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Viraj Horee : «Le théâtre permet d’aborder des fléaux touchant de nombreux jeunes»

8 juin 2015

Viraj Horee

Vous avez récemment participé à des «master classes» organisées dans le cadre du Festival Passe-Portes. Que retenez-vous de cette expérience ?

 

D’abord, je tiens à remercier Total Mauritius qui a pris l’initiative, en collaboration avec la Fondation Passe-Portes, d’organiser ces master classes. Si l’entreprise n’avait pas cru au projet, je n’aurais pas pu assister à ces séances de travail avec des professionnels du théâtre venus de l’étranger. C’était une expérience enrichissante et un vrai moment de partage. Ces ateliers m’ont permis de découvrir de nouvelles techniques, le travail de la gestuelle et la rédaction d’un script. J’y ai aussi appris comment mieux encadrer des jeunes et faire émerger leurs idées dans le cadre d’un projet théâtral.

 

Comment mettez-vous votre métier d’enseignant au service de l’art ?

 

J’enseigne au collège Hamilton, dans la section fille. Nous avons des cours de théâtre trois fois par semaine. Pour moi, il est crucial d’encourager les jeunes à découvrir le monde du théâtre et à s’initier à cet art. L’importance du théâtre réside dans le fait qu’il donne la possibilité de s’exprimer et de mettre en scène des fléaux qui touchent de nombreux jeunes de nos jours. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai collaboré en ce sens avec le ministère des Arts et de la culture sur un projet-pilote à l’intention des élèves.

 

Comment est né ce projet ?

 

Tout a commencé en 2009. Le ministère a invité les enseignants à faire découvrir l’univers du théâtre à leurs élèves, avec une formation à l’appui. J’ai trouvé que c’était une bonne idée et j’ai joué le jeu. Ce programme, qui s’appelle Forum Theatre, a pour objectif d’aider les adolescents à dépasser leur timidité et à s’exprimer. Il s’adresse surtout aux élèves issus de milieux défavorisés.

 

Pourquoi les élèves issus de milieux défavorisés ?

 

Une vingtaine d’élèves de trois collèges, provenant surtout de milieux défavorisés, ont participé au programme Forum Theatre. J’ai particulièrement aimé faire ce travail avec eux, car ils viennent pour la plupart de quartiers où ils côtoient la drogue et rencontrent des problèmes familiaux comme la violence domestique. La scène leur offre une échappatoire, le temps de quelques heures. Elle permet à l’adolescent de faire sortir ce qu’il éprouve au plus profond de lui et lui donne des outils pour mieux affronter les situations difficiles par la suite.

 

Quels sont les prochaines étapes du projet ?

 

L’ambition est de l’étendre à d’autres collèges.

 

Vous évoluez dans le milieu artistique. Quels sont les difficultés et les défis auxquels les artistes doivent faire face ?

 

Pour que les artistes puissent se sentir valorisés pour ce qu’ils font, ils ont besoin du soutien de tous. Ce soutien commence par le public, son enthousiasme est indispensable, c’est lui qui donnera son élan au théâtre à Maurice. Ensuite, sans accompagnement financier, nous ne pouvons pas mettre en place des projets qui mettront en avant les talents mauriciens. D’où l’importance du mécénat d’entreprise pour promouvoir cet art dans l’île. 

 


 

Bio express

 

Âgé de 31 ans, marié et père de deux enfants, Viraj Horee est ingénieur en finances et enseignant de comptabilité au collège Hamilton. Il propose aussi des formations aux jeunes qui souhaitent s’initier au théâtre.

 


 

Ma semaine d’actu

 

Quelle est l’actualité locale qui vous a le plus marqué cette semaine ?

 

La nomination d’une femme, le Pr Ameenah Gurib-Fakim, à la présidence de la République a retenu toute mon attention. Sinon, je suis surtout intéressé par le social et la politique. Les cas de violence à l’école me touchent particulièrement. C’est aussi pourquoi j’aime le théâtre. Parce qu’à travers la scène, nous arrivons à projeter une autre façon de vivre et à promouvoir certaines valeurs.

 

Quelle actualité internationale a retenu votre attention ces derniers temps ?

 

Pour rester dans le thème artistique, je suis heureux de voir que le film Lonbraz Kann, réalisé et interprété par des Mauriciens, ait permis de faire découvrir nos talents locaux à l’étranger. C’est une très bonne chose en vue du développement d’une industrie cinématographique à Maurice et de sa promotion sur la scène internationale.

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