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Fin de cavale judiciaire

L’affaire Ravatomanga entre dans une nouvelle phase avec son transfert à la prison de Melrose

9 décembre 2025

L’homme d’affaires malgache très controversé Mamy Ravatomanga a été officiellement incarcéré à la prison de haute sécurité de Melrose au début de la semaine écoulée, après plusieurs jours de va-et-vient entre centres de détention et hôpitaux. Cette décision de justice intervient dans un contexte tendu, où santé fragile, enjeux financiers colossaux et bataille juridique s’entremêlent.

Son placement en détention fait suite à une série d’accusations provisoires pour blanchiment d’argent, entente délictueuse et transferts illicites de fonds entre Madagascar et Maurice. Depuis le 15 octobre, un «Criminal Attachment Order» gèle des avoirs estimés à plusieurs milliards de roupies, touchant l’homme d’affaires et plusieurs sociétés qui lui sont liées.

La Financial Crimes Commission (FCC) considère cette affaire comme l’une de ses opérations majeures. L’enquête, déclenchée fin octobre, s’est rapidement intensifiée : affidavits, saisies et analyses financières complexes ont mis en lumière la sophistication présumée du réseau mis en cause. La défense de l’homme d’affaires malgache, de son côté, tente de faire suspendre l’enquête et de faire lever les gels d’avoirs, dénonçant une procédure «excessive» et «injustifiée».

La situation médicale du suspect ajoute une dimension supplémentaire au dossier. À plusieurs reprises, Mamy Ravatomanga a été transféré en urgence à l’hôpital pour des problèmes cardiaques, ce qui a alimenté de vifs débats sur l’adéquation des soins en milieu carcéral, en particulier à Melrose où un cardiac unit avait été promise mais reste, selon les magistrats, insuffisamment opérationnelle.

Au-delà de la dimension humaine, l’affaire Ravatomanga soulève des questions de fond : la crédibilité de la juridiction mauricienne en matière de lutte contre le blanchiment, la transparence financière, ainsi que l’équilibre entre respect des droits des suspects et fermeté judiciaire. À mesure que l’enquête progresse, ce dossier hautement médiatisé continue de révéler ses ramifications politiques, économiques et internationales.

La FCC poursuit sa croisade contre les crimes financiers

La FCC a procédé ces derniers jours à deux autres interpellations dans des enquêtes portant sur des soupçons de fraude et de blanchiment d’argent. Le 2 décembre, Sanjiv Kailash Ramdanee, 60 ans, directeur général de Dhyanavartam Ltd, a été arrêté et placé en détention puis libéré sous caution dans le cadre d’une accusation provisoire de conspiracy sous l’article 48 du Financial Crimes Commission Act 2023. Les faits remontent à juillet 2024 : il est reproché au suspect d’avoir comploté avec un haut responsable d’une banque de Port-Louis afin de faciliter l’octroi d’un financement d’environ Rs 470 millions à son entreprise, lui conférant ainsi un avantage financier indu. Il doit être présenté en cour ce 3 décembre. Dans une autre affaire, la FCC a aussi procédé à l’arrestation de Li Hai, 67 ans, ressortissant chinois et directeur de Yihai International Investment Management Ltd. Il est provisoirement inculpé de blanchiment d’argent, soupçonné d’avoir transféré en 2014 quelque Rs 280 millions du compte de sa société à Bank One vers son compte personnel à Hong Kong. Présenté en cour, il a été libéré après avoir fourni une reconnaissance de dette de Rs 2 millions et une caution de Rs 600 000. Les deux enquêtes se poursuivent.

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