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Quand Abaim renconte «Li té Ve War»

30 mars 2015

Mardi dernier, il y avait de la timidité jusqu’à ce que la musique se fasse entendre. Enfants, adultes, artistes sont entrés dans la danse.

Evan, 12 ans, dessine sur un petit tableau. Comme près d’une centaine de petits Réunionnais, l’enfant fait partie de la troupe qui fait le tour de l’océan Indien pour le spectacle Li Té Ve War (Elle voulait voir, en kreol réunionnais). Celui-ci, joué chez nous au J&J Auditorium, à Phoenix, hier soir, s’articule autour de l’histoire d’une jeune fille qui se questionne sur ses origines. Il réunit des artistes comme Davy Sicard de La Réunion, Patrick Victor des Seychelles, Jaojoby Eusèbe de Madagascar, et Linzy Bacbotte-Raya de Maurice.

 

À côté du petit Réunionnais, on retrouve justement la fille de notre Linzy national, Solena. Mauriciens et Réunionnais, main dans la main, c’est un peu de cela que parle Li Té Ve War. D’où la bonne idée de l’équipe de faire plusieurs activités en marge du spectacle. Notamment une exposition sur les instruments des îles et un échange entre les enfants de la troupe Amadeus, qui les a recrutés un peu partout à travers l’île sœur, et ceux du groupe Abaim, mardi dernier.

 

Nous sommes au centre Abaim à Beau-Bassin et les enfants des deux îles se font face, un peu timides, même s’ils affichent des petits sourires et font un boucan pas possible. Les accompagnateurs papotent entre eux, les adultes posent des questions. Puis, tous entrent dans la grande salle. 

 

Marousia Bouvéry, qui gère le centre Abaim, brise la glace en invitant toutes les parties concernées à se présenter. Abaim raconte un peu Abaim. Les petits sont toujours un peu timides. Evan sourit, rien de plus. Mais dès que la musique résonne, tout change. Les petits Réunionnais s’installent devant le micro avec Davy Sicard et les petits Mauriciens écarquillent les yeux face à cette prestation intense. Naisha, une Malgache de 14 ans vivant à La Réunion et personnage principal du spectacle, fait sensation. Estelle, du groupe Abaim, est séduite : «Je suis impressionnée par cet ensemble de voix.» 

 

La glace se fissure un peu. Le sourire d'Evan s'élargit. Place aux ravanes. Abaim présente, en avant première, sa prochaine production, une comédie musicale intitulée Ti zan ar so 8 frer. Un tableau qui brise définitivement la glace. C’est à travers la musique que les langues se délient, que les enfants se lèvent pour se mélanger, comme quand le Seychellois Patrick Victor chante Koste Pep Locéan Indien, repris par tous, Réunionnais et Mauriciens. Et c’est la danse, c’est le mélange encore une fois, c’est le métissage tel que l’on veut qu’il soit, dans la vie comme dans le spectacle.

 

Car c’est bien cela Li Té Ve War, comme le soulignera Linzy Bacbotte devant la salle remplie de jeunes fatigués : «Soyez fiers de vos origines. Croyez en vous. Vous avez le droit de réaliser vos rêves, vous avez le droit de connaître votre vraie valeur. Rencontrez les autres îles et partagez.» 

 

Le partage, il était bel et bien là mardi dernier…

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