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17 février 2022 15:45
ADAPTATION. Cette pandémie nous a encore une fois montré la capacité d’adaptation de l’être humain face au danger. Tout le monde s’est mis en mode survie pour faire face à la situation, se protéger, protéger sa famille, ses semblables, en prenant des précautions, en faisant des sacrifices. Et moi, j’ai fait pareil pour me protéger et protéger les miens.
PASSION. En tant qu’artiste, c’était triste de voir qu’il n’y avait plus de plateformes, d’espaces, pour que les artistes puissent s’exprimer. La situation n’a pas beaucoup évolué d’ailleurs. La léthargie du gouvernement dans ce domaine me laisse perplexe. Même quand il trouve des façons de débloquer la situation, il y a toujours des délais alor ki dimounn bizin manze ! Malgré tout, c’est un bonheur de voir que toutes ces difficultés n’ont pas tué la passion, la rage des artistes qui ont trouvé des moyens de continuer à faire ce qu’ils aiment. L’art a survécu !
RÉVÉLATION. Et puis, la pandémie a été une révélation sur le plan de la solidarité ! Mo mem, a sak fwa ki monn fer apel a bann dimounn otour mwa, ki li dan mo lantouraz, lor rezo sosio ou lot, zot inn reponn prezan pou donn bann zafer pou dimounn ki ti pe bien bizin ek zot inn kapitaliz lor kalite. Il y avait un grand respect dans la manière de donner. Ça m’a beaucoup interpellé. Il y a eu une générosité et une solidarité extraordinaires de la part des Mauriciens d’un côté mais de l'autre, on a vu une désolidarisation de l’État. Et ça, c’est vraiment regrettable !
NORMALE. Je vois qu’il y a un élan, une envie de revenir à la vie normale, à la vie d’avant, et des efforts allant dans ce sens. Maintenant, il faut voir si ça va fonctionner dans la nouvelle réalité où nous sommes. Prenons l’éducation. Certes, c’est une bonne chose de revenir à l’ancienne formule d’année scolaire. Mais l’école n’est pas une usine où l’on fabrique des produits semblables. Là, tous les enfants doivent refaire une année, alors que certains ont bossé dur pour pouvoir terminer leur syllabus et prendre part à leurs examens. Cette formule est bonne pour ceux qui n’ont pu suivre les cours en ligne ou à la télévision mais qu’en est-il des autres ? Le gouvernement aurait dû s’aligner sur les besoins, le rythme et le développement de tout un chacun et faire les choses en conséquence. Au lieu de ça, il prône une certaine généralité, ce qui n’est pas prudent car il ne tient pas compte de tous ces éléments.
ILLOGIQUE. On retrouve cette façon de gérer incompréhensible et illogique dans plusieurs autres domaines. Quand on voit par exemple comment le gouvernement joue avec la pension des retraités qui n’ont eu leur argent que très tardivement en février, alors que de l’autre côté, il achète un hélicoptère à Rs 1 milliard dont on se demande ce qu’il va nous apporter ou s’il ne va pas finir au garage comme les autres avant lui. Au lieu de dilapider l’argent ainsi, le gouvernement aurait dû l’investir dans le bien-être des citoyens, notamment nos aînés ou encore les personnes qui ont été touchées par les grosses pluies et le cyclone. L’État a annoncé des aides pour plusieurs catégories, dont les planteurs, ce qui est bien. Mais les pêcheurs, eux, n’ont rien eu, alors qu’eux aussi ont subi d’énormes préjudices. C’est une grosse discrimination !
ANESTHÉSIÉS. On a l’impression que les élus, qui semblent avoir toutes les bonnes intentions du monde avant d'être au gouvernement, perdent leur sensibilité, leur capacité à raisonner et à agir intelligemment une fois qu’ils basculent dans le système.
