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Accidents fatals : Trois familles plongées dans le deuil

9 novembre 2015

Accidents fatals : Trois familles plongées dans le deuil

Hamza Mosafeer : Son second malaise cardiaque lui est fatal

 

Son cœur n’a pas tenu le coup. Hamza Mosafeer, 72 ans, a succombé à un infarctus alors qu’il était au volant de sa voiture le vendredi 6 novembre, vers 16h45. Le véhicule, qui était arrivé à hauteur de Bagatelle sur l’autoroute, a dérapé et fait plusieurs tonneaux avant de finir sa course contre la rambarde de séparation.

 

Mandé sur place, le Dr Madabaccus du SAMU n’a pu que constater son décès. Dans son rapport d’autopsie, le Dr Baichoo indique que cet habitant de l’avenue Virgil Naz, Belle-Rose, a rendu l’âme après avoir fait un myocardial infarctus.

 

Le jour fatidique, Hamza avait quitté son domicile à 9h45 pour se rendre sur son lieu de travail à Port-Louis où il est commerçant. En début d’après-midi, il est allé à la mosquée à pied pour assister à la jummah (la grande prière du vendredi). Puis, vers 16 heures, il a quitté Port-Louis pour aller récupérer son épouse et sa femme à Rose-Hill.

 

Depuis le drame, toute la famille est terrassée par une immense tristesse. Sa fille témoigne : «Mon père a toujours été là pour nous. Il va beaucoup nous manquer. C’était un bosseur. Il était également très apprécié car il était jovial et amical. Il travaillait toujours malgré son âge, car il ne voulait pas prendre sa retraite. Il tenait une échoppe au Workshop à Port-Louis où il vend des jeans et des hauts.»

 

Ancien chauffeur d’autobus et de poids lourd, notamment pendant cinq ans en Arabie saoudite, Hamza a toujours eu une plutôt bonne santé, selon ses proches, bien qu’il avait fait un premier malaise cardiaque il y a sept ans. «Li ti lor konprime apre sa. Li ti ena so bann rande vou. Sak fwa li ale tou ti korek. Sirma la fatig kinn fer li fer enn deziem malez. Li pa ti kapav res anplas. So travay ti so lavi», explique son frère Abdul, 69 ans. Il a été le premier à apprendre la tragique nouvelle par un policier.

 

Les funérailles d’Hamza Mosafeer ont eu lieu tard dans la soirée du vendredi 6 novembre au cimetière de St-Martin. Outre son épouse et sa fille, il laisse aussi derrière lui deux fils et deux petits-enfants, et un vide immense dans le cœur de tous ceux qui l’aimaient.

 


 

Tekanand Pochoo : Un camion lui passe dessus en prenant la fuite

 

Les cris stridents d’Ouma Devi résonnent dans la maison familiale. Traversant douloureusement les cœurs de ceux présents pour les funérailles de son époux. Ses trois enfants – ses filles de 16 et 9 ans, et son fils de 13 ans – pleurent eux aussi, inconsolables. La vue de la dépouille disposée sur un canapé réfrigérant dans le salon, en ce mercredi matin, leur broie le coeur. La veille, Tekanand Pochoo, 40 ans, un habitant de La Clémence, à Rivière-du-Rempart, est décédé dans un terrible accident. 

 

Il est 11h10, le mardi 3 novembre, quand le caporal Chundunsingh est mandé sur la route principale à L’Amitié en face de la station d’essence d’Indian Oil. Un accident vient d’avoir lieu entre une motocyclette et un camion. Grièvement blessé, le conducteur du deux-roues, Tekanand Pochoo, plus connu comme Soobiraj, est transporté à l’hôpital de Flacq où son décès est constaté. Cause de la mort : des cranio cerebral injuries. Moorli Ramkhelawon, qui était derrière la victime sur la moto, a été blessé lui aussi. Mais l’état de santé de cet habitant de Schoenfield Road, à Rivière-du-Rempart, n’inspire aucune inquiétude.

 

Tekanand Pochoo se rendait à un snack à l’Amitié pour aller «manz enn mine» en compagnie de son collègue Moorli Ramkhelawon, un soudeur comme lui, lorsque le drame a eu lieu. «Le collègue de mon beau-frère est un témoin crucial. Il raconte que le chauffeur du camion sortait de la station-service par la voie réservée aux véhicules qui entrent sur les lieux quand l’accident s’est produit. Mon beau-frère lui a dit “get sa fou la”. Quelques secondes plus tard, il a entendu un grand bruit. Puis, il a perdu connaissance», raconte Pradeep Kumar Ramjeeawon, le frère d’Ouma Devi.

 

Lorsqu’il reprend ses esprits, Moorli Ramkhelawon gît sur l’asphalte à côté de son ami Tekanand Pochoo. «Li dir nou ki enn la rou kamion la inn pas lor latet mo bo frer kan sofer la inn sove. Mon beau-frère essayait de se relever, mais le chauffeur n’a même pas regardé avant de reprendre la route. Sa roue arrière est passée sur la tête de Soobiraj. Ena lezot temwin kinn dir nou ki ena dimun ki pe signal sofer la pu arete ek dir li chombo me linn ale mem», précise Pradeep Kumar Ramjeeawon.

