Publicité
10 juillet 2017 15:22
Elle a assené plusieurs coups à son adversaire. De quoi le mettre K.-O. ? Peut-être pas mais assez pour lui faire mal. Car l’avocate Tisha Shamloll n’a pas été tendre envers son confrère Raouf Gulbul qu’elle accuse d’être un menteur, lors de sa comparution devant la Commission d’enquête sur la drogue, le mercredi 5 juillet. Alors que la semaine dernière, en pleine tempête – deux autres personnes, Parwiza Jeeva et Jacharee Bottesoie, avaient fait des allégations contre Gulbul devant la Commission –, l’avocat claironnait qu’il ne connaissait pas la jeune femme, qu’elle n’avait jamais été son junior, celle-ci a tenu à démontrer le contraire, documents et SMS à l’appui.
Me Gulbul, de son côté, après s’être bien exprimé en début de semaine dans les médias, se refuse maintenant à tout commentaire. Il préparerait sa défense pour le moment où il sera amené à s’expliquer devant la Commission d’enquête sur la drogue. Selon son entourage, Tisha Shamloll n’a fait que des allégations et Me Gulbul répondra à toutes les interrogations y relatives au moment voulu. Après les dénonciations de la jeune femme, Gavin Glover, avocat de Gulbul, n’a d’ailleurs pas tardé à réagir. Il a écrit à la commission pour dire que son client souhaite avoir une copie retranscrite de l’audition de la jeune femme pour pouvoir la contre-interroger.
Entre-temps, tous s’interrogent sur les relations de Gulbul avec les barons de la drogue. Car après Parwiza Jeeva qui accuse Raouf Gulbul de lui avoir demandé de changer sa version pour ne pas impliquer le trafiquant Peroomal Veeren dans une affaire de drogue et Jacharee Bottesoie qui avance qu’en 2003, peu après son arrestation, l’avocat lui aurait demandé de revenir sur ses accusations à l’encontre du trafiquant Rajen Velvindron, Tisha Shamloll vise à démontrer les relations particulières qu’entretiendrait son ancien senior avec des trafiquants.
Si l’avocat maintient que la jeune femme n’a jamais été son junior, celle-ci affirme le contraire. Elle a expliqué devant la Commission d’enquête qu’après avoir prêté serment comme avocate en 2013 et fait son pupillage chez Me Rex Stephen, elle a commencé à collaborer avec Gulbul en 2013 et ce jusqu’en juillet 2016. Tisha Shamloll dit l’avoir représenté en Cour à plusieurs reprises et que, dans certains cas, ils étaient ensemble. Elle a produit une liste de messages et de SMS où Gulbul lui donne des instructions. Elle affirme également avoir rendu visite à plusieurs prisonniers à la demande de Me Gulbul, notamment à Peroomal Veeren, s’appuyant encore une fois sur une liste d’appels et de SMS. Elle a déclaré avoir coupé les ponts avec Veeren lorsqu’elle a mis fin à sa collaboration avec Me Gulbul. Tisha Shamloll soutient aussi avoir représenté Me Gulbul en Cour lorsque Sada Curpen a fait appel dans un procès et aussi dans une autre affaire. Elle a encore une fois présenté des SMS comme preuves.
Tisha Shamloll a aussi fait comprendre, devant la Commission, qu’elle était «très proche» de son senior à l’époque. Fournissant par la même occasion une liste de SMS y relatif. L’entourage de Gulbul avance, lui, que certains de ces messages divulgués dans la presse ont été tirés hors de leur contexte.
Tisha Shamloll, de son côté, continue sur sa lancée en racontant que Me Gulbul et elle sont allés à La Réunion une fois, avec un autre avocat. Sur place, dit-elle, son senior a acheté des cartes SIM prépayées pour effectuer des appels, notamment en Angleterre, qu’il aurait été risqué de passer à Maurice. «Vous pouvez vérifier tout cela auprès de l’équivalent de l’ICTA à l’île Sœur», précise un proche de Tisha.
Selon notre interlocuteur, l’avocat en a également profité pour téléphoner à Veeren. Un proche de Gulbul soutient, lui, que ce dernier et les deux autres avocats s’étaient rendus à La Réunion uniquement pour des raisons professionnelles.
Lors de son audition, Tisha Shamloll a également déclaré qu’elle faisait partie de l’équipe de campagne de Gulbul lorsqu’il était candidat aux législatives de 2014. «Ki dimunn pou fer tou sa pou ou si ou pena close relationship ar li ?» se demande un proche de la jeune femme.
L’avocate souligne qu’elle a mis fin à sa relation avec Me Gulbul en juillet 2016. Ce que n’aurait, dit-elle, pas digéré ce dernier. La dernière fois où il a tenté de la contacter remonte à la nuit du 31 décembre 2016 au 1er janvier 2017. Elle n’a pas répondu à ses appels et ils ne se sont plus parlés depuis. Tisha Shamloll avance qu’elle a aussi pris ses distances car un membre influent du barreau a attiré son attention sur les relations douteuses de Gulbul avec des trafiquants de drogue.
Raouf Gulbul s’est expliqué sur certains points avancés par Tisha Shamloll et ses deux autres détracteurs dans la presse. Devant la commission, il devra répondre à chaque allégation faite contre lui. Et d’autres à venir du même genre. Car, apprend-on, d’autres personnes dans le passé se sont rétractées contre des clients ou des proches de clients de Gulbul, notamment Farad Sheriff face à Sidick Islam, connu comme Nerf, et Yohan Placais arrêté pour trafic de Subutex, qui s’était rétracté contre Sivom Paupiah, un proche de Sada Curpen, dans une affaire de drogue.
Tout cela pourrait inciter le Directeur des poursuites publiques à demander au commissaire de police d’instituer des enquêtes sur ces accusations formulées à l’encontre de Gulbul devant la Commission d’enquête. Cette démarche fait partie de ses prérogatives. On saura un peu plus dans les jours à venir.
Publicité