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Agression mortelle de Christian Boitieux à St-Pierre

16 novembre 2015

Suzy Sophie , Alex Louis et Jonathan Sophie font tous l’objet d’une charge provisoire d’assassinat.

C’est un drame digne d’un scénario de film d’épouvante. Le mardi 10 novembre, France Christian Boitieux, un sans domicile fixe de 54 ans, a été tué de 22 coups de couteau sur plusieurs parties du corps. Vers 9h35 ce jour-là, le personnel du poste de police de Saint-Pierre, placé sous la supervision de l’ASP Oomeer, a découvert le corps de la victime en état de décomposition avancée, sur un terrain boisé à l’Agrément, Saint-Pierre.

 

Selon le rapport d’autopsie, rédigé par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, responsable du département médico-légal de la police, Christian Boitieux, qui a déjà été condamné à six reprises, notamment pour des vols, a rendu l’âme suite à de multiple stabbed wounds. Il avait le cœur et les poumons perforés, entre autres entailles sur tout le corps, ainsi que le pied gauche sectionné.

 

C’est son épouse, Parvadee Boitieux, née Pyneeandee, âgée de 48 ans, qui a identifié sa dépouille le lendemain. Le couple vivait séparé depuis plusieurs années (voir hors-texte). Lors d’une opération montée par le DI Cowlessur de la Central Investigation Division de Moka, trois suspects ont été écroués, à savoir Alex Louis, un récidiviste de 30 ans, son beau-fils Jonathan Sophie, 18 ans, et Suzy, la mère de ce dernier, âgée de 51 ans. Plusieurs pièces à conviction ont été recueillies à leur domicile, dont un gourdin de trois pieds, un couteau, un T-shirt et une casquette appartenant à Alex Louis et maculés de sang.

 

Lors de leur interrogatoire, les suspects ont chacun donné une version des faits. Mais il est ressorti de chacune de ces versions que c’est Alex Louis, un Rodriguais qui vit à Maurice depuis sept ans, qui a mortellement agressé Christian Boitieux. Dans sa déposition, Alex Louis, plombier de son état, a déclaré qu’au moment des faits il était «sous l’emprise d’un esprit malsain». Raison pour laquelle il ne contrôlait pas ses gestes. Il raconte que «son ami» Christian, dont il a fait la connaissance lors des dernières élections générales, est venu frapper à sa porte entre 19 et 20 heures, dans la soirée du lundi 9 novembre. Sa concubine Suzy, une technicienne de surface avec qui il vit en concubinage depuis 2012, lui aurait alors ouvert la porte.

 

Par la suite, Christian, Alex, Suzy et son fils Jonathan auraient descendu une première bouteille avant de décider d’en prendre une autre. Dans sa déposition, Alex explique qu’il a demandé au fils de sa concubine d’aller en acheter une à la boutique du coin. Il serait sorti pour vérifier si le jeune homme allait bien à la boutique. Et, en rentrant, dit-il, il a surpris Christian dans le TV room, braguette ouverte, les yeux rivés sur sa concubine qui se trouvait dans la cuisine. «Ki kalite kamarad to amenn dan lakaz ? Li pe pez lizie ar mwa», aurait-elle lancé à Alex.

 

Ce dernier serait entré dans une grande colère et une violente altercation aurait éclaté entre Christian et lui. Alex aurait, à un certain moment, quitté sa chambre pour récupérer un gourdin de trois pieds avec lequel il aurait assené trois coups au visage de Christian. Il se serait ensuite rendu dans la cuisine pour prendre un couteau qu’il dit avoir utilisé pour sectionner le tendon du pied gauche de Christian. Jonathan, son beau-fils, poursuit-il, a alors enlevé son T-shirt, en a déchiré un bout pour improviser un pansement en vue de stopper l’hémorragie.

