Publicité
22 mars 2016 14:33
L’attente est devenue un véritable calvaire. Cela fait 10 ans qu’elle a perdu son époux Rajesh Ramlogun, mort alors qu’il était sous la responsabilité de la police aux Casernes centrales, et qu’elle attend que justice soit faite. En vain. Aujourd’hui, Bindu Ramlogun ressent même un sentiment de dégoût envers le judiciaire. Car il a été confirmé que les quatre policiers accusés dans cette affaire ne seront pas poursuivis. L’accusation qui pesait contre eux avait été rayée en 2014 mais le Directeur des poursuites publiques (DPP) avait fait appel du jugement. Le mercredi 16 mars, les juges Rita Teeluck et Asraf Caunhye ont rejeté cet appel par manque de preuves.
Une décision que Bindu Ramlogun et ses trois enfants vivent difficilement. «Eski enn zour nu pu konn la verite lor lamor mo mari ? Mo fami ankor tuzur pe rod la zistis. Fer 10 zan ki nu pe viv enn vre kalver. Mo pa konpran kifer sa de ziz la pe dir pena ase prev pu pourswiv sa kat la polis la», s’insurge l’habitante de Lallmatie. Assise aux côtés de son fils aîné Nilesh dans le salon familial, Bindu Ramlogun peine à aligner convenablement deux phrases tant elle est révoltée par la nouvelle qu’elle a apprise mercredi. Sur son visage se lisent la tristesse et la révolte.
10 ans ont passé depuis la mort de Rajesh Ramlogun mais le temps n’a pas effacé la souffrance de cette famille. D’autant que les Ramlogun estiment que justice n’a pas été rendue à Rajesh, ni à eux pour leur perte. «La Major Crime Investigation Team a interpellé mon époux le 12 janvier 2006 en tant que témoin suite au double meurtre des sœurs Jhurry. Mais le lendemain, c’est comme suspect qu’il a comparu en cour avant d’être reconduit en cellule. Et le 14 janvier, il est mort. Le rapport d’autopsie indique qu’il a rendu l’âme après avoir reçu des coups à la tête. Il avait aussi des blessures sur le corps. À l’époque, le DPP avait trouvé qu’il y avait foul play. Le 17 juin 2009, il avait avancé 19 raisons pour soutenir sa thèse. Et voilà que ces deux juges viennent dire qu’il manque des preuves. C’est dégoûtant», lâche la veuve.
Pour elle, les policiers on dutyau moment du décès de son mari ne peuvent pas s’en tirer aussi facilement. «L’État avait indirectement reconnu ses torts en 2008 en nous accordant des dédommagements de Rs 7,5 millions. Je ne digère toujours pas la décision de ces deux juges de rejeter l’appel du DPP. C’est un fait que mon époux est mort alors qu’il était sous la responsabilité de la police. C’est aussi un fait qu’il avait été admis à l’hôpital alors qu’il portait plusieurs contusions sur son corps. On veut nous faire croire que les quatre policiers n’y sont pour rien. Je ne vais pas rester les bras croisés. Je vais écrire au DPP, au Premier ministre et à la présidente de la République car justice n’a pas été rendue.»
Nilesh, le fils aîné de Rajesh Ramlogun, âgé de 14 ans à l’époque, est, lui, rongé par une profonde colère : «La fami inn ranz enn tomb pu mo papa ziska ler nu pa kone ki inskripsion pu met lor la. Li ankor vid kumsa mem.Larzan konpansasion ki gouvernma ti donn mo mama la pa pu remplas mo papa zame. Mo papa ti pu ena 55 an. Nu pu fer apel Privy Council. Nu pu pourswiv la polis dan enn case civil. La polis bizin aret fer lanket lor la polis mem. Mo anvi kone ki sanla responsab lamor mo papa pu nu kapav fer nu dey.»Nilesh a retenu les services de Me Rama Valayden pour aider sa famille à obtenir justice. L’avocat va étudier le dossier complet avec toutes les parties concernées avant de décider de la marche à suivre.
Suite au double meurtre des sœurs Jhurry, le principal suspect, Avinash Ramguttee, a été condamné à 37 ans de prison, le 31 mai 2013, en cour d’assises. Indira et sa sœur Asha avaient été sauvagement tuées de 87 coups de couteau en janvier 2006.
Aujourd’hui, tout ce que les Ramlogun souhaitent, c’est que justice soit aussi rendue à Rajesh Ramlogun et qu’ils puissent enfin faire leur deuil.
Publicité