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27 janvier 2025 15:29
Alors qu’elle pensait ne plus pouvoir affronter la vie, qu’elle n’avait plus ni la force ni le courage de se relever, Anastazia Perle a su trouver, à travers sa foi en Dieu, l’envie de continuer à vivre. Elle nous raconte avec émotion son histoire et ce qui l’a motivée à en parler dans un livre.
Elle est toute menue et sa voix laisse deviner chez elle une certaine fragilité. Plutôt timide, sa gentillesse saute aux yeux et son sourire est capable d’illuminer toute une pièce. Cependant, derrière ce beau sourire qu’est le sien se cache une grande blessure, une histoire douloureuse et bouleversante, un drame qui a chamboulé sa vie à jamais. Une vie marquée par la tragédie, mais faite aussi de courage, de résilience, d’amour et d’une foi inébranlable.
Anastazia Perle, âgée de 28 ans aujourd’hui, a récemment publié son premier livre. Dans Tu as une destinée, elle parle de sa vie qui a basculé lorsque son père a mortellement poignardé sa maman Dorine Phokeerdass, alors âgée de 49 ans, en 2020. Un événement tragique qui a brisé sa famille et la jeune fille qu’elle était alors. Partager son histoire, mais surtout parler de sa rencontre avec Dieu et de comment sa foi l’a aidée à se relever pour avancer dans la vie était pour elle une évidence. «Ce livre est une fenêtre ouverte sur mon histoire, un témoignage puissant de transformation divine. Il illustre comment Dieu peut changer des vies, même lorsque tout semble perdu. À travers cet ouvrage, je veux rappeler à chacun qu’il existe une destinée glorieuse et merveilleuse pour chaque vie.»
La vie, confie la jeune femme, ne lui a jamais fait de cadeaux. Pour ses frères, sœurs et elle, les jours étaient souvent difficiles à cause de la situation financière de la famille. Cela faisait des années que Dorine était mariée à l'homme avec qui elle a eu 11 enfants, soit sept filles et quatre garçons. À la maison, la vie familiale n’était jamais facile. Elle était faite de violence et d’injures, de coups et de menaces, et la peur et l’anxiété faisaient partie du quotidien. «Des fois, on mangeait les restes qui étaient dans le frigo ou alors, on se réveillait le matin et il n’y avait aucune nourriture, mais le soir, on mangeait toujours parce que Dieu ne laisse jamais ses enfants tomber», se souvient Anastazia Perle. Malgré cette situation précaire, dit-elle, frères et sœurs étaient heureux d’être ensemble et se contentaient de peu.
Coups et insultes
Hardworker, la mère de famille, qui cumulait plusieurs boulots, s’accrochait malgré tout pour le bien de ses enfants. Citoyenne engagée, elle avait même intégré le Parti Kreol Morisien et avait participé aux élections dans la circonscription no 16 (Curepipe–Midlands). Décrite comme une battante, Dorine Phokeerdass avait finalement trouvé le courage de quitter le toit conjugal et de refaire sa vie après avoir enduré des années de souffrance. Un bonheur retrouvé qui n’a pourtant pas duré longtemps car lors d’une bagarre qui a éclaté entre son ex-époux, alors âgé de 56 ans, et son compagnon, Dorine Phokeerdass, qui tentait de s’interposer, a été mortellement poignardée.
Pour Anastazia et ses frères et sœurs, le choc est brutal. «Nous avons perdu notre mère dans des circonstances tragiques. Elle a été poignardée. Je n’avais plus de mère. Mon papa était enfermé. Je voulais me réveiller de ce cauchemar. En voyant les policiers, les journalistes, j’ai compris que je ne dormais pas. Les faits étaient réels.» Dans sa tête, tout se bouscule et les mêmes questions tournent en boucle. «Pourquoi moi ? Pourquoi nous ?» Face à la souffrance engendrée par cette tragédie, Anastazia perd pied. La réalité est cruelle et la vérité difficile à regarder en face. «Je n’avais plus la force de me battre. J’avais au fond de moi ce sentiment d’impuissance et ce manque. Je détestais voir mes frères et sœurs que j’aime tant souffrir de cette façon.»
