Arrestation d’Ish Sookun | Sa fiancée Shelly Bhujun : «Il n’est pas un terroriste»

1 février 2016 22:48

Un jeune homme dévoué à l’avancement de son pays. C’est ce qui revient comme un leitmotiv lorsque les proches et amis d’Ish Sookun parlent de lui. Le fait qu’il soit derrière les barreaux depuis une semaine, poursuivi en vertu du Prevention of Terrorism Act(POTA), les dépasse complètement. Pour eux, cet habitant de Providence, âgé de 31 ans, n’a rien à voir avec le courriel envoyé au bureau du Premier ministre le 20 janvier et annonçant qu’il y aurait des attentats terroristes dans l’île le 22 janvier. Il a été arrêté ainsi que son partenaire en affaires, Kishan Sooklall, car l’e-mail en question a été envoyé du cybercafé dont Ish Sookun est propriétaire, mais qui est géré depuis quelque temps par son associé. Les deux hommes nient être mêlés à l’affaire.

La fiancée d’Ish Sookun est parmi ses plus virulents défenseurs. «Ish n’est pas un terroriste», clame la jeune femme qui était présente aux Casernes centrales hier, samedi 30 janvier. Au même moment, l’informaticien était interrogé en présence de son homme de loi, M^e Sanjeev Teeluckdharry. Il est aussi représenté par M^e Erickson Muneapillay. «Je le soutiens à 100 %. Ish est quelqu’un de dévoué à son pays. La police doit revoir son enquête. Ish ne bénéficie pas d’un traitement juste. Sa famille et moi-même traversons une épreuve très difficile. Nous espérons qu’il obtiendra la liberté mardi et que la charge provisoire qui pèse sur lui sera rayée», confie Shelly Bhujun. La mère d’Ish Sookun, Indira, avoue elle aussi que cette histoire l’affecte au plus haut point. «Latet fatige. Mo pa dormi aswar. La vérité finira par triompher car mon fils n’a rien à se reprocher.»

Sandeep Ramgolam, ami et collègue du jeune homme, également présent aux Casernes centrales hier, ne croit pas une seconde que celui-ci soit mêlé à cette affaire. «Il n’avait aucun intérêt à faire une chose pareille. C’est un citoyen responsable et très engagé pour l’avancement de Maurice. D’ailleurs, il m’a déjà dit qu’il ne comptait jamais quitter le pays pour aller travailler ailleurs», fait ressortir Sandeep Ramgolam.

Originaire de Providence, Quartier-Militaire, Ish Sookun est l’aîné d’une famille de deux enfants. Petit, il fréquente l’école primaire de sa région et réussit brillamment les examens du CPE. Il est ensuite admis à la SSS Régis-Chaperon, à Belle-Rose. Son Higher School Certificateen poche, ce passionné d’informatique décroche un emploi dans ce secteur. Il finit par soumettre sa démission pour créer son entreprise en 2006. Ainsi, à 22 ans, il enregistre sa compagnie et obtient un emprunt auprès de la Banque de développement pour se lancer. Une année plus tard, en 2007, il ouvre son premier cybercafé qu’il baptise Indra, en hommage à sa mère Indira.

«Dévoué à son pays»

Des rêves plein la tête, il veut agrandir son business. Issu d’un milieu modeste, il n’y parvient pas pour des raisons financières. Le jeune homme ne baisse pas les bras pour autant. N’ayant pas fait d’études universitaires, il se familiarise graduellement, à travers des livres et des CD, avec le système Linux et se spécialise dans le domaine. Ses compétences sont d’ailleurs reconnues et il est sollicité pour prendre la parole lors des conférences à l’université de Maurice, participe à plusieurs ateliers de travail organisés par l’ambassade américaine, par le ministère de la Jeunesse et des sports, par la Banque mondiale et par le ministère des Technologies, pour ne citer que ceux-là.

Il fait parler de lui en 2014 dans l’affaire des cartes d’identités biométriques aux côtés du Dr Maharajah Madhewoo. Ish Sookun a expliqué en cour qu’il était possible d’avoir accès aux données de la carte grâce à un logiciel et un simple câble USB. Il a aussi aidé à mettre en place l’Experimental Computer Labde l’école Nicolay à Roche-Bois. Depuis le 15 octobre 2015, Ish Sookun est System Administratorpour le groupe La Sentinelle. Il se charge des serveurs et de l’administration du système du site lexpress.mu.

Depuis son arrestation, l’informaticien bénéficie aussi du soutien du Parlement populaire et de l’ONG Dis-Moi qui a émis un communiqué signé Lindley Couronne et Catherine Boudet : «Notre République est un des rares États au monde où la police peut emprisonner un citoyen sur la base d’une simple allégation (…) Le recours au POTA pour arrêter et détenir Ish Sookun et Kishan Sooklall repose sur l’idée qu’ils auraient contribué, voire participé, à l’envoi d’un mail à teneur terroriste. Le terrorisme est un crime politique et idéologique. Or, la police n’a produit aucune prima facie evidencepour prouver une quelconque appartenance ou idéologie jihadiste des deux accusés. »

Kishan Sooklall, qui est défendu par M^e Ashley Hurrunghee, bénéficie aussi du soutien de ses proches. Sa meilleure amie Tina Gokul affirme qu’il était en sa compagnie à l’heure où l’e-mail aurait été envoyé. Elle demande à la police de vérifier les vidéos des caméras de surveillance des endroits où ils se sont rendus ce jour-là. La demande de remise en liberté des deux suspects sera débattue en cour ce mardi 2 février 2016.