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Zahiir Ruhomaun, 17 ans, périt noyé à Alexandra Falls suite aux grosses averses - Mazhar : «Mo sir mo zanfan pe atann mwa dan paradi»

21 mars 2022

Mazhar a vu tous ses projets pour son fils unique s'envoler suite à son décès.

«Limem ti lerwa lakaz, mo lakle trezor. Nou ti koumadir de kamarad. Se komsi mo finn perdi mo de lebra…» Mazhar Ruhomaun, un habitant de Quinze-Cantons, Vacoas, est désemparé depuis le décès tragique de son fils unique Zahiir. Le dimanche 13 mars, l’adolescent de 17 ans s’était rendu à Alexandra Falls accompagné de son cousin et de deux amis ; une sortie qu’ils avaient prévue depuis une semaine. Malheureusement, leur petite escapade a pris une tournure tragique lorsqu’ils ont été surpris par la soudaine montée des eaux, provoquée par les grosses averses. Zahiir Ruhomaun a été emporté par le courant et ce n’est que le lendemain que son corps sans vie a été repêché dans les environs de Bel-Ombre. Une autopsie a attribué son décès à une asphyxie provoquée par la noyade.

 

Des projets, le jeune homme en avait beaucoup. Probablement autant que son père, son confident, en avait pour lui. Cette année, Zahiir Ruhomaun aurait célébré son 18e anniversaire ; un moment qu’il attendait avec impatience. «Une fois majeur, il aurait entamé les démarches pour obtenir son permis de conduire. Il aimait les voitures et savait déjà les conduire. D’ailleurs, il possédait déjà la sienne», avoue son père. L’adolescent, le benjamin d’une fratrie de quatre enfants et unique fils de ses parents, était un enfant gâté. «Tou seki mo ti pe aste ti pou li. Loto ki dan mo lakour ti pou vinn pou limem. Mo ti ena boukou vizion pou li. Li ti enn bon zanfan, li ti tou pou mwa», s’attriste-t-il.

 

Même si Zahiir ambitionnait de devenir coiffeur, son père confie qu’il ne souhaitait pas le voir travailler. «Il n’aurait pas eu besoin d'un métier. Il avait tout : des lopins de terre, une maison. Je voulais qu’il loue la maison que je lui ai offerte plus tard et qu’il vive de l’argent de la location.» Sa famille avait, pour lui, un avenir tout tracé mais le destin en a décidé autrement.

 

Le dimanche 13 mars, Zahiir Ruhomaun avait quitté son domicile dans la matinée. Son ami Farhaan Sumodhee, qui habite la même localité, l’avait rejoint chez lui en attendant que son cousin Zibyaan Ruhomaun et un ami de ce dernier les récupèrent en voiture. «Cette sortie, nous l’avions prévue depuis une semaine. Nous devions initialement être à cinq mais un ami s’est décommandé à la dernière minute», explique Farhaan Sumodhee. «Nous avions l’habitude de faire des randonnées mais c’est la première fois que nous vivons un tel drame.»

 

Au départ, tout s’était pourtant bien passé : «Se kan nou finn desann, nou finn ariv anba, ki lapli finn koumans tonbe. Enn sel kout, lapli inn vinn for ek finn ena loraz.» Ils auraient alors tenté le tout pour le tout afin de remonter mais cela s’est avéré difficile avec la soudaine montée des eaux. Ces images, Farhaan Sumodhee a encore du mal à les ôter de sa tête : «Kot nou ti bizin pase, ti ena gro kouran delo. J’ai vu une branche sur un rocher et j’ai pu m’y agripper pour remonter. C’est avec beaucoup de difficulté que Zibyaan et son ami ont pu s’en sortir mais Zahiir a été emporté par le courant.»

 

Par la suite, l’un d’eux est resté sur place pour essayer de chercher de l’aide au téléphone, pendant que les deux autres sont allés à la recherche de l’adolescent. «La dernière fois que nous avons vu Zahiir, il était sur un rocher, au beau milieu de la cascade. Li ti pe kriye pou dir nou sap li, tir li. Nou finn avoy enn brans me nou pa finn resi. Kouran finn repran li ek li finn disparet.» Faute de réseau, le trio a été contraint de se déplacer afin de pouvoir contacter les secours. Ce n’est qu’au bout de trois heures que ces derniers sont finalement parvenus à les retrouver. «Sa bann panse-la ankor dan mo latet. Mo res tann Zahiir pe kriye nou. Mo pa fini dir mwa ki mo finn trouv mo kamarad ale devan mwa», s’attriste-t-il.

