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Arrêtés puis libérés sous caution : Des présumés membres du gang du Sud clament leur innocence

13 juin 2016

Raju Veerasamy, Sandiren Kathan et Kumraj Luchmon avancent qu’ils n’ont rien à voir avec les différents cas d’agression dans le sud de l’île.

Ils sont, disent-ils, animés d’un sentiment de colère et de révolte. Sandiren Kathan, un vigile de 30 ans habitant Rivière-des-Créoles, Kumraj Luchmon, un directeur de compagnie de 26 ans habitant la localité, Raju Veerasamy, un maçon de 34 ans habitant Cité St Hilaire, et Anishek Dowlutroo, un self-employedde 25 ans habitant 16e Mille, ont été arrêtés sous une charge provisoire d’association de malfaiteurs.

 

Ces quatre présumés membres du gang du Sud ont retrouvé la liberté le vendredi 3 juin, après avoir fourni une caution. Seetaram Shibchurn, un pompier de 41 ans habitant St Hubert, est, lui, toujours en détention depuis le jeudi 2 juin. Il fait l’objet d’une charge d’agression avec préméditation (voir hors-texte). Quant àleur présumé complice Vikash Carteh, un habitant d’Union Park qui travaille à son compte, il n’a pas souhaité commenter l’affaire.

 

Pour Raju Veerasamy, son arrestation est une nouvelle «bavure policière» : «On nous a traités comme des terroristes. On est innocents. C’est la deuxième fois que la police fouille notre maison à la recherche d’une arme à feu sans rien trouver. On m’accuse aussi d’avoir commis des agressions alors que j’étais en deuil après avoir perdu un enfant.»C’est aussi un sentiment de colère qui anime Sandiren Kathan. Ce vigile a perdu son emploi suite à sa deuxième arrestation : «Eski ou krwar pu ena fizi dan sak lekol mo zanfan ? Ziska sak mo zanfan zot ti fouye kan ti vinn kot nu. Akiz nu kraz lakaz dimun alor ki sa bann zour la nu ti an plin karem pu Cavadee. Inn montre la polis bann foto kot nu la rivier me zot pann mem oule ekout nu version.»

 

Depuis qu’il a retrouvé la liberté sous caution, tous les projets de Kumraj Luchmon, 26 ans, sont aussi «tombés à l’eau». «Je dirige ma propre compagnie spécialisée dans le domaine de la télécommunication. J’avais déjà un planning avec mes clients. Tous mes projets sont tombés à l’eau car personne ne veut travailler avec moi. J’ai désormais le statut de criminel sur le dos, alors que je n’ai rien à voir avec ce dont on m’accuse. J’ai pris des engagements financiers. Je ne sais pas comment je vais pouvoir les respecter car je n’ai pas d’emploi», explique-t-il.

 

Anishek Dowlutroo déplore, lui, «l’amateurisme»de la police. Il avance que les policiers ont débarqué chez lui avec un morceau de papier : «Ils m’ont dit que ce n’était qu’un warrant, mais à aucun moment ils ne m’ont laissé lire son contenu. Ma famille est traumatisée depuis mon arrestation. Pire, mon père avait été pris en otage le jour de mon arrestation pour m’obliger à rentrer à la maison. Nous n’allons pas rester les bras croisés. Nous allons écrire au Premier ministre et au commissaire de police pour dénoncer les circonstances de nos arrestations respectives.»

 

Dans cette démarche, les quatre suspects bénéficient du soutien de Navin Chand Gunputh, un travailleur social du Sud. Ce dernier a d’ailleurs animé une conférence de presse le mardi 7 juin, en compagnie des épouses des suspects pour dénoncer «cette grosse injustice». «Toutes ces familles ont été victimes de la violence des autorités, dit-il.Il n’y a jamais eu de gang dans le Sud. Cette région est très paisible contrairement à ce que certaines personnes veulent faire croire.»

 


 

Maheswaree Shibchurn : «Mon époux n’est pas un criminel»

 

Elle ne peut contenir ses larmes en repensant aux circonstances entourant la nouvelle arrestation de son époux. Ce dernier, Seetaram Shibchurn, 41 ans, a été placé en détention policière le jeudi 2 juin. En mars, cet habitant de St Hubert avait été arrêté suite à l’agression barbare d’Aslam Noursing dont les poignets ont été sectionnés. Son épouse clame haut et fort son innocence. Elle revient sur ce fameux jeudi. «J’étais en chemise de nuit lorsque des policiers sont entrés chez moi pour arrêter mon époux. J’ai vécu la pire humiliation de ma vie. Mon époux n’est pas un criminel. Je ne comprends pas pourquoi on s’acharne sur lui»,lâche Maheswaree.

 

Son époux, un pompier suspendu de ses fonctions et fiché à la police pour divers délits, fait l’objet d’une charge provisoire d’agression avec préméditation et association de malfaiteurs. Il ferait partie de la bande d’individus ayant agressé le couple Adrien à coups de sabre. Véronique Adrien l’aurait d’ailleurs formellement identifié. Le suspect n’a pu retrouver la liberté sous caution car il était déjà en liberté conditionnelle après son arrestation suite à l’agression barbare d’Aslam Noursing et une autre affaire de tentative d’assassinat.

 

«J’ai vécu la pire humiliation de ma vie», confie cette habitante de St Hubert suite à l’arrestation de son époux.

 

Mardi dernier, la CID de Port-Louis a effectué une descente à son domicile à la recherche d’une arme à feu. Elle le soupçonne, en outre, d’avoir quelque chose à voir avec l’attentant sur l’ambassade de France et l’hôtel St Georges.Cela car, dans le passé, Seetaram Shibchurn était impliqué dans une affaire de vol d’un fusil de chasse. Lors de cette descente, sa casquette, portant le sigle du Hindu Shakti Sena (HSS), n’est pas passée inaperçue.

 

Interrogée sur son appartenance à ce groupe, son épouse confirme que Seetaram Shibchurn en est membre : «Il fait beaucoup de social. Il les aide lorsqu’il y a des prières.»Raju Veerasamy et Sandiren Kathan ont également avoué être des sympathisants du HSS. «Mo al donn zot koud me kan fer la priyer», précise Raju Veerasamy.

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