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Virus Ebola, la menace

À Maurice, la surveillance est accrue et les contrôles à l’aéroport sont plus fréquents.

Ils sont en première ligne. Cette maladie hautement contagieuse et mortelle a de quoi leur donner la chair de poule. Néanmoins, ils ont décidé de ne pas céder à la panique… pour l’instant.

La menace est réelle. Et elle donne froid dans le dos. Pas de vaccin, pas de traitement et un taux de mortalité très élevé… Le virus Ebola, qui fait des ravages actuellement en Afrique de l’ouest, flirte-t-il avec notre île ? Tout est possible. Surtout dans un monde où les frontières sont dérisoires face à une telle maladie qui se transmet par contact direct, par le sang, les liquides et les tissus corporels des personnes et animaux infectés (les chauves-souris, les cerfs et les singes). Cette semaine, les services sanitaires de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont déclaré que l’épidémie était hors de contrôle.

Ce qui a fait réagir les autorités mauriciennes. Le ministère de la Santé a mis en place un Monitoring Committee afin de suivre la situation de près. L’état de veille sanitaire est on pour les Mauriciens et les étrangers qui viennent des pays à risques avec un suivi médical scrupuleux et un système de monitoring spécifique. Par ailleurs, des mesures préventives ont été prises : plus de contrôle au port et à l’aéroport, des wards d’isolation dans les hôpitaux, des séances d’explications et de formation au sujet de cette maladie pour le personnel médical (voir hors-texte). Si, à l’heure où nous mettions sous presse, aucun cas d’Ebola n’avait été diagnostiqué sur le territoire mauricien, la vigilance est tout de même de mise.

En première ligne : le personnel soignant, mais aussi les employés du port et de l’aéroport. La peur s’insinue-t-elle, désormais, dans leur quotidien ? Pas pour l’instant, explique Shabneez (tous les prénoms ont été modifiés), une infirmière : «Nous faisons face à tellement de choses, tous les jours. Notre métier est de pouvoir faire face aux maladies et aux malades.» Si les professionnels arrivent à gérer leurs angoisses, ce n’est pas forcément le cas des autres Mauriciens (voir ci-contre dans la rubrique «Mon mot à dire»). Même Shabneez ne peut s’empêcher de ressentir une certaine appréhension. Le virus Ebola fait peur : «Il est hautement contagieux. Et pour l’instant, on n’a trouvé aucun vaccin. J’espère que les chercheurs y arriveront.»

Son collègue Nilen partage cet espoir : «Une maladie aussi contagieuse, aussi mortelle… On peut être des professionnels, on peut relativiser, mais à un moment, ça fait quand même réfléchir.» Il souhaite donc  – ardemment ! – que les mesures mises en place par les autorités soient efficaces et suffisantes : «Il faut faire confiance, on n’a pas vraiment le choix. Il faut être honnête ; si cette maladie atteint notre île, on aura du souci à se faire.»

Business as usual

La Sierra Leone, la Guinée Bissau, le Liberia… Des pays (touchés par le virus) qui ne sont pas si lointains que ça. Et cela même si Air Mauritius n’y a pas de vols directs. D’ailleurs, Sophia, hôtesse de l’air, n’y a jamais mis les pieds. Avec des dizaines de milliers de kilomètres à son compteur de vol, c’est avec un certain détachement qu’elle évoque la menace Ebola : «Quand on est en vol, on n’y pense pas. On fait notre travail, c’est tout. Et puis, le danger, il peut venir de partout. D’un Australien qui a fait un séjour dans ces régions et qui vient en vacances à Maurice, par exemple. Si je commence à avoir peur, je ne volerai plus.»

D’ailleurs, explique-t-elle, elle a vécu tellement de choses, tellement de menaces qu’elle est, au final, un peu blasée : «Le chikungunya, la grippe H1N1, pour ne citer que ceux-là. Et les crashs d’avion ? Si on se laisse submerger, on ne fait plus ce métier. On est conditionné pour faire face à tout ça.» Comme Shabneez, il ne lui reste plus qu’un choix : faire confiance. Ça ne protège pas forcément, mais ça permet d’avancer, de continuer à répondre à l’appel : «On n’a pas le choix.»

