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Violences urbaines en France : les jours d'après...

Des pillages, des incendies, des destructions de commerces, bâtiments publics et autres restaurants et des attaques sur des membres des forces de l'ordre... la France a connu des moments difficiles  ces derniers jours.

Des scènes de révolte à la suite de la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre dans la matinée du mardi 27 juin, ont agité les nuits de nombreuses villes françaises pendant plusieurs jours. Alors que la désescalade des manifestations urbaines semble se confirmer, des compatriotes installés dans l'Hexagone reviennent sur ces moments difficiles...

Des attaques sur des membres des forces de l'ordre, des pillages, des incendies, des destructions de commerces, de bâtiments publics et autres restaurants, de la violence... Les images, terribles, ont fait le tour de la planète. C'est suivant la mort du jeune Nahel, 17 ans, lors d'un contrôle routier à Nanterre, que des mouvements de violences urbaines ont explosé dans toute la France.

 

Ce jour-là, le jeune homme, qui circulait au volant d’une Mercedes avec deux amis, aurait, selon des éléments de l'enquête, refusé de se soumettre à un contrôle routier. Ce qui a provoqué une course poursuite de sa voiture par deux agents de police à moto. Une fois à l'arrêt, l’adolescent aurait refusé d'obtempérer, et c’est là qu’il aurait reçu un tir d'un des policiers. Il est décédé des suites de ses blessures quelques minutes plus tard.

 

Conséquence de ce drame : des émeutes populaires qui ont provoqué des restrictions de transports dans plusieurs communes mais aussi des couvre-feux locaux dans certaines municipalités, notamment en Ile-de-France et dans le Nord. Ces manifestations ont également provoqué l'annulation d'événements  culturels  comme le concert de Mylène Farmer au Stade de France, mais aussi des fêtes de fin d’année dans des écoles en Île-de-France ou encore de la dernière soirée du Fnac Live Festival, entre autres désagréments.

 

Alors que l’enquête se poursuit pour faire la lumière sur ce qui s'est passé, les versions s'affrontent sur les circonstances du drame. Le troisième passager, qui s'est exprimé dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, a expliqué que Nahel aurait arrêté son véhicule à la demande des policiers, puis aurait reçu des coups de crosse d'un des fonctionnaires, lui faisant lâcher la pédale de frein et redémarrer la voiture. Une version contestée par le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, qui a affirmé que le conducteur, «qui avait d'abord éteint le moteur, a redémarré le véhicule, puis est parti. C'est dans ce contexte que le policier a fait usage de son arme à feu».

 

En attendant le dénouement de toute cette affaire, les jours écoulés restent gravés dans les mémoires. Le Mauricien Warren Chris Etowar, installé en France, a été constater de visu les dégâts provoqués dans sa région. «J'ai vu des gens indignés, fâchés, révoltés ! La mort de Nahel a provoqué des actes barbares. Là où j'habite, en Haute-Savoie, c'était l'horreur. Ils étaient une cinquantaine de jeunes en colère, habillés en noir et cagoulés, certains armés de gaz ou de feux d'artifices, avec comme cri de guerre “Pour Nahel”. Ils étaient en train de tirer sur les policiers. Sur les ronds-points, il y avait des pneus en feu pour bloquer la circulation. Les jeunes étaient en train de tout saccager ! Les arrêts d'autobus ont été pillés, des voitures brûlées, c'était absurde ! Les gens étaient vraiment en rogne ici», nous confie notre compatriote en partageant avec nous quelques clichés des dégats dans sa région.

 

Une autre compatriote, Marie-Danielle Theodorine, se dit tout aussi indignée par ce qui s'est passé. «Je ne suis pas d'accord qu'un policier ait ôté la vie d'un petit jeune malgré son refus d'obtempérer mais de là à aller cramer les voitures des citoyens, c'est inadmissible !», souligne la Mauricienne qui  reconnaît tout de même être «habituée à toutes ces émeutes depuis quelque temps» dans son pays d'adoption. Les remous de ces derniers jours ont aussi retenu l'attention d'Arvin Prayag, un autre Mauricien installé en France. «Il y a eu d’abord la réaction de la famille de la victime. Troublante. Une mère semblant tantôt affectée, tantôt survoltée, hilare, dansant sur des véhicules. L’image prêtait à confusion. Il y a eu la réaction des politiques, comme toujours. Évidemment, c’était tentant de récupérer l’événement. Il y avait ceux qui cherchent des voix en qualifiant d’irréversible l’islamisation de la société, et ceux qui prônent la révolution contre le système et les institutions. Indécent. Et il y a eu la réaction de beaucoup de jeunes, très jeunes, 15 ans en moyenne. Un soulèvement... Au départ, je voyais qu’ils réagissaient par solidarité pour Nahel, réclamant justice. Puis, je les ai perçus animés d’un sentiment de vengeance contre la police.  C’est la genèse de cette violence. À mon sens, ces jeunes – dépourvus d’idéologie et de règles – provoquent l’État pour obtenir une réaction ou des réformes de la part des institutions. Il faudra nécessairement trouver des solutions contre la violence dans le pays et le malaise dans les banlieues. La population se fracture autour de ce sujet, et cela sera très certainement l’enjeu des prochaines échéances électorales», nous déclare Arvin Prayag.