 

Si trois des randonneurs ont pu être localisés au fond du ravin et ramenés en hauteur par les membres du Groupe d’Intervention de la Police mauricienne (GIPM), aidés des pompiers, le même jour, Zahiir Ruhomaun était, lui, toujours porté manquant. Ce n’est que le lendemain, lorsque les recherches se sont poursuivies, que son corps sans vie a été retrouvé dans les parages de Bel-Ombre, soit à 5 km de la cascade. «Rar li sorti. Mo pa finn anpes li. Si mo ti kone ti pou ena lapli, mo ti pou dir li enn lot zour nou ale. Mo pa ti pou avoy mo zanfan laba», pleure Mazhar. Il n’oubliera jamais cette nuit blanche qu’il a passée, à garder l’espoir que son fils serait retrouvé sain et sauf. «Ou kone ki ete sa ki avan mem ou gagn nouvel lamor, dimounn pe vinn demann ou si fini gagn lekor ou zanfan ?» s’insurge-t-il. «Mo zanfan finn kit mwa, me mo sir li pe atann mwa dan paradi.»

 

Si Zahiir Ruhomaun est décédé dans des circonstances tragiques, ce qui a le plus attristé son père, c’est que la police a dû avoir recours à une autopsie. Même s’il s’agit du protocole lors de tels drames, il est d’avis que «bann-la pa ti bizin koup mo garson. Ti bizin ena enn la lwa ki anpes bann zafer koumsa». Il est tout de même reconnaissant d’avoir obtenu le soutien de plusieurs personnes, notamment des membres de l’opposition, durant ce moment difficile. «Se kan ou dan problem ki ou trouve ki sannla ki la pou ou…»

 


 

Akeel Koomar, responsable de Nature Warriors Mauritius : «Un guide peut vous sauver la vie»

 

Un tel drame aurait-il pu être évité ? Lorsque l’on fait face à une soudaine montée des eaux en pleine randonnée, que faut-il faire ? Afin d’éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise, Akeel Koomar, 25 ans, responsable de Nature Warriors Mauritius, qui organise des randonnées et met à disposition des guides certifiés et formés par La Croix Rouge, vous donne quelques conseils pratiques…

 


Comment bien se préparer pour une randonnée ?

 

  • Il faut d’abord consulter les prévisions météorologiques le jour de la randonnée. S’il y a un risque d’inondation soudaine ou de fortes pluies et que la randonnée comporte des risques – si elle a lieu près des cascades, comprend la traversée de rivières ou si l’escalade implique de marcher sur des roches –, le mieux est de la reporter. De plus, lors de fortes averses, évitez de rester près des rivières car le niveau d’eau peut monter en quelques minutes.
  • Ayez toujours un plan B, au cas où l’itinéraire emprunté au départ serait bloqué au retour.
  • Soyez accompagné d’un guide si vous êtes un débutant en randonnée.
  • Gardez une torche, un sac d’hydratation (électrolytes et glucose), un survêtement, une trousse de premiers soins et une couverture avec vous.
  • Chargez toujours votre téléphone à 100 % avant de commencer une randonnée au cas où vous en auriez besoin en urgence pour chercher de l’aide.


La présence d’un guide est-elle toujours nécessaire ?

 

Le guide connaît bien l’itinéraire, le terrain et tous les risques liés à la randonnée.  Il vous fournira des informations concises sur ce qu’il faut faire et ne pas faire. Si vous êtes blessé ou avez besoin d’une assistance médicale, le guide pourra vous prodiguer les premiers soins. Il a toujours un plan B au cas où la randonnée ne se déroulerait pas comme prévu et assurera votre sécurité. Un guide peut vous sauver la vie.

 

Quelles sont les mesures de sécurité à respecter lors d’une randonnée en groupe ?

 

Les principales règles de sécurité sont de toujours rester sur la bonne voie et avec le groupe, en particulier dans les endroits où la connexion mobile est faible. Il est important que le participant ne sorte pas des sentiers battus en essayant d’explorer seul d’autres voies. Un mauvais mouvement peut être risqué et préjudiciable à la vie du participant.

 

Les dangers étant multiples, comment réagir lorsqu’un problème survient ?

 

Si la personne se retrouve dans une situation où il y a une montée subite des eaux, il est très important de trouver un endroit sécurisé et de ne pas bouger. Essayez de contacter les numéros d’urgence ou attendez que la situation soit maîtrisée pour revenir en arrière. Dans le cas où quelqu’un veut explorer un itinéraire, il doit garder des balises de l’itinéraire en mettant du ruban adhésif fluorescent ou des rubans dans les arbres afin de pouvoir retrouver son chemin s’il est perdu.

 

Lorsqu’on n’est pas un habitué de la nature, que faut-il éviter pour ne pas se mettre en danger ?

 

Lorsque quelqu’un n’est pas un habitué des randonnées ou qu’il débute, il est très important de ne pas sortir des sentiers battus. Il faut éviter de s’asseoir près du bord des falaises, de sauter dans les bassins, surtout si vous ne connaissez pas sa profondeur ou si vous ne savez pas nager. Faites beaucoup de recherches sur le lieu avant de vous y rendre pour savoir si vous êtes physiquement apte à faire ce parcours ; la recherche étant en termes de distance, de durée ou de technicité de la randonnée. Surtout, partez toujours avec un guide professionnel.

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