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Coups de feu sur l’ambassade de France et l’hôtel Saint-Georges | Nadim Edoo interpellé : «J’ai des informations qui peuvent aider la police»

6 juin 2016

Il se rendra demain aux Casernes centrales accompagné de son avocat.

Non, il ne prône pas la violence. Oui, il prêche la paix. Il le dit haut et fort : «Je ne suis pas un terroriste. Contrairement à la façon dont on m’a traité et qui a fait croire que j’en étais un», lâche un Nadim Edoo plutôt amer. Cet habitant de Plaine-Verte, âgé de 36 ans, a occupé l’actualité cette semaine, suite aux coups de feu tirés en direction de l’ambassade de France et de l’hôtel Saint-Georges, à Port-Louis, le lundi 30 mai au petit matin.

 

Interpellé et interrogé par la police le mercredi 1er juin, il a nié toute implication dans cette affaire et affirme aujourd’hui détenir des informations qui pourraient aider les enquêteurs à mettre la main sur les coupables. «Je suis avant tout un travailleur social. J’ai des informations concernant cette affaire. Je suis entièrement d’accord pour collaborer avec la police. Elle aussi détient certaines informations. Mais je ne sais pas pour quelle raison il n’y a pas d’action», lâche notre interlocuteur, très sûr de lui.

 

Pourquoi la police s’est-elle intéressée à cet homme qui prêche la parole du Coran un peu partout dans l’île ? Serait-ce en raison d’une autre affaire dans laquelle son nom a également été cité ? En décembre dernier, Nadim Edoo avait été arrêté puis libéré sous caution après la réouverture de l’enquête sur le triple assassinat de la rue Gorah-Issac en 1996. Il était soupçonné d’avoir fourni les armes à feu utilisées lors de cet attentat. «Je n’étais pas à Maurice à ce moment-là. Et j’avais seulement 16 ans», nous avait-il expliqué en décembre. Alors pourquoi les policiers sont-ils revenus chez lui cette semaine dans le cadre de cette nouvelle affaire impliquant des armes à feu ?

 

Un enquêteur répond : «On a travaillé sur la base de certaines informations et la descente effectuée chez lui n’a pas été vaine.»En effet, lors de la fouille, deux balles de calibre 12 de la marque Winchester ont été saisies. Interrogé sur leur provenance, Nadim Edoo  a d’abord soutenu que c’était un de ses amis, un dénommé Reaz Tegaully, qui les lui avait prêtées. Mais il est revenu sur cette version en affirmant que les balles lui appartenaient.

 

«J’ai toujours prôné la paix»

 

Pour expliquer ce qu’il qualifie de «confusion»,il avance que, dans le passé, son ami Reaz lui a bel et bien remis deux balles. Mais de la marque Langlay. Alors que celles retrouvées chez lui sont de la marque Winchester. «Je lui ai rendu les balles de la marque Langley depuis un moment déjà. Mais dans la panique, j’ai oublié ce détail. C’est après vérification que j’ai su que ces balles m’appartenaient. Car j’ai un fusil de la marque Winchester», précise-t-il. Cette arme à feu a été saisie par la police, ainsi qu’une carabine de calibre 30.6 et le véhicule de Nadim Edoo, à des fins d’analyse. «Mais ils n’ont rien trouvé de compromettant. On m’a remis mon véhicule le vendredi 3 juin», fait-il ressortir.

 

Revenant sur la nuit du dimanche 29 au lundi 30 mai, ce père de trois enfants affirme qu’il a des preuves tangibles quant aux endroits où il se trouvait au moment des coups de feu. «Dimanche soir, j’ai prêché à Curepipe. Et je suis rentré chez moi vers 20 heures. J’ai passé toute la soirée avec ma famille. Je ne suis pas sorti. Mes allées et venues peuvent être vérifiées sur les images de ma caméra de surveillance. Je ne comprends pas pourquoi la police me soupçonne dans cette affaire. J’ai toujours prôné la paix. L’an dernier, quand il y a eu des dérapages à caractère communal dans le Sud, j’ai sillonné cette région durant des jours et des nuits pour apaiser les tensions. Ce qu’on me reproche est contraire à mes valeurs», assure Nadim Edoo.

 

Selon lui, des pyromanes essaient de créer une instabilité dans l’île. Et les coups de feu sur l’ambassade de France et l’hôtel Saint-Georgesn’auraient rien à voir avec l’État islamique, contrairement à ce que peuvent laisser penser les graffitis sur le mur de l’ambassade. «La fusillade a été commise à une heure où les bureaux n’étaient pas occupés. Or, ce n’est pas la manière de faire de ceux qui sont impliqués dans des attaques organisées et revendiquées par l’État islamique. La police doit trouver les vrais responsables et les mettre hors d’état de nuire»,soutient Nadim Edoo, qui donnera sa déposition complète aux Casernes centrales demain en présence de son avocat.

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