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Corine Marceline : «Je n’aurais pas dû perdre mon bébé»

18 mai 2015

Corine et son compagnon Joannito sont meurtris après la perte de leur deuxième bébé.

Il y a deux ans, elle perdait son premier enfant, une petite fille née au sixième mois de la grossesse. Corine Marceline n’oubliera jamais cette épreuve. Mais être mère demeurait son rêve le plus cher. Elle tombe de nouveau enceinte en novembre 2014 et commence le suivi de sa grossesse un mois plus tard.

 

«Je suis allée au dispensaire de Mare-Tabac. Un mois plus tard, on m’a dirigée vers l’hôpital de Rose-Belle en raison de ma première fausse couche. Là-bas, j’avais un rendez-vous toutes les deux semaines, car il fallait me suivre de près», explique Corine. En parallèle, elle est suivie par un médecin du privé qu’elle consulte une fois par mois. À son troisième mois de grossesse, ce dernier lui suggère d’avoir recours à un cerclage du col de l’utérus.

 

«Le cerclage consiste à fermer le col pour ne pas perdre le bébé. Quand j’ai perdu mon premier enfant, le médecin de l’hôpital m’avait déjà dit que je devrais impérativement opté pour cette méthode en cas de nouvelle grossesse. Cette recommandation était d’ailleurs inscrite dans mon dossier à l’hôpital de Rose-Belle, où j’avais été soignée à l’époque», précise-t-elle.

 

Corinne en parle alors à son médecin à l’hôpital qui, dit-elle, lui donne une réponse des plus troublantes. «Il m’a expliqué qu’il ne pouvait pas me prescrire ce cerclage, car selon lui, le protocole de l’hôpital réservait cela aux femmes ayant déjà perdu deux bébés. Et je ne pouvais pas me payer cette intervention en clinique, car elle coûte Rs 50 000.» Toutefois, les choses semblent bien se passer. Au quatrième mois de grossesse, le médecin estime que Corinne ne risque plus de perdre l’enfant et limite ses rendez-vous à un par mois.

 

«Je suis allée à mon dernier rendez-vous le 10 avril 2015 et je devais retourner à l’hôpital dans un mois. Mais j’ai perdu mon bébé avant le rendez-vous suivant.» Le 6 mai, Corinne est en effet prise de fortes douleurs au bas-ventre. Elle est transportée d’urgence à l’hôpital de Rose-Belle où un médecin l’examine une heure après son arrivée. On lui annonce alors qu’elle va accoucher et qu’elle risque de perdre l’enfant.

 

«Brisée et anéantie»

 

«J’ai accouché quelques heures plus tard. Le bébé était en vie, car je l’ai entendu pleurer. Mais une heure plus tard, on m’a dit qu’il n’avait pas survécu. On m’a brisée et anéantie une fois de plus. Pourquoi traite-t-on les femmes enceintes de cette façon à l’hôpital ?» demande-t-elle. La jeune femme, tout comme son compagnon Joannito Curpen, ressentent à la fois un profond chagrin et une grande colère.

 

Corinne a déposé une plainte au ministère de la Santé, car elle s’estime victime d’une négligence médicale. «Si l’on avait conservé mes deux rendez-vous mensuels, on aurait constaté que mon col s’ouvrait et on aurait pu éviter cet accouchement prématuré d’une manière ou d’une autre.» Contacté à plusieurs reprises, le ministère de la Santé nous a promis des réponses à nos questions, mais elles ne nous sont pas parvenues. Affaire à suivre.

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