir nos structures de mécanisme, nos stratégies pour que les femmes ne soient pas considérées comme des chiffres, mais pour ce qu’elles représentent. La Mauritius Family Planning and Welfare Association (MFPWA) rend hommage à toutes les femmes de Maurice qui, avec le soutien des hommes, croient en l’autonomie des femmes pour une société juste, avec plus de stabilité et de progrès. Les hommes doivent jouer leur rôle. Ils devraient contribuer à dénoncer toutes les injustices contre les femmes, être des partenaires actifs dans la construction de la confiance dont les femmes ont besoin pour leur développement et leur autonomie.

 

Les hommes devraient ainsi être des acteurs clés et actifs afin de fournir les conditions requises pour aider à l’avancement des femmes. Nous ne devons pas oublier que les femmes ont toujours été des partenaires actives pour les hommes.

 

Il faut aussi reconnaître qu’il y a eu beaucoup de changements…

 

Aujourd’hui, nous sommes fiers de constater qu’une grande partie de la population active se constitue d’environ 40 % de femmes. Il ne faut pas oublier que les femmes contribuent dans le secteur informel. Nous avons également noté la contribution positive au sein du gouvernement, la prise de décision au Parlement, dans le secteur de la construction, entre autres. Elles œuvrent aux côtés des hommes pour relever les défis du pays.

 

Les femmes étaient considérées comme des citoyennes de seconde classe dans les premiers jours de la colonisation. C’est avec un travail acharné et de la détermination qu’il y a eu des progrès considérables. Et cela, grandement parce qu’elles ont été en mesure de garder le contrôle sur leur santé sexuelle et reproductive.

 

C’est-à-dire ?

 

La MFPWA a joué un rôle stratégique depuis les années 50, en instruisant les femmes sur leur santé et sur le contrôle de naissance. Ce qui a ouvert la voie au progrès. Nous sommes heureux de constater que la MFPWA a joué un rôle dans la promotion des causes féminines.

 

Pouvez-vous nous en dire plus ?

 

Le rôle joué par la MFPWA pour l’autonomie des femmes n’a jamais  été  dans une perspective féministe. L’association a été un membre fondateur de l’International Planned Parenthood Federation  et a été un partenaire stratégique du gouvernement dans la gestion du programme de la fécondité et le contrôle des naissances afin d’améliorer la qualité de vie des femmes. Il y a encore des défis à surmonter en tant qu’organisation responsable. Nous avons soutenu l’initiative du gouvernement concernant les questions de santé sexuelle et reproductive. Aujourd’hui, Maurice tire profit du dividende démographique. Maintenant, la question est : quel est l’avenir que nous voulons pour le pays ?

 

Qu’en est-il de la situation actuellement ?

 

Le pays est confronté à un faible taux de fécondité, avec un vieillissement de la population. Le taux de fertilité, qui aurait dû tourner autour de 2,1 %, est à 1,4 %. Nous notons une tendance à la baisse et c’est très alarmant. Ce fait découle de plusieurs facteurs émergents : les abus sexuels, la violence domestique, l’augmentation des infections de l’appareil génital, les cancers et les maladies transmissibles, de même que les médias sociaux et la révolution informatique, qui influencent la population.

 

Quel type de société recherchons-nous ?

 

Encourageons-nous l’individualisme ou une société où nous pouvons vivre en paix ? Devrions-nous devenir dépendants des machines ou avons-nous besoin d’une société équitable avec la justice et l’égalité, plus de stabilité, où il y a un équilibre entre les normes, les cultures et les traditions, où les enfants peuvent s’acquitter de leurs obligations filiales ?

 

Pour pouvoir jouir d’une société où chacun puisse vivre son droit sexuel, les femmes doivent jouer un rôle actif et dire «oui, nous pouvons apporter le changement».

 

Bio express

 

Le travail ne fait pas peur à cette passionnée. Toutefois, avant de trouver sa voie dans le domaine de la santé sexuelle, elle goûte à plusieurs domaines : «J’ai évolué comme Social Worker pour me professionnaliser dans le domaine. Puis, je me suis lancée dans le business et, finalement, j’ai atterri à la MFPWA pour mettre en oeuvre un projet de l’Union européenne dans le domaine du VIH/sida.» Au fil des années, elle gravit les échelons et cumule les responsabilités : «J’étais d’abord chargée de programmes, puis je suis devenue responsable du département des programmes. À présent, j’occupe le poste de directrice exécutive à la MFPWA. J’ai aussi assumé des postes de responsabilité au sein de l’Association of Chief Executives of Member Associations of the Africa Region.»

 

Des activités pour une cause

 

Sensibilisation, causerie, medical check-ups : ce sont, entre autres, les activités qui, ces dernières semaines, ont touché plusieurs femmes. «Nous voulons toucher plus de monde, car nous voulons vraiment valoriser, éduquer et empower la femme. À la fonction du 1er avril, près de 400 femmes étaient présentes», souligne Vidya Charan.

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