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Boulimie : une faim qui cache bien plus qu’un besoin de manger

17 mai 2025

Shivani Poinoosawmy-Pawaray, diététicienne de C-Care Darné, a neuf ans d’expérience dans le domaine, surtout en milieu hospitalier. La diététicienne accompagne les patients avec différentes maladies, et les aide à mieux manger pour améliorer leur santé.

La boulimie est un trouble alimentaire à ne pas ignorer. Lorsqu’on se sent envahi par ses émotions, au bord du gouffre, la nourriture devient parfois le seul refuge. Saviez-vous que beaucoup de personnes souffrent de boulimie sans même le savoir ? Une simple assiette peut alors devenir le théâtre d’une véritable bataille intérieure. Quand l’alimentation ne répond plus à une faim physique, mais devient un exutoire émotionnel, il est essentiel d’agir. La diététicienne de C-Care, Shivani Poinoosawmy-Pawaray, nous en parle afin de sortir de ce cycle de souffrance silencieuse.

Chaque jour, tu ressens l’envie irrépressible de manger une grande quantité de nourriture, jusqu’à en arriver à te faire vomir ? Tu souffres peut-être de boulimie. Mais qu’est-ce que la boulimie exactement ? Aussi appelée boulimie nerveuse, il s’agit d’un trouble du comportement alimentaire qui touche plus de personnes qu’on ne le pense. Elle se manifeste par des crises durant lesquelles une grande quantité de nourriture est ingérée en un temps très court, de manière compulsive et incontrôlable. Ces épisodes sont souvent suivis de comportements dits «compensatoires» comme les vomissements provoqués, jeûne, exercices excessifs ou prise de laxatifs. «Ce cycle entraîne une grande souffrance psychologique. Les personnes boulimiques ressentent souvent de la honte, de la culpabilité et une faible estime d’elles-mêmes», explique Shivani Poinoosawmy-Pawaray. Toutefois, savez-vous qu’une personne souffrant de boulimie peut avoir un poids normal, ou même être en surpoids ? Eh bien, effectivement.

Contrairement à certains autres troubles alimentaires comme l’anorexie, la boulimie ne se reflète pas toujours sur l’apparence physique. C’est un trouble qui touche surtout le comportement et la relation à la nourriture. Une personne peut sembler aller bien de l’extérieur, tout en luttant intérieurement contre des épisodes de crise et de culpabilité. C’est pourquoi la boulimie peut passer inaperçue, même auprès des proches ou de l’entourage professionnel. Il est donc essentiel de ne pas se fier uniquement au poids. Les signes émotionnels et comportementaux comme l’obsession de manger, le besoin de se cacher pour le faire, ou les comportements compensatoires sont des indicateurs bien plus révélateurs.

Les origines de la boulimie sont souvent multiples et complexes. Selon la diététicienne Shivani Poinoosawmy-Pawaray, elle peut être déclenchée par des facteurs psychologiques tels que le stress, l’anxiété, une faible estime de soi ou encore un traumatisme. Les régimes très stricts, la pression sociale pour correspondre à un idéal de corps, ou les remarques sur le poids peuvent également jouer un rôle important dans le développement de ce trouble. À cela s’ajoutent des facteurs biologiques et familiaux ou certaines personnes peuvent être plus vulnérables à la boulimie en raison de leur héritage génétique ou d’un environnement familial instable ou critique. En résumé, la boulimie naît souvent d’un mélange de souffrances émotionnelles, de pensées négatives et de pressions extérieures. Comprendre ces causes permet de mieux accompagner les personnes concernées et de proposer une prise en charge adaptée, axée à la fois sur le corps et l’esprit.

Les émotions sont les éléments déclencheurs des crises de boulimie. «Beaucoup de personnes utilisent la nourriture comme un moyen de gérer des émotions difficiles, comme la tristesse, l’angoisse, la colère ou la solitude», explique la diététicienne-nutritionniste. Pendant la crise, manger peut apporter un soulagement temporaire, mais ensuite, la culpabilité et la honte prennent souvent le dessus. C’est un cercle vicieux où l’émotion déclenche la crise, puis la crise renforce le mal-être. C’est pourquoi il est essentiel d’apprendre à reconnaître et à gérer ses émotions autrement que par la nourriture.

Restaurer un équilibre

Pour ne pas ignorer les signes qui peuvent nous alerter, voici quelques comportements susceptibles de mettre la puce à l’oreille. Par exemple, une personne qui mange de grandes quantités de nourriture en cachette, qui va systématiquement aux toilettes après les repas, ou qui alterne entre des périodes de restriction stricte et de suralimentation. Elle peut aussi avoir des variations de poids, être très préoccupée par son apparence, ou se sentir souvent coupable après avoir mangé. D’autres signes peuvent inclure une fatigue fréquente, des troubles digestifs, ou des changements d’humeur. Il est important de rester attentif à ces comportements, même s’ils sont parfois discrets.

Mais attention ! Il faut savoir différencier une crise de gourmandise d’une vraie crise de boulimie. Selon Shivani Poinoosawmy-Pawaray, la principale différence réside dans le comportement et les émotions qui accompagnent la crise. Une crise de gourmandise est généralement un moment ponctuel, où l’on mange plus que d’habitude par plaisir, sans culpabilité excessive et sans chercher à compenser après. En revanche, une vraie crise de boulimie est un épisode incontrôlable où la personne mange de grandes quantités de nourriture en très peu de temps, souvent en raison d’une pression émotionnelle. La boulimie peut aussi toucher la santé mentale et physique.

Mais pas de panique, il est tout à fait possible de guérir de la boulimie, bien que cela prenne du temps et nécessite un suivi adapté. «La guérison implique un travail sur les causes profondes du trouble, qu’elles soient émotionnelles, psychologiques ou comportementales», explique Shivani Poinoosawmy-Pawaray. Le traitement repose généralement sur une approche multidisciplinaire, incluant la thérapie comportementale et cognitive, qui aide la personne à changer ses habitudes alimentaires et à gérer ses émotions différemment. Un soutien psychologique est souvent essentiel pour traiter les causes de la boulimie, comme l’anxiété ou la faible estime de soi. Dans certains cas, un suivi médical et nutritionnel peut aussi être nécessaire pour restaurer un équilibre physique et mental.

En outre, consulter une diététicienne peut être très utile pour une personne souffrant de boulimie. Le rôle du diététicien est d’aider la personne à rétablir une relation saine avec la nourriture, en lui proposant une alimentation équilibrée et adaptée à ses besoins. En plus de travailler sur les comportements alimentaires, la diététicienne peut aider à comprendre les signaux du corps, comme la faim et la satiété, et à gérer les épisodes de compulsion. Elle collabore souvent avec d’autres professionnels de santé, comme des psychologues, pour offrir un suivi complet. Le but est d’accompagner la personne sur le long terme, en lui apprenant à se nourrir de manière sereine et sans culpabilité.

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