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31 mars 2014 20:35
Bhai Aboo ! Le titre d’un tube, mais aussi le nom d’une exposition, celle qui se tiendra du 1er au 30 avril, au Blue Penny Museum. L’événement a pour but de retracer les 50 ans de carrière de Claudio Veeraragoo qui, le 1er avril, fêtera son 67e anniversaire. Les premiers instruments de musique de l’artiste, ses premiers 45 tours et des photos de l’époque, entre autres, seront exposés. D’ici là, le chanteur nous propose un voyage dans le temps.
C’est peu après le cyclone Carole, alors qu’il vit dans la pauvreté, que l’adolescent qu’il est découvre la musique. «Je devais avoir 15 ans. Je fréquentais le collège Trinity. Là-bas, on cherchait des élèves pour l’animation d’une Prize Giving Ceremony. J’ai intégré un orchestre et j’ai appris à jouer de l’accordéon. Peu de temps après, j’ai créé mon premier groupe, l’Amla Band», se souvient Claudio Veeraragoo.
Mais la mort de sa mère l’oblige à travailler. Il se lance alors dans une carrière dans le domaine de l’imprimerie. Mais il n’abandonne pas la musique pour autant : «Dans les années 60, mon groupe gagnait en popularité en reprenant des chansons de Mukesh et Raj Kapoor. Je me rappelle qu’on se voyait souvent au jardin de la Compagnie pour écouter et répéter ces morceaux», explique ce père de cinq enfants et grand-père de six petits-enfants.
Une voie qui le mène tout naturellement vers la composition. À la fin des années 60, sa rencontre avec les gars du magasin Damoo lui permettra d’enregistrer ses premiers 45 tours, avec des titres comme Li zoli sa marmaille là et Nou mange nou larak.
En 1969, c’est au tour du tube Ambalaba de se dévoiler. Le succès est immédiat. Par la suite, Claudio Veeraragoo met sur pied le Satanic Group et monte son studio à Grande-Rivière. Il y enregistre plusieurs titres d’autres artistes, dont Georgie Joe et Jean-Claude Gaspard. À la fin des 70, Bhai Aboo, un autre gros succès, voit le jour.
Des années plus tard, plus précisément en 1989, Maxime Le Forestier reprend le morceau Ambalaba et Claudio Veeraragoo est sollicité sur la scène internationale. Il découvre alors l’Allemagne, la Hollande, l’Europe quoi. En 2002, c’est au tour de Shaan de reprendre une de ses compositions, à savoir Mera Dil Laile.
Des titres, Claudio Veeraragoo en a plein à son actif. Mais d’où puise-t-il son inspiration ? «Je ne sais pas trop. Au fait, j’ai toujours un peu parlé des choses de la vie de tous les jours. Et puis, je trouve des mélodies que j’estime accrocheuses et satisfaisantes», explique l’inventeur du terme kata kata, souriant, du fait que les politiciens adorent l’utiliser.
L’artiste est aussi un féru de lecture. Il apprécie particulièrement les livres sacrés comme la Bible ou le Coran. En 2012, il a sorti son dernier album, Ambiance Nou Zil. Depuis, il a pris du recul. L’occasion pour lui de faire un constat du séga d’aujourd’hui. «Je dirais que beaucoup de gens que j’ai rencontrés m’ont avoué que le séga est devenu trop érotique et que c’est une musique qui n’a plus la même valeur d’antan. Je trouve cela dommage», dit-il avec un peu d’amertume dans la voix.
Eh oui, il est loin le temps de Bhai Aboo…
Avec sa famille de cinq enfants et ses 45 tours qui datent de plus de 40 ans, c'est un chanteur comblé.
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