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Par Yvonne Stephen
21 mars 2016 05:23
Enn ti ladou ? Pour calmer Vishnu Lutchmeenaraidoo en ce moment, il faut un peu de douceur. Des petites choses sucrées qui font du bien à l’humeur. À moins qu’il ne soit plutôt salé le nouveau ministre des Affaires étrangères qui a quitté les Finances cette semaine après plusieurs jours de tergiversations, de polémiques et de koz koze.Ah non ! On ne lui raconte pas des salades au député de Piton/Rivière-du-Rempart (nº 7). Du coup, la moutarde lui monte au nez et ce manque d’équilibre de saveurs dans sa vie politique risque de faire tourner la crème de l’Alliance Lepep. Il entame son énième phase de silence (la dernière remonte à son départ du MMM après la conclusion de l’alliance PTr-MMM en 2014) et devrait faire des révélations choc d’ici quelques jours. Le feuilleton n’est pas terminé. Allez chercher les pistaches salées carbonisées.
Ce qui le met en rogne ? Ce fameux document en circulation selon lequel l’ancien grand argentier aurait contracté un emprunt de 1,1 million d’euros à un taux d’intérêt de 1,5 % auprès de la SBM. Le principal concerné, lui, a précisé sur sa page Facebookque ce montant n’était pas juste et que le prêt était de 400 000 euros. Adepte des réseaux sociaux, le ministre qui sent le roussi a décidé de faire une sérieuse mise en garde aux move dimunnqui lui veulent du mal. «Profitant de ma maladie et de mon silence, une campagne de calomnies et de mensonges a été orchestrée pour ternir mon image et me déstabiliser politiquement. Posez-vous la question : à qui profite le crime ? Enough is enough! J’ai décidé de passer à l’action pour rétablir la vérité, demander justice et démasquer complot et comploteurs», a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Il ne fera donc qu’une bouchée de ces personnes qui ne lui veulent pas du bien. Et les choses risquent de se compliquer si, comme les proches de Vishnu Lutchmeenaraidoo l’estiment, les empêcheurs de manger dipin dibertranquillement ne viennent pas d’un des partis de l’opposition. Il suffit d’une bouchée dans un éclair pour comprendre le message. Mais comme la vengeance est un plat qui se mange froid, Vishnu Lutchmeenaraidoo a décidé de ne pas se précipiter. «Il a des doutes mais aussi des certitudes. Il a besoin d’un peu de temps pour régler ses comptes», explique une personne qui évolue dans son cercle. Pour faire un coup d’éclat dan la manier, il faut avancer avec méthode comme pour faire un soufflé. Une erreur de dosage et il retombe. Mais que fera celui qui a rejoint le MSM il y a quelques semaines et qui en est toujours membre ? Démissionner, dénoncer, marchander, réclamer ?
Pour l’instant, lui seul a la recette de sa (dé)confiture. Mais il n’en est pas le seul cuisinier. Un départ du gouvernement, une démission en tant que député : voici ce que veut éviter l’état-major du MSM. D’ailleurs, depuis que sir Anerood Jugnauth a repris le dossier des Finances et réglé le problème Vishnu (mais pas complètement), on assure que tout va bien dans le meilleur des mondes, on record. Néanmoins, selon un membre de ce parti, il y a bien des tensions mais les choses finiront par se calmer : «Tout va rentrer dans l’ordre. Pravind Jugnauth va faire ce qu’il faut pour apaiser les tensions.» D’accord, mais sir Anerood Jugnauth ne serait pas, comme à son habitude, aussi conciliant que son fils et risquerait bien d’ajouter son grain de sel : «Il n’est pas content de l’attitude de Vishnu. Mais maintenant, il faudra qu’il voit : soit il accepte une partielle, avec la possibilité que Navin Ramgoolam soit élu, soit il joue au pompier.» Il n’aurait pas été tendre envers Vishnu Lutchmeenaraidoo lors du Conseil des ministres, le vendredi 18 mars. Le retour pour celui-ci à ces rencontres des ministres (après un mois de congé maladie) n’aurait pas été de tout repos…
Le chef du gouvernement sait-il mettre de l’eau dans son vin ? Le temps le dira. Pour l’instant, c’est le leader du MSM qui tente d’éteindre le feu qui brûle entre le ministre des Affaires étrangères et celui de la Bonne gouvernance Roshi Badhain, mais aussi de calmer les ardeurs vengeresses du premier à coups de boules glacées acidulées. Pravind Jugnauth a, d’ailleurs, prôné l’apaisement en parlant des relations entre Roshi Badhain et Vishnu Lutchmeenaraidoo lors d’une déclaration après une rencontre politique à Saint-Pierre : «En tant que leader du MSM, il est de mon devoir de m’assurer que tout le monde travaille dans la solidarité et dans la même direction.»