 

Poursuivi, le chauffeur du poids lourd, Sayadally Golapkhan, a été intercepté à Anahita, Beau Champ, où il a été arrêté et placé en détention policière. Cet homme de 53 ans, habitant morcellement St Antoine à Goodlands, fait l’objet d’une charge provisoire d’homicide involontaire avec circonstances aggravantes.

 

Les funérailles de Tekanand Pochoo ont eu lieu le mercredi 4 novembre. Ce soudeur de profession travaillait aussi comme vigile pour arrondir ses fins de mois, alors que sa femme est employée de maison. Membre de l’Assemblée de Dieu, il faisait tout pour le bien-être des siens. «C’était un hard worker. Il était l’aîné de sa famille et s’occupait toujours de sa mère. Il aidait aussi sa sœur et les deux enfants de celle-ci. Soobiraj n’a pas eu une vie facile, mais il a toujours réussi à traverser les obstacles. Très pieux, il aspirait à devenir pasteur», confie Pradeep Kumar Ramjeeawon. Désormais, sa famille devra apprendre à vivre sans lui.

 


 

Vinod Tirbhowan : Il meurt en s’écrasant contre un mur

 

Drapée dans un sari blanc, symbole de deuil, Nirmala Tirbhowan semble avoir toutes les peines du monde à se faire à l’idée que son époux Vinod ne soit plus de ce monde. Cette jeune femme de 37 ans, habitant Grand-Sable, est devenue subitement veuve le lundi 2 novembre. Ce jour-là, Vinod Tirbhowan, 47 ans, rentrait à la maison à moto lorsqu’il a terminé sa course contre un mur sur la route principale à Deux-Frères. Mandé sur place, le personnel du SAMU n’a pu que constater son décès.

 

Nirmala, une employée d’usine, raconte que son époux revenait de Grande-Rivière Sud-Est quand l’accident s’est produit : «Ce jour-là, nous sommes allés remettre un cadeau à des nouveaux mariés avant de nous rendre au bord de la mer. Nous étions à moto. Sur place, mon époux a rencontré des amis. On a passé un bon bout de temps avec eux avant de rentrer à la maison chacun de son côté. Je suis rentrée dans un van et lui à moto. Une heure plus tard, il n’était toujours pas rentré. C’est par l’intermédiaire d’un voisin qu’on a appris la terrible nouvelle.»

 

Aide-maçon de son état, Vinod était marié à Nirmala depuis 20 ans. Il meublait son temps libre en allant faire des parties de pêche à la mer. Il était aussi un amoureux des animaux et avait, entre autres, des perruches, des berry rouges, des tortues et des poules. «Il venait d’acheter des poussins et des canetons pour sa petite ferme», souligne Nirmala qui se retrouve désormais seule avec leur fils de 14 ans.

 


 

Un policier en service victime d’un accident avec délit de fuite

 

Il était impliqué dans une stop & check operation avec des collègues de l’Emergency Response Service (ERS) de la Western Division lorsqu’une voiture l’a renversé. Blessé, ce constable a été admis à l’hôpital où son état s’améliore. L’accident a eu lieu le vendredi 6 novembre, vers 10 heures, à Candos. À un moment, trois policiers présents sur place ont fait signe à un véhicule de s’arrêter, car le chauffeur s’était introduit dans un one way dans le mauvais sens. Mais celui-ci ne s’est pas arrêté et a heurté un des policiers en prenant la fuite.

 

Vers 14 heures, ce jour-là, des membres de l’ERS ont procédé à l’arrestation d’un jeune mécanicien de 19 ans à Quatre-Bornes. Il est soupçonné d’être le conducteur du véhicule en question. Deux autres suspects, tous deux âgés de 17 ans, ont également été arrêtés sur les lieux. Les policiers ont retrouvé la voiture sur place, sur un terrain vague. Les trois jeunes ont ensuite été conduits au poste de police de Sodnac. Après avoir donné leur version des faits, les trois suspects ont été libérés sur parole. Le chauffeur a toutefois dû se présenter devant la bail & remand court hier matin. Selon la National Transport Authority, la voiture accidentée appartient à un habitant de Petit-Raffray. Une enquête est en cours pour faire la lumière sur cette affaire.

 


 

Au nom des victimes…

 

Réflexion, prière et action. Dans le cadre de la Journée mondiale du souvenir des victimes des accidents de la route, une messe est prévue le 15 novembre à 10 heures en l’église Notre-Dame-de-Lourdes à Rose-Hill. «De janvier 2014 à juin 2015, 205 personnes ont perdu la vie sur nos routes et 789 ont été grièvement blessées», rappelle Alain Jeannot de l’association Prévention routière avant tout (PRAT). Une campagne d’affichage débute aussi demain, 9 novembre. Une des affiches montre un jeune paraplégique et porte ce message : Tu viktim aksidan la rut napa mor. «Le jeune homme qui est sur le fauteuil roulant a eu un accident il y a cinq ans. Il était en Std II. Depuis, il est paraplégique et son ouïe reste sa seule faculté. Il a aujourd’hui 11 ans», explique Alain Jeannot. Ces affiches seront visibles sur les billboards, dans les supermarchés et d’autres lieux publics.

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