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Affaire Roches-Noires : La police dans une impasse ?

26 janvier 2015

Le cambriolage au bungalow de l’ancien Premier ministre fait toujours couler beaucoup d’encre.

Les interrogatoires se succèdent dans le but de faire éclater la vérité. Mais pour le moment, tout semble indiquer que la Special Cell du Central Criminal Investigation Department (CCID), chargée de reprendre l’enquête sur l’affaire Roches-Noires, est dans une impasse.

 


Le vendredi 23 janvier, les enquêteurs de cette unité ont interrogé deux autres vigiles de la compagnie Brinks, au sujet de leurs faits et gestes le matin du 3 juillet 2011, soit le lendemain du vol allégué au bungalow de Navin Ramgoolam. En début de semaine, ils avaient également entendu les personnes qui étaient en détention en compagnie d’Anand Kumar Randhony, le soir où cet habitant de Plaine-des-Papayes est mort au poste de police de Rivière-du-Rempart. L’un d’eux a affirmé avoir entendu «enn ti tapaz» ce soir-là. Ce n’est que le lendemain qu’il a appris que Ramdhony, arrêté pour une histoire de recel de montre volée, s’était donné la mort par pendaison dans sa cellule. Le corps sans vie de ce dernier avait été retrouvé le 30 juillet 2011.

 


À ce jour, les enquêteurs du CCID ne seraient toujours pas parvenus à faire le lien entre le vol commis au bungalow de Navin Ramgoolam, à Roches-Noires, et la mort d’Anand Kumar Ramdhony en cellule policière quelques semaines plus tard. Cette situation n’est pas pour déplaire à Yousuf Mohamed. L’avocat de l’ancien Premier ministre s’explique : «Il n’y a toujours pas eu de convocation de la police à ce jour (NdlR : hier matin). Mon client demeure serein. La police veut faire le lien entre les deux affaires, mais elle n’y arrive pas.»

 


Plusieurs éléments ne jouent pas en faveur des enquêteurs. Le premier concerne le témoin principal, à savoir Rakesh Gooljaury, l’ancien ami de Navin Ramgoolam, qui a dit, dans sa déposition du 11 janvier, que ce dernier n’a jamais perdu sa Rolex lors de la soirée où le vol a eu lieu. Selon lui, un cambrioleur a fait irruption dans le bungalow en passant par une petite fenêtre et se serait jeté sur Navin Ramgoolam alors que ce dernier était en compagnie de Nandanee Soornack. L’intrus lui aurait donné des coups de poings à l’estomac et aurait exigé qu’il lui remette sa Rolex.

 


Le leader du PTr n’aurait cependant pas agréé à cette demande. En revanche, il lui aurait donné Rs 20 000, somme qu’il avait avec lui au bungalow. Rakesh Gooljaury souligne que le voleur n’a jamais pu être retracé à cause des fausses informations qu’il avait fournies à la police dans la première déposition qu’il avait faite en 2011. Il avait alors déclaré qu’un voleur, armé d’un couteau, l’avait menacé et forcé à lui remettre une somme de Rs 20 000 et une montre, alors qu’il se trouvait dans le bungalow de l’ancien Premier ministre.

 


Le contenu de la déposition de Jacques Bigaignon, qui est décédé en 2014, risque également de gêner les enquêteurs. À l’époque, il avait avoué avoir volé la montre de sa femme pour la revendre. Lors de l’enquête judiciaire, l’ami de beuverie d’Anand Kumar Ramdhony, qui était également en détention au poste de police de Rivière-du-Rempart, a expliqué qu’il avait lui aussi entendu des bruits bizarres ce soir-là, avant d’apprendre le lendemain que ce dernier est mort dans sa cellule. Ce suspect avait également affirmé avoir vendu la montre de sa femme pour Rs 200, somme qu’il a partagée en trois parties, soit Rs 50 pour lui, Rs 50 pour Ramdhony et les Rs 100 restantes pour l’achat de boissons alcoolisées.

 


Les limiers du CCID ont donc du pain sur la planche pour faire la lumière sur cette affaire. Les orphelins d’Anand Kumar Ramdhony – eux – ne demandent que cela.

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