Nilen en est conscient. Il est steward et adore son métier. Ça fait longtemps qu’il en a compris les implications, les avantages et les désavantages. Si le virus le plus contagieux du moment ne lui donne pas de sueurs froides, sa présence le fait quand même réfléchir : «Je n’ai pas vraiment d’appréhension pour l’instant. Mais si la situation se globalise et que le virus touche d’autres pays, je crois que je vais commencer à m’inquiéter un peu.» Surtout concernant sa famille et son île : «Si je ramène le virus, je vais contaminer mes proches et d’autres Mauriciens. Ce n’est pas juste une appréhension personnelle, mais une responsabilité envers les autres.»

Le virus Ebola se propage vite. Très vite, même. Néanmoins, Iqbal, qui travaille au sol à l’aéroport, ne s’inquiète pas vraiment : «Il n’y a pas une ambiance de panique au boulot. Les contrôles sont plus fréquents et nous sommes sur nos gardes, mais c’est tout. Nous savons comment gérer ce genre de situation.» Au port, c’est business as usual également, explique Christophe : «Fran-chement, je ne savais même pas qu’il y avait des mesures prises. Ce n’est pas impossible que le virus passe par la mer. Mais je trouve que c’est bien difficile.» Pour l’instant, pas de psychose ni de panique. Néanmoins, la menace est réelle. Et elle fait, quand même, froid dans le dos.

 


C’est quoi ?

● Histoire. Il vient de la famille des filovirus. Son nom ? Il proviendrait du nom d’une rivière passant près de la ville de Yambuku, en République démocratique du Congo. C’est dans cette localité que le virus a été découvert en 1976 alors qu’il y avait une épidémie de cette fièvre hémorragique.

● Symptômes. Une soudaine montée de fièvre, des maux de tête et de gorge, de la diarrhée, des vomissements, des éruptions cutanées, une insuffisance rénale et hépatique, et des hémorragies internes et externes… Au final, les organes principaux finissent par lâcher.

● Prévention. Il faut éviter les personnes et les animaux contaminés… Mais, bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire. Cette maladie étant hautement contagieuse.

● Traitement. Il n’en existe pas. La maladie est mortelle dans 60 % à 90 % des cas. Même si les chercheurs se penchent sur un vaccin, celui-ci n’est toujours pas au point.

À l’heure des mesures

Un travail qui ne s’arrêtera pas. Si les mesures habituelles ont été prises au port, à l’aéroport et dans les centres de santé, le ministère de la Santé a décidé d’aller plus loin. Elle a demandé une réunion avec un expert de l’OMS afin de mieux défendre Maurice face à cette menace. Elle se concentre également sur la formation du personnel médical hospitalier. Ceux qui évoluent dans le privé ont reçu une circulaire pour les informer des mesures à prendre et leur communiquer un numéro d’urgence. Le Dr Patrick How, de la Private Medical Practitioners Association, affirme que les médecins du privé vont suivre les indications du ministère de la Santé : «Il s’agit d’une question de santé publique et nous sommes là pour épauler le ministère et partager les informations utiles.»

Le point…

● De départ. C’est en Guinée que les premiers cas d’Ebola ont été décelés en début d’année. Le virus a ensuite touché le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone. D’ailleurs, ce pays a décrété l’urgence sanitaire, en fin de semaine.

● De rencontre. Margaret Chan, directrice de l’OMS, a rencontré les chefs d’États de la Guinée, de la Sierra Leone et du Liberia, le vendredi 1er août, leur demandant d’agir conjointement contre la maladie. Les autorités des trois pays ont décidé de mettre en place un cordon sanitaire autour de leurs régions frontalières, pour stopper la propagation du virus. Elle a aussi fait appel aux gouvernements du monde afin qu’ils prennent des mesures adéquates pour bloquer l’épidémie.

● En chiffres. Selon le dernier bilan de l’OMS, 1 300 cas ont été recensés et 729 morts. Deux Américains ont été infectés par le virus et ont été rapatriés.