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Vikash Tatayah, «Conservation Director» à la «Mauritian Wildlife Foundation» : «La situation concernant la conservation des espèces à Maurice est préoccupante»

23 juin 2014

Vikash Tatayah

Dans un article publié récemment dans le journal «Le Monde», Maurice est décrite comme l’une des terres «les plus abîmées écologiquement». Quel est votre avis sur le sujet ?

C’est un constat assez juste de la situation car Maurice, tout comme Rodrigues, est parmi les îles qui ont été les plus endommagées et modifiées par l’homme. C’est un fait connu et ce constat date de plusieurs années.

Dans le même texte, il est dit que 95 % des habitats terrestres ont été détruits par les plantations de canne et la croissance démographique, tandis que 80 % des espèces endémiques sont en voie d’extinction. Est-ce que la situation est si préoccupante ?

En sus de la canne, toutes les plantations, comme celle du thé, ou encore de pin, entre autres, de même que la création de ville et de village et d’autres projets de développement, font partie de ces changements qui se sont faits au dépens de la forêt d’origine de Maurice. Aujourd’hui, cette forêt primaire a été envahie par des espèces vertes venant d’ailleurs. Dans ces cas, quand on parle de forêt détruite, on ne parle pas uniquement en termes d’étendue, mais aussi en termes de qualité, car les plantes ont aussi bien souffert.

Il y a aussi une grande partie des espèces endémiques de Maurice - plantes, reptiles, mammifères et oiseaux -, qui se trouvent sur la liste rouge de l’Union internationale pour la convention de la nature. Encore une fois, les dires de l’article du Monde s’avèrent. La situation concernant la conservation et la restauration des espèces à Maurice, est préoccupante. Toutefois, il faut aussi souligner qu’il y a certains organismes qui sont conscients du danger et qui font tout pour sauver ces espèces et restaurer des habitats. Il y a des actions qui sont entreprises par le gouvernement, le Rodrigues Regional Assembly et les ONGs, comme la nôtre.  

Où en est le pays en termes de protection de l’environnement ?

Il y a tout un travail qui est effectué dans des endroits comme l’île Ronde, l’île aux Serpents, ou encore le Parc national de Rivière-Noire, entre autres, où des espèces sont protégées. Il y a donc une protection légale qui a été enclenchée. La restauration est au cœur des préoccupations. On est en train de réintroduire des espèces, des plantes indigènes, des oiseaux, des reptiles ou encore des oiseaux de mer. L’île est d’ailleurs reconnue mondialement pour ses efforts, mais le tableau n’est pas tout à fait positif.

À mon avis, le pays a accusé un retard important dans ce domaine. On aurait dû investir plus de ressources dans le secteur de la conservation. Le budget accordé est resté faible par rapport à la situation qui prévaut dans le pays. On aurait pu restaurer des milliers d’hectares. Il faut mettre les discours et les stratégies de côté et aller sur le terrain pour faire avancer les choses.

Pouvez-vous nous expliquer comment opère la Mauritian Wildlife Foundation ?

L’ONG est un organisme local qui existe depuis plus de 30 ans. Nous obtenons nos fonds de plusieurs sources : de Corporate Social Responsibility, des grants d’organismes internationaux, de particuliers, mais aussi du gouvernement. Nous opérons sur le terrain, notamment sur l’île Ronde et l’île aux Aigrettes, ainsi qu’au Parc national de Rivière-Noire, ou encore à Rodrigues, entre autres. L’ONG emploie des étrangers tout comme des Mauriciens, et nous avons un système de volontariat. Notre collaboration avec des universitaires nous permet de répondre aux questions scientifiques. Nous sommes également affiliés à des organismes internationaux.

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