Alors qu’elle se débat avec la souffrance causée par la mort tragique de sa mère, Anastazia Perle doit au même moment faire face à la fin de son propre mariage. Un autre épisode difficile qui alourdit le fardeau qui pèse sur ses frêles épaules. Brisée, déboussolée et épuisée, elle ne voit plus la lumière au bout du tunnel et veut tout abandonner. «Je ne voulais plus vivre, je voulais tout abandonner parce que dans ces moments-là, tu ne sais plus ce que tu ressens, parce qu’il n’y a pas de mot pour expliquer cette souffrance. Je ne vivais pas, c’était comme vivre sous respiration artificielle. J’étais là sans être là. Je me cachais dans la salle de bains pour pleurer. Devant mes frères et sœurs, je devais être forte afin qu’ils ne ressentent pas la douleur au fond de moi, parce qu’ils devaient, eux aussi, être consolés et restaurés de cette perte.»
Au milieu de ce cauchemar, de ce tourbillon de malheurs, Anastazia va pourtant trouver la force de se relever et d’avancer dans la vie. Son salut, confie la jeune femme, elle le doit à sa rencontre avec Dieu. C’est lui, affirme-t-elle, qui l’a sauvée. «Un jour, alors que j’étais au plus bas et que je priais à genoux, implorant le Seigneur de me prendre, j’ai ressenti sa présence et son amour pour moi. J’étais en larmes. C’est comme s'il avait un message pour moi et m’avait transmis la force de me relever. Je ne peux m’empêcher de parler de lui, car il a été ma force quotidienne. Même lorsque mon cœur et mon corps refusaient de coopérer, il m’a soutenue, relevée et guidée.»
Une foi à toute épreuve
Raconter son histoire et parler de sa rencontre avec Dieu dans un livre a été pour Anastazia une démarche personnelle sur son chemin de guérison et de pardon. «Avoir foi en Dieu au milieu de l’épreuve n’est pas facile, mais je me suis accrochée à lui de toutes mes forces. J’ai gardé une foi inébranlable, car je savais qu’il ne m’abandonnerait jamais. Ce livre en est la preuve vivante. Je ne souhaite à personne de vivre ce que j’ai traversé. Mon courage ne vient que de Dieu. Lui seul m’a donné la force d’écrire chaque mot de ce livre et d’ouvrir mon cœur, même sur les blessures les plus profondes. Sans l’aide de Dieu, je n’y serais jamais parvenue. Il a été ma force et mon refuge à chaque étape.»
Si sa foi lui a permis de retrouver l’envie de vivre, elle l’a surtout aidée à guérir de certaines blessures. Et pour Anastazia, la reconstruction est passée par le pardon. «J’ai pardonné à travers la prière. Je suis même allée voir la personne qui a tué ma mère en prison. Dieu a guéri mon cœur et mon âme après cette immense perte familiale. Aujourd’hui, je regarde mon père avec les yeux de Jésus, remplie de pardon et de compassion. Désormais, je regarde vers l’avenir avec confiance, sachant que Dieu a prévu de belles choses pour ma vie et ma famille.»
Ce livre, c’est aussi un témoignage de force, de courage et d’amour pour ceux qui restent et qui doivent affronter seuls le tourment causé par un tel drame. Dans les moments les plus sombres, Anastazia a su trouver le chemin vers la lumière. Aujourd’hui, en partageant son histoire, elle veut incarner un exemple. «En parler était important parce que trop de personnes, notamment les jeunes, traversent des épreuves similaires et pensent que tout est fini. À travers ce livre, je veux leur dire qu’il y a toujours une issue, une lumière, que leur destinée ne s’arrête pas face aux tempêtes de la vie.» Elle est, elle-même, la preuve qu’il y a toujours la lumière au bout du tunnel.
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