D’autres membres du gouvernement devraient se succéder, avec des arguments raisonnables enrobés de miel, pour convaincre le ministre des Affaires étrangères d’abandonner ses aigreurs et de carburer au chocolat au lait. De ravaler sa fierté avec une bonne dose de sirop d’érable. De noyer ses ressentiments (pour le bien de tous) dans une fontaine de rasmalai. Surtout que le prêt qu’il a obtenu intéresse de très près la commission anti-corruption. Ce qui laisse sous-entendre que cet argent – contrairement à ce qu’il dit – n’aurait pas été obtenu sans faveur (voir hors-texte).
S’il est inquiété, ses stratégies version Zorro pour se rendre justice tomberont un peu à l’eau. «Il perdra toute crédibilité. Et s’il veut marchander avec les responsables de l’alliance, il aura moins de poids», poursuit le membre du MSM. Néanmoins, il reste une question centrale : que souhaite l’ancien ministre des Finances ? Quelle est sa carotte ? Il faudra attendre jusqu’à la fin de sa phase de silence pour le savoir. Sauf si la brigade menée par Pravind Jugnauth arrive à éteindre l’huile qui brûle sur le feu. Avec un ladou ?
Il y en a bien une. L’Independent Commission Against Corruptions’intéresse actuellement à l’emprunt contracté par Vishnu Lutchmeenaraidoo. Un Judge’s Order, permettant la levée du secret bancaire, a été obtenu et la SBM devrait soumettre les documents dans les jours qui viennent. Le nouveau ministre des Affaires étrangères s’est, lui, défendu sur sa page Facebook. Il a apporté les précisions suivantes : il s’agit d’un emprunt de 400 000 euros, a offert sa maison en hypothèque comme garantie bancaire, le taux d’intérêt est normal, selon lui, selon l’Euro Libor Rateet qu’il a emprunté cet argent pour investir dans l’or. Il a ajouté que tout Mauricien pourrait prétendre à ces facilités. Une affirmation qui a été remise en doute, cette semaine.
… que le chef du gouvernement n’ait pas révoqué son ministre. C’était lors d’un point de presse le vendredi 18 mars. Le leader du Labour Partyestime même que sir Anerood Jugnauth a «perdu toute son autorité»et est un Premier ministre part-time car il n’a pas révoqué Vishnu Lutchmeenaraidoo : «Vishnu Lutchmeenaraidoo a raté quatre réunions du Conseil des ministres. Moi, je n’aurais jamais accepté qu’un de mes ministres soit absent pour une telle période.»
… qu’entre Vishnu Lutchmeenaraidoo et sir Anerood Jugnauth, c’est déjà fini.«Vishnu Lutchmeenaraidoo a déjà été write offpar Anerood Jugnauth», a déclaré le leader du MMM, lors d’un point de presse en début de semaine. Il n’a pas été tendre envers le duo Lutchmeenaraidoo-Badhain qui, selon lui, ont pris des décisions catastrophiques pour l’économie du pays.
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