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21 décembre 2014 02:37
Voilà un film qui s’est fait attendre. Après plusieurs présentations dans des festivals à travers le monde, notamment au Festival international du film francophone de Namur, en Belgique, et au Festival international du film d’Afrique et des îles à La Réunion, cette coproduction Maurice-Réunion a atterri chez nous le temps d’une soirée. Quelques chanceux ont enfin pu découvrir le long-métrage de David Constantin, Lonbraz Kann, projeté jeudi dernier au cinéma Star de Bagatelle.
Le projet a pu aboutir grâce au financement de plusieurs organisations (40 000 euros de l’Organisation internationale de la francophonie, à travers son Fonds d’aide à la production audiovisuelle du Sud, et 193 000 euros du programme ACPCulture +, mis en œuvre par le Groupe des États ACP et financé par l’Union européenne, entre autres).
L’histoire de Lombraz Kann se déroule autour de la fermeture d’une usine sucrière à Nouvelle-Découverte.Une mystérieuse jeune femme et son époux viennent s’installer dans le village au moment où les employés vont se retrouver au chômage. Le film sera projeté début 2015 pour le grand public. En attendant, voici quatre bonnes raisons d’aller le voir.
Parce qu’il sonne juste : Bissoon le vieillard qui n’a plus toute sa tête, Marco l’homme tendu, le boutiquier, la jeune femme indienne soumise… ce film nous propose autant de regards sur notre société. Tout sonne juste : les dialogues en kreol dits avec naturel, les tensions intercommunautaires propres au pays, les problèmes de hiérarchie sociale. On a rarement vu une vitrine aussi réaliste de notre pays dans une production cinématographique locale.
Parce que les acteurs sont talentueux : Le casting réunit toutes les composantes de la société mauricienne. Mais surtout, les acteurs, dont beaucoup jouent pour la première fois, sont très bien dirigés. Ils semblent réellement habités par la tristesse, la grâce ou la colère. Après la projection, plusieurs spectateurs ont affirmé qu’ils n’en revenaient pas. La preuve que le coaching de David Constantin et de l’actrice Marie Raynal a porté ses fruits.
Parce qu’il parle de notre histoire : Dans quelques années, on verra ce long-métrage du réalisateur de Bisanvil et d’autres courts métrages, comme le testament de la fin d’une période de notre histoire, avec la fermeture des usines sucrières qui a provoqué bien des tragédies sociales au nom du progrès.
Parce que même si on ne connaît pas le contexte, on le trouvera beau : Et si on se mettait maintenant dans la peau de quelqu’un qui ne connaît rien de l’histoire du secteur sucrier et qui va quand même voir le film ? Qu’importe, devant les acteurs savamment dirigés, devenant ainsi des personnages mémorables, plusieurs plans magnifiques, une belle intensité dramatique et les enjeux humains forts du récit, il saluera quand même Lonbraz Kann.
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