 

Cette semaine, après quatre soirs de violences un peu partout en France, les choses semblent s'être calmées. La nuit du samedi 1er au dimanche 2 juillet, quelques heures après les funérailles de la jeune victime, a été moins agitée. Après plusieurs nuits de débordements, Nadia, la grand-mère de l’adolescent, a tenu à apaiser les tensions et a fait un appel au calme. «Qu'ils ne cassent pas les vitrines, les bus, les écoles. Ce sont les mamans qui prennent le bus. On veut calmer les choses. On ne veut pas qu'ils cassent. Qu'ils restent tranquilles, ces gens-là ! Les policiers, heureusement qu'ils sont là. Les gens qui sont en train de casser, je leur dis : “Arrêtez !” Ils ont pris Nahel comme un prétexte», a-t-elle déclaré dans les médias.

 

Les victimes

 

Suivant les scènes de violences un peu partout dans le pays, le président Français Emmanuel Macron a dénoncé «une instrumentalisation inacceptable de la mort d’un adolescent» et a appelé «tous les parents à la responsabilité». Il a ainsi laissé entendre qu'il envisageait de sanctionner les familles des émeutiers mineurs et pointe un «cadre familial abîmé», ainsi que «des difficultés à assurer l'autorité de base, parfois même à l'école». Plusieurs émeutiers ont d’ailleurs été arrêtés. Et après une semaine marquée par les violences urbaines en France, Emmanuel Macron a reçu, ce mardi 4 juillet, les maires des villes attaquées et vandalisées. «J’ai souhaité vous recevoir pour marquer le soutien, l’estime et la reconnaissance de la nation pour l’action qui a été la vôtre ces derniers jours. Si vous êtes là, c’est que vous avez été victimes, parfois, vous l’avez été de manière très directe et personnelle, vos familles et vos proches de manière intolérable et inqualifiable», leur a déclaré le chef de l'État qui a également remercié «(nos) policiers, gendarmes et policiers municipaux et (nos) sapeurs-pompiers». Le président Macron a aussi souligné, ces derniers jours, que la priorité reste que l'ordre soit respecté. «C'est l'ordre durable, républicain que nous voulons tous, auquel nous allons nous atteler. C'est la priorité absolue», a-t-il précisé.

 

Ces tristes événements, soulignent, pour leur part, les professionnels du secteur touristique – dont certains ont subi la perte de leur commerce alors que d’autres ont connu une vague d’annulations de leurs réservations sur tout le territoire pour toutes ces raisons –, ont également entaché l'image de la France à l’international. «La situation sociale et sécuritaire du pays fait peser un risque sur la saison estivale, a minima, notamment pour les clientèles internationales.   L’image de la France à l’étranger est gravement abîmée», ont souligné les élus de la Commission Tourisme de Régions de France et les dirigeants des entreprises d’Alliance France Tourisme. De son côté, le président du Mouvement des entreprises de France (Medef), Geoffroy Roux de Bézieux, a déclaré estimer les dégâts provoqués par les émeutes à un milliard d’euros pour les entreprises.

 

De Maurice également, cette actualité a été suivie avec attention. «Un jeune parti à la fleur de l'âge dans des circonstances troublantes et effroyables, ça fait peur oui, et en même temps, cela nous fait nous rappeler les émeutes de chez nous. Comme pratiquement tous les Mauriciens, j'ai suivi ces tristes événements avec beaucoup d'inquiétude sur les réseaux sociaux et autres. J'espère que la justice fera son travail et que justice sera rendue à la famille», nous confie Arvin Salegram Tewary, qui espère que les choses se soient vraiment calmées alors que des policiers en France craignent «une résurgence des émeutes le 14 juillet». Les forces de l'ordre restent ainsi plus que jamais mobilisées.