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27 mars 2016 15:41
Lachauve-souris est au cœur de l’actualité. Non seulement parce qu’elle est accusée de causer bien des black-out,mais aussi et surtout parce que son représentant le plus humain, le bien nommé Batman, a décidé de foutre une bez au baraqué Superman. Eh oui, Batman vs Superman : l’aube de la justice est dans nos salles depuis mercredi, précédé d’une campagne marketing qui a donné des frissons à beaucoup.
Or, à l’arrivée, le film de Zack Snyder (le monsieur «adaptation de comic book»du moment à Hollywood pour avoir réalisé 300, Watchmen et Man of Steel) a été plutôt critiqué, surtout aux USA, mais aussi chez nous avec des commentaires comportant les mots «déçu», «trop sombre», «trop»ceci, «pas assez» cela. Bref, le film surprend, divise, passionne. Mais quand on regarde le combat du siècle de plus près, il y a quand même pas mal à apprécier dans ce long-métrage…
Nous n’allons pas crier non plus au chef-d’œuvre. Snyder n’est pas de la trempe d’un George Miller, d’un Peter Jackson ou d’un James Cameron. Il l’a prouvé dans ses précédents films, avec son style froid, extrêmement visuel au détriment de l’émotion, avec des ralentis parfois grossiers. Ça ne change pas dans Batman vs Superman qui porte finalement bien la patte du cinéaste, que l’on aime son style ou pas.
Une chose finalement assez rare, surtout si l’on regarde du côté de l’écurie Marvel avec son Age of Ultron fouillis, conventionnel, léger, qui donne l’impression d’un dol purioù le gros pois dégouline de partout. Snyder ne veut aucunement d’un film lisse et lumineux. Chez DC Comics, ce sera des films sombres. Et sombre, Batman vs Superman l’est, avec un ton qui ne se prête pas à l’humour et un duo de personnages qui se questionnent, qui doutent.
Dans Batman vs Superman,Bruce Wayne/Batman (Ben Affleck, tendu, plutôt intense quoi !), est vieillissant, a connu des traumatismes, a des obsessions et n’hésite pas à faire feu et à utiliser la violence. Snyder ne va pas chercher du côté de Nolan (arrêtez de comparer, c’est pas pareil), mais plus du côté des œuvres de Frank Miller.
Clark Kent/Superman a aussi des soucis dans la tête, il se questionne sur sa place sur terre, sur son pouvoir, sur ce qu’il peut apporter ou détruire, d’autant que Lex Luthor (Jesse Eisenberg, dans une prestation un peu fo-folle) ne l’aide pas. Le long-métrage tourne beaucoup autour de ses réflexions (on y notera aussi le caractère mythologique des événements), nous parlant même dans sa conclusion du monde d’aujourd’hui, de la peur, des différences, sujets on ne peut plus d’actualité.
Du coup, le film, finalement pessimiste, sort plutôt des sentiers battus des blockbusters sans âme d’usage (en plus de son style visuel très prononcé), tout en respectant le cahier des charges que l’on peut attendre d’un film aussi cher.
Pour ce qui est du combat tant attendu lui-même, Snyder a opté pour quelque chose de brutal et de tellement sérieux qu’on a l’impression que c’est plus violent que le film Deadpool ! Le face-à-face se veut réaliste (les grosses destructions massives viendront après), où le réalisateur semble appuyer sur le choc entre l’humain et le divin (encore de la mythologie !), et cela pourrait décevoir ceux qui s’attendaient à un combat qui dure 2h30. N’empêche, on a notre lot de plans iconiques, avec des personnages perdus, confus, ce qui ajoute à la noirceur de l’affrontement lui-même, comme dans les comics tiens !
Justement, ce Batman vs Superman s’inspire principalement des comic books et quasiment pas des précédents films DC (mis à part Man of Steel, premier venu de ce nouvel univers DC). Aucun doute que les fans de Frank Miller ou Dan Jurgens seront en terrain connu, nous amenant à ce que Batman vs Superman est avant tout : la mise en place d’un univers. Tout au long des 2h30 du film, on trouvera donc plusieurs arcs narratifs (on va se taire pour ne pas spoil) qui seront, on l’espère, utilisés pour d’autres films de l’univers DC, en plus de l’introduction aux nouveaux Batman et Wonder-Woman, et au clin d’œil bien jouissif au prochain Justice League que réalisera Snyder.
Pensons maintenant et finalement à ceux qui ne savent rien de DC et qui sont venus pour se divertir : pour le spectacle purement visuel, vous en aurez pour votre argent. Avec notamment un final (contre Doomsday, à l’origine infidèle aux comics)où tout explose, au sens propre, à coups d’ondes de choc, de balles et autres bombes atomiques, où le personnage de Wonder-Woman est dépoussiéré en quelques plans et sa musique tribale tonitruante (finalement, Gal Gadot est très bien dans le rôle !), où la batmobile est introduite dans une scène qui ravira les fans du jeu vidéo Arkham Knight !
Mauvais ? Bon ? Juste un face-à-face d’une noirceur contrôlée, prétexte à la mise en place d’un univers comic book sombre, avec des personnages tout en nuances, porté par une patte visuelle qui lui est propre et des destructions massives qui donnent l’impression que la prochaine guerre civile de Marvel se fera dans une cour de récré. Pas parfait, mais en tout cas follement audacieux. Rien que pour ça, c’est déjà plus que pas mal.
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