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«Dignité et couilles» ou le show final de Beegoo

25 octobre 2025

La guerre avait gagné la place publique, le match était suivi, l’issue attendue. Et à la fin, c’est Bérenger qui gagne ! Air Mauritius retrouvera-t-elle enfin la sérénité après cette longue période de tensions entre le leader du MMM et le chairman de la compagnie d’aviation nationale ? Ce dernier, bien qu’il ait accepté de s’incliner, n’a visiblement pas voulu que son départ passe inaperçu.

La forme d’abord ! Un show singulier : une lettre de démission rédigée à la hâte, en présence des journalistes, un ton abrupt, des propos surréalistes pour un ancien président d’une compagnie nationale ! Salaire de son chauffeur : Rs 40 000, charge mensuelle de sa voiture : Rs 120 000 et ses Rs 75 000, alors que, selon lui, ce type de poste vaut un million de roupies ! On en viendrait presque à saluer son sens du bénévolat…

Mais l’ironie s’arrête là. Le fond ? Beegoo, affirmant avoir «dignité et couilles», affronte l’échec, en laissant transparaître une certaine vulgarité : «Bérenger pa kontan mo figir…», «Sa missie la passe so letan koz pou narien…», «Mo reponn zis bann dimoun ki ena mem grade ki mwa…»

Ainsi, l’ancien homme fort d’Air Mauritius — dont la démission était attendue — tente de justifier son départ par de supposées tensions MMM-PTr. Faut-il y voir une tentative de semer la zizanie entre les leaders de l’alliance ? Ou existe-t-il un réel malaise au sein de l’équipe dirigeante ?

Car Beegoo, mettant en cause le vice-Premier ministre — lors de sa conférence de presse — qui lui aurait mis des bâtons dans les roues, va plus loin, en tirant à boulets rouges sur le no 2 du gouvernement : «Ena bann zafer ki mo pa kapav dir… ki Bérenger inn dire dan Conseil des ministres… Linn met kouto anba likou travailliste… linn fer sa gouvernman-la manz boukou koulev…»

S’il est possible d’expliquer sa rancune envers le leader du MMM par un conflit de personnalités et des visions différentes — notamment sur la question du partenariat stratégique —, Beegoo est allé trop loin pour ne pas devoir s’expliquer davantage sur certains points d’intérêt public.

Il laisse entendre qu’on lui aurait imposé des directives politiques auxquelles il aurait refusé d’obéir, et qui «auraient pu le conduire devant la FCC dans quelques années». Une déclaration lourde, floue, et qu’il garde énigmatique ! Que lui a-t-on demandé de faire ? Pourquoi évoquer une éventuelle menace d’enquête sans aller au bout de sa pensée ?

Devant l’insistance des journalistes, Beegoo emprunte une pirouette : «Enn ti crime kapav vinn enn gros crime… monn fer tou dan la loi…»

Difficile de le prendre au sérieux quand, dans la foulée, il tente de trouver refuge sur le terrain politique, remerciant tour à tour le MSM et le leader de l’opposition !

Voilà donc un président qui, il y a encore quelques mois, dénonçait l’héritage désastreux de l’ancien régime, en brandissant les milliards de perte, et qui aujourd’hui semble redécouvrir des vertus à ses adversaires d’hier, ceux-là qui ne lui ont pas mis des bâtons dans les roues. Un brusque revirement qui trouble l’opinion sur sa sincérité. C’est Yogita Baboo qui aura la réplique la plus cinglante : «Les roues étaient déjà éclatées par l’ancienne équipe», lâche-t-elle en guise de rappel de l’état catastrophique des finances de la compagnie nationale sous l’ancien pouvoir. L’ancienne présidente de l’Air Mauritius Cabin Crew Association, n'a pas manqué d'évoquer le climat de répression sous le management de Beegoo. Est-ce que le Premier ministre a apprécié les déclarations de son ex-chairman ? Ramgoolam, épargné par un Beegoo qui «sagrin li», parti en voyage officiel aux Seychelles, n’a pas encore réagi…

Est-ce que, comme dans l’affaire Sithanen, c’est le chef du gouvernement qui a demandé à Beegoo de partir ? Si l’intéressé nie toute pression, une chose est sûre : cette guerre ne pouvait plus durer. Et à la fin, c’est Bérenger qui gagne

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