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25 octobre 2025 13:23
L'organisation place la santé mentale au cœur de son accompagnement des jeunes en rupture scolaire. Une étude a récemment été menée pour mieux comprendre leurs besoins et émotions, donnant naissance à un projet participatif où les adolescents deviennent acteurs de leur bien-être et sensibilisent leur communauté à l’importance de la santé mentale.
Agir, être au cœur du changement et créer un impact durable. ANFEN (Adolescent Non Formal Education Network) œuvre depuis plusieurs années dans le domaine de l’éducation non formelle à Maurice. Avec ses 21 centres à travers l’île, dont trois à Rodrigues, ils sont près d’un millier d’adolescents âgés de 11 à 18 ans, ayant quitté prématurément le système scolaire traditionnel, à retrouver confiance en eux-mêmes et de nouvelles perspectives d’avenir. Avec une approche priorisant le psychosocial, le pédagogique et l’employabilité, ANFEN souhaite offrir une seconde chance éducative à ces jeunes.
Pour aller encore plus loin dans son engagement, ANFEN a mené fin 2024 un projet consacré à la santé mentale des jeunes en rupture scolaire, un élément indissociable du développement global des jeunes qui sont confrontés à la précarité, l’échec scolaire et l’isolement et qui détermine leur bien-être émotionnel, leur apprentissage et leur capacité à s’insérer dans la société.

Et puisque la santé mentale reste aujourd’hui encore un sujet tabou malgré son importance, il était important, explique Saminta Arjoon, Psychosocial Lead chez ANFEN, de pouvoir ouvrir le dialogue et donner la parole aux jeunes eux-mêmes. «Au fil de nos rencontres avec les équipes et des retours venant du terrain, nous avons voulu mieux cerner les difficultés des jeunes et mieux les accompagner. C’est ainsi que l’idée est née de donner directement la parole aux jeunes. Le domaine de la santé mentale reste encore largement tabou et peu de données sont disponibles. Nous avons souhaité également mener un plaidoyer pour que ces questions soient comprises comme indispensables à l’apprentissage. Nous avons voulu comprendre, à partir de leurs vécus, ce qu’ils traversent, comment ils perçoivent leur santé mentale et quelles formes de soutien leur seraient les plus pertinentes. Nous avons voulu tester l’approche participative pour changer la dynamique.»
En effet, cette étude a permis de mieux comprendre leurs perceptions, leurs émotions et leurs besoins psychosociaux. Cette initiative, intitulée «La santé mentale avec et selon les jeunes», s’appuie sur une étude menée auprès de 92 adolescents issus de 17 centres à Maurice et à Rodrigues. Un projet, souligne Saminta Arjoon, qui s’inscrit pleinement dans la mission d’ANFEN, qui œuvre pour l’inclusion, l’autonomie, l’employabilité et le développement global des jeunes en situation de vulnérabilité.
Équilibre personnel
L’enquête a ainsi révélé la capacité des jeunes à parler de leurs émotions, leur empathie envers leurs camarades, leur résilience et leur souhait d’être davantage écoutés et impliqués. C’est donc sur cette base qu’ANFEN a lancé en janvier 2025 la Phase 1 du «Projet Santé Mentale Jeunes» qui a vu la participation de 12 centres à travers la formation de 60 ambassadeurs de la santé mentale chargés de briser les tabous, encourager le dialogue et créer des actions autour du bien-être. Cette première phase a été un point de départ car depuis ANFEN s’appuie sur ces données pour renforcer la participation active des adolescents au sein de leurs centres pour «permettre à chaque jeune de se reconstruire, de reprendre confiance, de trouver sa place et, surtout, de réussir.»
Aujourd’hui, plus que jamais, le bien-être psychosocial des jeunes est au cœur des actions de l'organisation. «On ne peut pas parler de santé mentale et bien-être des jeunes sans les consulter ni les impliquer à la recherche de solutions. Trop souvent, nous, les adultes, prenons les décisions et mettons en place des stratégies sans les concerter. Les programmes sont souvent pensés pour eux, et non avec eux. En impliquant les jeunes, nous avons voulu renverser cette logique. Ainsi, l’étude a permis d’obtenir des résultats plus authentiques et concrets : les jeunes deviennent ainsi acteurs de leur propre bien-être. À partir de ces résultats, nous avons poursuivi la réflexion sur la structuration du département psychosocial, afin d’adapter davantage nos services et mieux répondre à leurs besoins», souligne notre interlocutrice.
Ce qui l’a le plus marquée, souligne Saminta Arjoon, lors de cette enquête, c’est la lucidité avec laquelle les jeunes ont su répondre. «Leurs témoignages sont d’une maturité impressionnante. Ils font preuve d’une grande capacité d’observation et de compréhension de leur environnement, ainsi que d’une réelle empathie envers les autres, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Beaucoup expriment un sentiment d’invisibilité, mais aussi une forte envie de s’en sortir, de retrouver un cadre et du sens à leur parcours. Selon eux, la famille et les pairs sont les deux sources principales pouvant influencer leur bien-être ou, au contraire, leur mal-être psychosocial. Les jeunes nous rappellent à quel point ces deux éléments peuvent être à la fois des facteurs de protection et des facteurs de risque pour leur santé mentale et leur équilibre personnel.»
Au-delà de l’accompagnement individuel, le projet contribue aux objectifs de développement durable : promouvoir la santé et le bien-être et garantir une éducation inclusive et de qualité. Impliquer les jeunes dans la conception des actions autour de la santé mentale est une clé pour leur réussite et leur intégration sociale, faisant de ces adolescents de véritables acteurs de changement. Une Phase 2, prévue en 2026, intitulée «La Parole aux Jeunes : Santé Mentale et Espoir», donnera suite à cette démarche à travers la production de six courtes vidéos mettant en lumière les témoignages et créations des jeunes ambassadeurs. Ces vidéos serviront d’outil de sensibilisation et de plaidoyer auprès des écoles, ONG, décideurs et du grand public mauricien. ANFEN est actuellement à la recherche de financements pour soutenir cette initiative et invite le public à y contribuer via la plateforme www.smallstepmatters.org. Vous pouvez participer à cette action en faisant un don et en aidant les jeunes à prendre en main leur bien-être.
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