Publicité

Yahya Paraouty : «L’indiscipline scolaire, sous toutes ses formes, prend de plus en plus d’ampleur»

21 juillet 2016

Yahya Paraouty : «L’indiscipline scolaire, sous toutes ses formes, prend de plus en plus d’ampleur»

Il est beaucoup question de drogues de synthèse qui circuleraient parmi les jeunes. Que pensez-vous de tout ce qu’on entend autour des ravages de ces substances ?

 

Je suis un syndicaliste qui évolue dans le milieu secondaire, notamment dans le privé. Je peux dire que la question des drogues synthétiques chez les jeunes est un vrai problème. Mes collègues de l’UPSEE et moi, comme c’est notre domaine, savons ce qui s’y passe. Notre jeunesse est en train de se détruire avec ces poisons et nous, qui évoluons dans ce milieu, nous sommes conscients du danger. Certains de nos jeunes, nos étudiants, sont entrés dans l’enfer des drogues synthétiques et c’est alarmant. L’indiscipline scolaire, sous toutes ses formes, prend de plus en plus d’ampleur. Je trouve qu’il y a de plus en plus un manque d’intérêt de nos élus concernant tout ce qui touche à l’éducation. Et les questions parlementaires sur ce sujet se font aussi rares. 

 

Avez-vous tiré la sonnette d’alarme ?

 

Au niveau du syndicat, nous sommes conscients de l’ampleur de la situation. Mais je dois hélas souligner que les autorités, en l’occurrence le ministère de l’Éducation, ne fait pas correctement son travail. Et cela ne peut plus durer. Il y a un manque de communication et de dialogues entre madame la ministre et nous.

 

Avez-vous sollicité une rencontre avec madame Dookun ?

 

Depuis un an, nous n’avons pas mis les pieds dans le bureau de madame la ministre. C’est impensable. Dans le passé, avec les différents ministres de l’Éducation qui se sont succédé, il y a toujours eu une ligne de communication. Or, là, depuis que madame Dookun occupe ce poste, il n’y en a pas. Et c’est triste. Nous y avions été une fois, pour une rencontre de courtoisie, mais après, il n’y a plus eu de rencontres. Dans un secteur comme l’éducation, c’est important que tous les partenaires travaillent ensemble. Nous sommes un syndicat. Qui de mieux que nous pour faire le lien entre le staff des institutions privées et le ministère ?

 

Vous dites que madame la ministre n’a jamais répondu à vos demandes de rencontre ?

 

Depuis une année, elle ne nous a jamais reçus. Nous lui avons envoyé des mails qui sont restés sans réponse. C’est inacceptable. Pour nous, elle s’occupe mal de plusieurs dossiers. Elle devrait démissionner en tant que ministre de l’Éducation. C’est un secteur qui est très important, qui concerne nos enfants et elle ne fait rien pour l’améliorer. D’ailleurs, beaucoup sont conscients qu’il n’y a pas eu de développement depuis qu’elle est à ce poste. Il n’y a pas eu de grands changements ou de grandes décisions qui ont été prises. Elle est venue de l’avant avec le système de Nine-Year Schooling, un autre dossier qu’elle gère très mal.

 

Vous réclamez ainsi le départ de madame la ministre ?

 

Un ministre ne peut pas faire la sourde oreille lorsqu’un syndicat le sollicite. Durant la semaine écoulée, selon une enseignante, que je représente et qui l’a rencontrée, madame Dookun a utilisé un langage indigne pour une ministre. Je ne comprends pas ce genre de réactions. Je prévois d’organiser une manifestation devant son bureau.

 

Que pensez-vous du Nine-Year Schooling ?

 

Nous sommes catégoriquement contre. D’abord, la ministre n’a pas pu expliquer cette  réforme. Pour nous, ce système viendra rajouter du stress sur nos enfants. Après les examens de 6e, nos petits auront à affronter un autre examen en Form III. Si ce n’est pas un stress supplémentaire qu’elle met sur le dos de nos enfants, je me demande ce que c’est. Tout système éducatif qui se respecte doit aussi avoir une élite et jusqu’à présent, notre façon de fonctionner permettait cela. Or, avec le Nine-Year Schooling, ce niveau d’excellence est appelé à disparaître. Puis, il y a aussi la question de mixité que nous condamnons : Maurice n’est pas prêt pour.

 

Il y a pourtant bien des établissements mixtes dans l’île ?

 

Oui, et à mon avis, ce n’est pas une bonne chose. Avec la mixité dans les écoles, je pense que le phénomène des filles mères va gagner du terrain.

 

Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?

 

C’est un risque qui existe.

 

Vous dites aussi que l’indiscipline est présente dans nos institutions. Comment contrer cela ?

 

Si nous avons un problème de drogue synthétique qui affecte nos jeunes, c’est également un signe que l’indiscipline augmente. Il faudrait que les autorités, la ministre de l’Éducation, entre autres, envoient un signal fort. Il faut prendre les taureaux par les cornes et agir. À mon avis, la solution, c’est d’empowerles recteurs pour qu’ils soient capables de prendre des décisions drastiques. Il faut mettre des paramètres en place pour que nos jeunes réalisent qu’il y a des limites à ne pas franchir sous peine d’être sévèrement réprimandés.

 

Ma semaine d’actu

 

Quelle actualité locale a retenu votre attention cette semaine ?

 

Bien évidemment, je m’intéresse à tout ce qui touche au secteur de l’éducation. Le ravage des drogues de synthèse m’interpelle. Mais je me sens également concerné par la vague de violence : meurtres, agressions, etc. C’est symptomatique que notre société va mal.

 

Bio express

 

Voilà plusieurs années que Yahya Paraouty, enseignant, est syndicaliste dans le secteur de l’éducation privée. Il est actuellement le président de l’Union of Private Secondary Education Employees.

Publicité