 

Sur les conseils de Suzy, Alex et Jonathan ont transporté Christian chez un ami à la cité Sainte-Catherine. Dans sa déposition toujours, Alex explique qu’il fallait traverser un pont piétonnier. C’est de cette façon, dit-il, que du sang s’est répandu ici et là. En cours de route, soit à hauteur du terrain de foot de la cité, une autre altercation violente aurait éclaté entre Christian et Alex qui explique avoir voulu déposer son ami sur un terrain vague des environs. Christian n’ayant rien voulu entendre, Alex a déclaré avoir retiré un couteau qu’il avait sur lui pour assener plusieurs coups à Christian.

 

Son beau-fils, dit-il, a tenté d’empêcher l’agression, en vain. Ce n’est qu’en voyant Christian inerte qu’Alex aurait cessé de s’acharner. Il aurait alors enlevé la chemise de Christian, avant de prendre son sac et sa casquette. Une fois rentré, raconte-t-il, il a brûlé le haut que portait son beau-fils, ses vêtements, ainsi que les effets personnels de Christian, sur un autre terrain vague.

 

«To kamarad la pe rod viol mwa»

 

Ce n’est que le lendemain, vers 10 heures, assure Alex, qu’il a appris que Christian était mort, lorsque des policiers et des chiens renifleurs ont débarqué chez eux peu après la découverte macabre. Mais ils sont repartis sans rien trouver. Le mercredi 11 novembre, le DI Cowlessur et ses hommes ont monté une opération vers 5 heures, sur la base de certaines informations. Suite à laquelle Alex, sa compagne et son beau-fils ont été arrêtés.

 

Dans sa déposition, Jonathan raconte plus ou moins la même chose. À quelques détails près. Selon le jeune homme, qui touche une aide financière de l’État parce qu’il souffre d’épilepsie, le soir fatidique, son beau-père et lui se sont rendus à la boutique du coin. De retour à la maison, raconte-t-il, ils ont surpris Christian, les parties à l’air, dans le salon. Sa mère leur aurait alors lancé : «To kamarad la pe rod viol mwa.» Le jeune homme explique avoir discrètement suivi Alex ce soir-là et assisté à l’agression au couteau. Après son arrestation et sa comparution en cour, il a été admis à l’hôpital suite à des crises. Les enquêteurs attendent qu’il se rétablisse pour la reconstitution des faits.

 

De son côté, Suzy, soutient que c’est elle, et non son fils, qui a pansé la blessure de Christian. Elle aussi affirme que son concubin est entré dans une grande colère lorsqu’il a surpris Christian. Aux enquêteurs, par contre, elle a déclaré qu’Alex était sous l’emprise d’un esprit malsain : «Ena enn malgas lor li. Li ena sa depi li sorti Rodrig. Enn fam ki ti zet sa move sor la lor li.»

 

Plusieurs unités de la police se sont déplacées à l’Agrément le vendredi 13 novembre pour passer au crible le domicile que louait Alex. Pendant deux heures, et en présence de Suzy, les limiers, à l’aide de nouvelles technologies, étaient à la recherche de traces de sang, la quinquagénaire ayant nettoyé la maison à grande eau après les faits. Les suspects, eux, risquent de croupir en cellule pendant longtemps. Une charge provisoire d’assassinat pèse sur eux.

 


 

Parvadee Boitieux, l’épouse de la victime : «Mon époux n’est pas un violeur»

 

«Mo kone li ena enn ta defo me mo pa krwar ditou seki sa madam la inn dir», martèle Parvadee Boitieux, l’épouse de France Christian Boitieux. La quadragénaire défend ce dernier bec et ongles : «C’est vrai qu’il est très porté sur la bouteille. C’est aussi vrai qu’il a eu des démêlés avec la justice à plusieurs reprises pour des vols, mais mon époux n’est pas un violeur.»

 

Parvadee et Christian Boitieux vivent séparés depuis sept ans. La principale raison de la séparation, explique Parvadee, c’est que son époux, peintre de son état, était trop porté sur la bouteille. «Il ne méritait pas de mourir de cette façon», dit-elle. Le couple est parent d’une fille.

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