RESSOURCES. La solution pour aller vers une meilleure île Maurice, c’est l’allocation des ressources. C’est-à-dire une bonne utilisation des ressources disponibles aujourd’hui pour le bien du pays et de tous ses habitants sur les court et long termes. Or, que voit-on ici ? Le ministre des Finances fossilise l’argent de l’État dans les drains, dont nous ne savons même pas s’ils vont bénéficier à tout le monde ou s’ils ne vont pas créer plus de problèmes par manque de planification, alor ki dimounn pena dilo ! Ek kan dimounn-la revolte ek reklam so drwa, zot aret li ek fer li sorti lor kosion alor ki se bann policy-makers ki an tor ! A krwar ki nou bann dirizan inn koupe konpletman ek realite ! Enfermés dans leur tour d’ivoire, ils sont anesthésiés, chloroformés et ils ne voient plus les besoins de la population.
INCOMPÉTENCE. Toutes ces inepties, toute cette incompétence, toute cette mauvaise gestion au sommet de l’État, portent un sale coup aux lueurs d’espoir des Mauriciens. Heureusement que malgré tout, notre peuple continue d’espérer en des jours meilleurs. Il est résilient et c’est ce qui fait sa force. Mais il n’est pas dupe. Et surtout, il est terriblement triste quand il voit toutes ces choses qui se passent, la dernière étant le bulletin de la circonscription no 1 retrouvé lors du recount au no 19, en plus des 73 bulletins de vote manquants.
ACTIVISTES. Ce qu’on peut tirer de positif de tout ce qui se passe depuis deux ans, entre la pandémie, la mauvaise gestion du gouvernement, les scandales et autres, c’est que, quand il y a trop de pressions et de répressions, cela favorise l’émergence d’une floraison d’activistes sociaux mille fois plus tenaces et forts. Et on voit bien la grande solidarité des plateformes extraparlementaires citoyennes. Le système est en train de semer sa propre destruction.
DÉBATS. Au coeur de cette extraordinaire floraison sociale, il y a aussi les réseaux sociaux qui suscitent souvent des débats de qualité, des commentaires intelligents et poussent à une vraie réflexion sur l’état de notre société mais aussi sur les solutions à proposer. C’est une formidable résilience qui prend forme dans le combat contre la répression !
ÉLECTIONS. Maintenant, tout est entre les mains des citoyens qui doivent faire les bons choix au moment des élections. On doit tirer des leçons de tout ce qu’on a vécu et choisir les meilleures personnes pour nous représenter au Parlement. Nous devons voter en nous basant sur le profil et les actions des candidats et non voter bloc pour un parti ou un autre ! Le gouvernement, lui, est en train de serrer l’étau encore et encore, me sa pou fini par eklat dan so figir.
LIBERTÉ, RÉSILIENCE. Il y en a, heureusement ! Déjà, il y a cet attachement du Mauricien à sa liberté qui s’est fait voir très concrètement ces dernières années et continuera à se faire voir, j’en suis sûr, dans le futur. Nous voyons aussi la résilience du Mauricien face aux épreuves. Li kontinie manz ar li ! Li pasian ek intelizan. Ek li konn donn klak ousi kan bizin, kouma kan ena eleksyon. Les candidats du gouvernement et de l’opposition – tousala mem zafer – doivent faire bien attention lors des prochaines élections, y compris quand ils iront sur le terrain !
FLAMME. Une autre belle lueur d’espoir, c’est tous ces artistes qui, malgré toutes les difficultés, continuent à travailler et à produire de très belles choses. La flamme artistique ne s’éteint pas et c'est tant mieux !
Enseignant de Life Skills et de Social Modern Studies au collège La Confiance, je viens de reprendre avec plaisir le travail en présentiel. Sinon, j’ai en perspective la sortie de mon épopée de poésie, que je n’ai pas encore nommée, et aussi celle de mon prochain album, Gryo, qui est au stade de mixage et où, encore une fois, j’essaie de dire les choses de manière poétique sur des notes de jazz, de séga, de blues et d’autres styles musicaux. À côté, je suis toujours très engagé dans le social, surtout dans mon village à Tamarin. Et pour les prochaines législatives, je serai peut-être encore une fois candidat indépendant comme la dernière fois. Je n’ai pas encore pris de décision. Je dois auparavant essayer de sonder le peuple, d’évaluer le poids de ma présence auprès de lui. Je suis aussi marié et papa de deux garçons de 21 et 18 ans.
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