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5 mai 2014 17:26
Pas facile d’assurer à la fois le rôle de père et de mère. C’est pourtant ce que doivent faire Yannick Pokhun, 22 ans, et Jean Paul Marie-Moutou, 50 ans, habitant tous deux Résidence St-Jean, à Quatre-Bornes, depuis que leurs épouses respectives sont mortes dans l’accident de Sorèze. Un an s’est écoulé, mais c’est toujours très difficile pour eux de remonter la pente et de faire en sorte que leurs enfants retrouvent une vie normale mais ils s’accrochent pour ne pas abandonner la lutte.
Yannick, père d’un enfant de 4 ans, essaye tant bien que mal de panser ses plaies. Après avoir perdu sa femme Delphine, 21 ans, aussi brutalement et tragiquement, il s’efforce tous les jours de mettre un pied devant l’autre pour lui, mais aussi et surtout pour son fils. «Ma vie est complètement chamboulée, mais, coûte que coûte, pour mon fils Mathieu, il me faut avancer», lance le jeune homme. Jongler avec le rôle de père et celui de mère n’est certes pas facile, mais il peut compter sur le soutien de ses proches. «J’ai l’aide de ma mère qui veille sur mon fils au quotidien.»
Le plus dur, dit-il, c’est que Mathieu réclame tout le temps sa mère et il se retrouve à lui expliquer à chaque fois qu’elle ne reviendra pas. Ses proches et lui essaient d’encadrer autant que possible le petit et de faire en sorte à ce qu’il ne manque de rien.
Depuis l’accident, Yannick ne cesse de réclamer justice pour la mort atroce qu’a connue sa femme. Il a demandé à plusieurs reprises à rencontrer le chef du gouvernement mais n’a reçu aucune réponse. Sa bataille, il la mène pour son fils. «Je souhaite, notamment, qu’un mémorial soit placé à l’endroit où le terrible drame a eu lieu, mais jusqu’à présent, rien n’a été fait», souligne Yannick. À ce jour, il n’a reçu aucune explication concrète de la part des autorités concernant les circonstances de ce drame. Il a donc intenté un procès aux autorités, avec d’autres familles des victimes, afin que les choses bougent. Il a déjà comparu en cours à cinq reprises pour cette affaire. «Je ne baisserai pas les bras tant que je n’aurai pas des éclaircissements», lance-t-il.
Il est rejoint dans son combat par Jean Paul Marie-Moutou qui a perdu sa femme Ruth, 51 ans, dans l’accident et qui veut plus que tout que justice soit rendue à son épouse. «Je ne souhaite à personne ce que moi j’ai vécu», déclare-t-il avec émotion. Ayant déjà des difficultés à marcher, ce père de famille lutte nuit et jour afin que sa fille Grâce, 11 ans, ne manque de rien. Il s’efforce d’assumer son rôle de père aimant et attentionné malgré le grand chagrin causé par le départ subit de sa femme. Mais ce n’est guère facile au quotidien. «Je vis dans la tristesse et le stress au quotidien», dit Jean Paul qui évite autant que possible de voyager par les autobus Blue Line car il ressent une frayeur énorme.
Helper chez la compagnie Coca-Cola, il essaie de se concentrer sur sa fille et sur ce qu’il doit faire chaque jour pour l’aider à avancer. Ce père qui doit se réveiller très tôt chaque matin pour préparer toutes les affaires de sa fille pour l’école, se fait un devoir d’encadrer la petite, notamment, au niveau de sa scolarité, avec l’aide de sa belle-sœur. «J’essaie aussi de lui inculquer des valeurs essentielles afin qu’elle devienne plus autonome.»
En attendant de savoir ce que l’avenir lui réserve, Jean-Paul continue à lutter pour combler le vide laissé par le départ de sa femme et pour que justice soit faite. Tout comme Yannick qui se bat pour assurer à son fils un avenir décent et rempli d’amour. Mais ils n’oublient pas leur objectif : «Nous attendons toujours que justice soit faite.»
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