Un nouveau spectacle chez nous… En quoi celui-ci est-il différent des autres ?
Le nouveau spectacle qui sera présenté le 2 mars au Caudan diffère dans le sens où ces trois spectacles forment en fait une espèce de triptyque. Il y a eu Confluences en 2020, qui retraçait les différentes strates de la colonisation et de l’esclavage à Maurice ainsi que la vie des différentes communautés ensemble. Donc, c’était, si on peut dire, historique et dramatique à la fois.
Le deuxième spectacle, donné l’année passée et qui s’intitulait Sea of Love, relatait l’histoire des naufrages qu’il y a eus à Maurice, de celui de Paul et Virginie à celui du Wakashio, qui était lui, extrêmement dramatique et très contemporain. Puis, cette année, il y a le spectacle Tou korek qui, déjà, par son titre, montre que tout va de mieux en mieux. Il est basé sur la communication courte, et non verbale, c’est-à-dire les interjections dans le créole mauricien, les attitudes corporelles, les gestes pour dire bonjour, etc...
Justement, quel souvenir gardez-vous de «Confluences» ?
Je garde un excellent souvenir de Confluences, d’abord parce que ce fut ma première expérience de créer un grand spectacle à Maurice. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré la plupart des musiciens avec lesquels je travaille depuis ces deux derniers spectacles et fait l’expérience de l’accueil du public qui fut extrêmement chaleureux (tout comme pour Sea of Love qui a peut-être eu encore plus de succès.)
Confluences était pour moi l’occasion d’entrer profondément dans l’histoire de Maurice puisque je suis allé chercher des vieux documents dans les archives de Port-Louis, dont certains textes ont été mis en musique ou parcouraient le spectacle à travers la voix de Jean-Jacques Arjoon.
À quoi s’attendre sur scène pour «Tou korek» ?
Comme pour les autres spectacles, j’invite le public à parcourir un voyage musical, onirique, qui est également un petit scénario de la vie des Mauriciens de tous les jours. Il y aura des compositions plutôt jazz de ma part, mais dans l’esprit des rythmes mauriciens, quelques anciennes chansons mauriciennes que j’ai arrangées pour l’orchestre et un danseur qui évoque justement les attitudes corporelles signifiant le contact ou l’appel. Et aussi pour évoquer quelques mots créoles, criés au marché, pour vendre de la nourriture ou de la poudre contre les cafards, etc… Tout ceci mis en rap par l’excellent LionKlash.
Parlez-nous du choix des musiciens pour ce prochain projet musical…
Les musiciens que j’ai choisis sont les meilleurs jazzmen de Maurice : Philippe Thomas, Samuel Laval, Kersley Pytanbar, Christophe Bertin. Il y a aussi les joueurs de ravanne Kurwin Castel et le jeune Loïc, et le joueur de mridangam Khughen pour la couleur des rythmes indiens. Puis, il y a le danseur Miguel, le conteur et poète Jean-Jacques Arjoon. Et moi-même au piano, compos et arrangements.
Peut-on dire qu’entre Maurice et vous, c’est une histoire d’amour ?
C’est la cinquième fois que je viens à Maurice et la quatrième pour faire de la musique. Et on peut dire, en effet, que c’est une histoire d’amour entre l’île et moi tant par le plaisir que j’ai à rencontrer les gens qu’à jouer avec eux, en passant par la cuisine du terroir et les couleurs inoubliables des ciels mauriciens.
Quelle sera votre actu après le concert du 2 mars ?
J’habite Lausanne en Suisse, mais comme je voyage beaucoup, j’ai aussi quelques petits pied-à-terre à Istanbul ou à Bangkok, par exemple, où je me rends pour composer ou faire des projets avec des musiciens locaux en Turquie, en Asie. Ce que je fais aussi en Suisse, bien sûr. J’avais un groupe de sept pianos à queue qui a voyagé pendant 30 ans à travers le monde, qui s’appelait Piano Seven, et maintenant, j’ai monté un autre projet avec quatre Steinway, trois claviers électriques, une batterie techno, une trompette électro, qui s’appelle Piano Quattro + électro. C’est sur ce projet que je me concentre pour un proche avenir.
Billets à Rs 600, 800 et Rs 1200 en vente au Caudan Arts Centre et sur caudanartscentre.com