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Par Michaëlla Seblin
17 mai 2025 18:36
Somey kase ! Le MSM aura attendu six mois pour nous dire que la caisse «zame ti vid… lakes ti pe deborde…» C’est l’ex-ministre Seeruttun qui a été envoyé au front, entouré de ses camarades de la commission économique du MSM, pour une conférence de presse qui avait un seul objectif : affirmer et marteler que nous avons affaire à un gouvernement menteur.
La stratégie est claire : semer le doute sur le document The State of the Economy – qui décrit une situation catastrophique – en remettant en question son auteur, la fiabilité des chiffres, tout en qualifiant ce rapport de «fabrication de toutes pièces». Pourtant, une question persiste : pourquoi le MSM n’avait-il pas réagi dès la publication de ce document s’il contestait réellement son contenu ? On se souvient que c’est le député bleu Adrien Duval qui s’était étonné du silence de Padayachy, l’ex-ministre des Finances ! Et celui-ci, pourtant présent aux côtés de Lesjongard lors d’une conférence de presse en mars – peu avant que les enquêteurs de la FCC ne s’intéressent à lui et à ses propriétés immobilières – n’avait rien trouvé à redire.
Le jeu du MSM n’échappe à personne. Il profite aujourd’hui d’un fléchissement de la popularité du nouveau gouvernement pour tenter un retour sur le devant de la scène. Tous les moyens sont bons pour balayer les accusations sur sa gestion de la dette publique. Seeruttun allègue ainsi que l’équipe au pouvoir a fait grimper cette dette de Rs 20 milliards en seulement trois mois !
Le MSM tente même de surfer – le ridicule ne tuant pas – sur le faible taux de participation (26 %) aux municipales, auxquelles il n’a pas eu le courage de participer, après avoir renvoyé ce scrutin par trois fois. Ce n’est pas parce que le gouvernement projette l’image d’une équipe qui ne respecte pas ses promesses qu’il faudrait accorder du crédit à un MSM qui tente de se dédouaner d’une gestion autocratique du pays.
Aujourd’hui, à quoi assiste-t-on, sinon à la pratique démagogique des politiciens, chacun se renvoyant la balle sur une situation économique désastreuse ? Et au milieu, c’est toujours le public qui perd au change, indépendamment de l’équipe dirigeante.
La déclaration du Premier ministre à l’Assemblée nationale sur l’état de la caisse vide de la CSG a choqué les Mauriciens, provoquant une sortie des syndicalistes, qui y voient une stratégie des autorités préparant psychologiquement les travailleurs à l’approche du Budget. Les craintes sont connues : le gouvernement envisage-t-il de réduire ou de supprimer certaines allocations, vitales pour des milliers de familles ?
À cette situation s’ajoute une nouvelle décision qui a déclenché une vague de manifestations ce vendredi : le licenciement de près de 1 500 employés des conseils de district et des mairies. Ces travailleurs auraient été recrutés de manière illégale, à la veille des élections législatives, par le précédent régime.
Face à la colère des concernés, le gouvernement actuel a concédé un préavis d’un mois, tout en annonçant, par la voix du ministre de tutelle, l’ouverture d’un nouveau processus de recrutement pour 3 000 postes. Les licenciés sont invités à y postuler «en toute légalité».
Ce désordre illustre une nouvelle fois l’usage cynique des institutions à des fins politiques. L’ancien gouvernement a, semble-t-il, abusé de son pouvoir en violant les procédures. Mais l’attitude de l’équipe dirigeante actuelle, qui opte pour un licenciement brutal sans dialogue, révèle une absence de considération humaine et sociale.
Si le ministre était conscient d’un futur recrutement, n’aurait-il pas été plus responsable de chercher un compromis avec les travailleurs concernés ? Un dialogue, une tentative de régularisation ou au moins un accompagnement auraient pu éviter cette crise et atténuer le sentiment d’instrumentalisation dont sont victimes les employés, dommages collatéraux des politiques qui, eux, ne sont nullement inquiétés.
Les uns recrutent leurs partisans, les autres les révoquent… pour faire de la place aux leurs ?
C’est dans cette ambiance plutôt morose que sera bientôt présenté un Budget qui s’annonce sévère. La période de lune de miel entre le nouveau gouvernement et le public semble bel et bien terminée. Le réveil est brutal. Somey kase !
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