Au coeur de la plus grande bataille d’eau du monde

Du 12 au 15 avril, des milliers de personnes se sont rassemblées sur les routes en Thaïlande pour participer à la plus grande fête aquatique du monde. Durant les jours écoulés, le pays a ainsi vibré avec le festival du Songkran qui est également connu comme la Fête de l’Eau. Car, lors de cette célébration, les Thaïlandais aspergent d’eau les Bouddhas avec respect, mais également leurs amis, cela dans une bonne ambiance. Coup de projecteur sur un festival qui, cette année, symbolisait une parenthèse de positivité quelques semaines après le terrible tremblement de terre qui avait secoué et endeuillé le pays...

«Il faut noyer la peur»... Une phrase qui a résonné dans bien des coeurs le temps d'un festival pas comme les autres en Thaïlande. Car bien que le pays ait vibré pendant quatre jours, du samedi 12 au mardi 15 avril, au rythme du Songkran – le nom thaïlandais de la fête du Nouvel An bouddhique – et malgré la vague d’allégresse des participants, les tristes souvenirs du terrible tremblement de terre qui a fait des victimes dans l’effondrement meurtrier d’un immeuble en construction hantent toujours les esprits. 

Mais le symbolisme de cette célébration, qui est également connue pour être la plus grande bataille d’eau au monde, associé à la positivité, est venu réchauffer les coeurs. En effet, l’essence même de la fête, et encore plus cette année, après le drame qui a secoué le pays, est d’aller de l’avant. D’ailleurs, le mot Songkran vient d’une expression sanskrite qui signifie «passage du soleil», et l’eau, l’élément central des célébrations, lave généralement, de façon symbolique, l’année écoulée et permet ainsi aux participants de se préparer pour la suivante.

Et de symbolisme en symbolisme, les bains de foule, dans la joie et la bonne humeur, sont associés à une résurrection, et l’omniprésence de l’eau est associée à un désir de purification et à l’ensemencement des âmes. Ce ne sont pas les Thaïlandais et les nombreux touristes – car le festival est très prisé par les visiteurs – qui diront le contraire...

Alors que les autorités craignaient une baisse dans le nombre de visiteurs cette année, à cause du récent tremblement de terre, Songkran 2025 a enregistré une affluence record de touristes étrangers. Selon les autorités, plus de 666 000 touristes internationaux ont visité la Thaïlande lors du festival. Le nombre de visiteurs étrangers pendant le Songkran a augmenté de 10,73 % par rapport à la semaine précédente. «Les revenus liés à ces visiteurs sont estimés à plus de 510 milliards de bahts, preuve du succès du Maha Songkran World Water Festival 2025 organisé par le gouvernement», a souligné le ministre du Tourisme et des Sports, Sorawong Thienthong.

Ainsi pendant quatre jours, dans les rues et dans toutes les contrées, les gens trempés jusqu’à l’os, affichaient de la frénésie et avaient de très grands sourires en bandoulière. Tout au long des festivités donc, des joyeuses batailles d’eau faisaient office d’ambiance et marquait aussi le renouveau et un nouveau départ. Dans le cadre de cette célébration, les Thaïlandais nettoient leurs maisons, se rassemblent en famille et partagent un bon repas autour des plats traditionnels. Pendant ces jours de fête, les gens visitent également des pagodes et exécutent des rituels religieux comme le bain de Bouddha ou des coutumes traditionnelles pour montrer leur respect aux ancêtres, aux grands-parents et aux parents. Mais la grande particularité de Songkran et sa popularité restent quand les participants se rassemblent sous forme de cortèges, s’aspergent d’eau et s’enduisent d'une poudre blanche pour se souhaiter bonne chance.  Selon les traditions, la fête permet aussi  de resserrer les liens entre les membres d’une même famille, les communautés et la société thaïe dans son ensemble.

Dans chaque région, les visages affichaient ainsi de grands sourires et dans les rues résonnaient de grands éclats de rires. Pour les touristes, ces jours de célébrations sont considérés comme un moment privilégié pour profiter de la joie communicative des Thaïlandais et la phrase à retenir pendant le Songkran est «Sawadee Pee Mai» pour se souhaiter la bonne année. Et Songkran 2025 a été très intense. À Bangkok, par exemple, dans les quartiers de Khaosan, Silom et Siam, des lieux phares de la fête, les artères s’étaient naturellement transformées en arènes de batailles d’eau géantes, où seaux et pistolets remplis d’eau arrosaient les passants au rythme de la musique.

Renouveau 

Dans une atmosphère survoltée, avec les touristes et les Thaïlandais qui se côtoyaient, le Mauricien Kooshal Tengry a vécu intensément le Songkran. «C’est le moment que tous les Thaïs et les touristes qui voyagent en Thaïlande en cette période attendent. Songkran, c’est la nouvelle année thaïe et la fête commence vraiment avec des prières avec de l’eau. Tout est question de renouveau, l’eau symbolisant la purification. Durant ces jours de festival, de l’eau parfumée est souvent versée sur les statues du Buddha pour symboliser le renouveau», nous confie notre compatriote qui ne cache pas s’être pris plusieurs jets d’eau pendant les célébrations de cette année. Il est surtout, dit-il, séduit par le feel-good factor qui plane lors des célébrations.

«L’ambiance est vraiment en mode festif. Tout le monde achète des fusils à eau, des chemises à fleurs, des elephant pants, des mobile casings pour protéger le téléphone. Dès qu’on est dans la fête, il n’y a pas moyen ni d’endroit pour se cacher. On est aspergés d’eau froide et les gens vous mettent du din sor pong. C’est une poudre blanche et c’est une façon de souhaiter bonne chance. Cette poudre est un mélange de talc et d’eau, traditionnellement utilisé pour se protéger du soleil et éloigner les mauvais esprits. Il y a aussi de la musique avec tout le monde qui dansent et chantent pendant les différents jours festifs. En Thaïlande, le Songkran est marqué par quatre jours fériés cette année : samedi, dimanche, lundi et mardi ! Pour moi, ça a été quatre jours de fun... J’ai pu vivre une très bonne ambiance, surtout après l’expérience du tremblement de terre. On a pu mettre derrière nous cet épisode et on a profité de chaque instant pour dire merci à la vie et à dieu», conclut Kooshal sous le charme de Songkran 2025. Y a pas à dire : le Nouvel An thaï, ça s’arrose !