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3 mars 2025 23:52
Le couperet est tombé le 20 février. Jason Pascal Flore, 26 ans, a été condamné à une peine minimale de 21 ans de prison par la Hove Crown Court, en Angleterre, après l’agression mortelle de sa petite amie Stéphanie Marie, âgée de 19 ans, à l’arme blanche le 18 août 2024, à la gare ferroviaire de Crawley. Les deux protagonistes ont des origines mauriciennes. Avec le verdict de cette semaine, la communauté chagossienne, dont fait partie la famille de la victime, est à nouveau secouée. Comme en témoigne sa mère, complètement révoltée par cette sentence.
La mort d’un enfant est un coup du sort dont on ne se remet jamais complètement. Cathy Marie en sait quelque chose. Ce n’est pas son dos qui fait mal mais le fardeau qu’elle porte. Ce ne sont pas ses yeux qui lui font mal mais l’injustice qu’elle voit. Ce n’est pas sa gorge qui lui fait mal mais ce qu’elle n’arrive pas à exprimer. Ce n’est pas son estomac qui lui fait mal mais son âme qui ne digère pas les récents événements qui sont venus – une fois de plus – bouleverser son quotidien. Ce n’est pas son foie qui lui fait mal mais la colère qui ne sort pas. Mais là, elle est obligée de sortir. Le sentiment d’injustice est trop grande. «Sa 21 an prizon-la pa ase sa !» martèle cette maman. Sa révolte est compréhensible. Celui qui a mortellement agressé sa fille Stéphanie (19 ans) l’année dernière, en Angleterre où ils vivent tous, n’a écopé que d’une peine minimale de 21 ans.
Jason Pascal Flore répondait d’une accusation de «murder» devant la Hove Crown Court. À l’issue de son procès, le 20 février dernier, il a été reconnu coupable à l’unanimité par le jury après trois heures de délibération. Le jeune homme a ainsi écopé d’une sentence de 21 ans de prison. Lui et la victime ont tous les deux des origines mauriciennes. La jeune fille faisait aussi partie de la communauté chagossienne d’Angleterre. Selon les éléments de l’enquête policière britannique, Stéphanie Marie avait été victime d’une agression à l’arme blanche, le 18 août 2024, à la gare ferroviaire de Crawley, en Angleterre. Le rapport d’autopsie souligne qu’elle a rendu l’âme à la suite de ses multiples blessures.
Le jour fatidique, la police s’était rendue sur les lieux du drame après avoir été informée d’une violente altercation entre un homme et une femme, vers 7h10, à Station Way, à Crawley. Les policiers de Sussex ont alors retrouvé Stéphanie Marie sur un parking baignant dans une mare de sang. Elle avait plusieurs blessures sur le corps causées par une arme blanche. Sollicités, des ambulanciers paramédicaux lui ont prodigué les premiers soins. Hélas, Stéphanie Marie a rendu l’âme peu après.
L’enquête sur cette affaire était menée par la British Transport Police. Rachel Swinney, une enquêteuse locale, avait confié à la presse anglaise au moment des faits qu’il s’agissait «d’un incident tragique qui a coûté la vie à une jeune femme». Elle avait aussi expliqué que son équipe et elle travaillaient «dur pour comprendre ce qui est exactement arrivé». Jason Pascal Flore, le petit ami de la victime, n’avait pas tardé à être arrêté.
«Kontan bate»
Cathy, la mère de Stéphanie, nous avait déclaré, à l’époque, que ce terrible drame était, peut-être, dû à une rupture amoureuse : «Garson kinn touy mo tifi-la ti violan. Li ti kontan bate. Akoz sa mo tifi ti kit li.» Elle avait précisé que Jason Pascal Flore «ti lom mo tifi sa» et que «inpe lontan zot ti ansam». Elle nous avait également expliqué que «plizier fwa mo tifi inn kit li akoz li tro kontan bate».
Stéphanie avait émigré en Angleterre quand elle avait 8 ans. Cathy y vivait déjà en compagnie d’autres proches d’origine chagossienne. Sa famille vient de Résidence La Cure. Jason Pascal Flore est, lui aussi, originaire de Maurice. Sa famille habite du côté de Roche-Bois, selon Cathy. «Mo tifi pa ti travay. Li ti dan lakaz mem», nous avait-elle également confié. Son présumé meurtrier était, lui, un sans domicile fixe au moment du drame, selon la police. Les enquêteurs anglais sont d’avis qu’il surveillait les va-et-vient de la jeune femme. Il l’aurait ainsi suivi pour l’agresser mortellement à la gare ferroviaire de Crawley.
Et pour cet acte atroce, il n’a écopé que de 21 ans de prison. Une sentence que Cathy ne comprend pas. «Mo revolte par sa santans-la !» s’indigne-t-elle. Au moment du drame, les enquêteurs avaient lancé un appel à témoins pour comprendre ce qui s’était réellement passé le jour fatidique. «Kopin mo tifi-la ti zis donn so nom ek so laz bann anketer kan ti aret li apre sa krim-la. Nou touzour pa kone kinn arive vremem sa zour-la. Nou ti kont lor lanket lapolis pou konn laverite. Mo touzour pa konpran kifer lapolis pann apel mwa ditou pou donn lanket dan sa zafer-la. Zot pann apel mwa non pli pou partaz linformasion ek mwa. Monn swiv case-la lakour selma. Monn ale sis fwa parla. Garson-la ti pled koupab. Mo pann gagn lokazion trouv li fas-a-fas selman pou get li dan so figir. Mo ti anvi get so reaksion. Mo pa ti gagn drwa rant dan lasal anba. Mo ti bizin asiz dan galri lao. Monn gagn enn mari sok kan monn tann dir li ki linn kondane zis 21 an prizon», s’insurge Cathy, la voix cassée par l’incompréhension.
La presse britannique révèle que la poursuite n’a pas eu à forcer pour prouver la culpabilité de Jason Pascal Flore. Il y avait de nombreuses preuves accablantes contre lui, notamment des témoignages oculaires. Le surintendant de police Sam Blackburn a fait une émouvante déclaration en cour lors du procès. «Stéphanie était une jeune femme pleine de vie, aimée de sa famille et de ses amis. Ce verdict ne remplacera jamais sa perte, mais rend justice à sa mémoire», a confié le responsable de l’enquête à la British Transport Police. Les membres du jury ont également pris en considération les enregistrements d’urgence des témoins avant de déclarer le suspect coupable et de le condamner à une peine minimale après trois heures de délibération.
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