Publicité

Décès d’Edouarda : La douloureuse attente de sa mère

1 juin 2015

Amaigrie après la mort de sa fille, elle tente tant bien que mal de tenir bon pour ses trois autres enfants.

Il est 17h45, en ce jeudi 28 mai, lorsque nous entrons à Cité Anoska. Nous croisons deux jeunes filles à l’entrée de la boutique du coin, qui se retournent en voyant passer notre véhicule. À quelques pas, un adolescent s’arrête également sur notre passage et guette nos moindres mouvements. Car depuis la disparition d’Edouarda Eleana Gentil, le 5 avril, suivie de la découverte du corps sans vie de la fillette de 11 ans dix jours plus tard à Nouvelle-France, une véritable psychose s’est installée dans la petite localité de Cité Anoska, située sur les hauteurs de 16e Mile, à Forest-Side.

 

Pour leur propre sécurité, les habitants ont revu certaines de leurs habitudes. Et observent surtout les visages et les véhicules qui leur sont étrangers et qui circulent dans la région. «Nous vivons dans la peur depuis ce qui s’est passé. On craint pour la sécurité de nos enfants. Nous ne les laissons plus sous surveillance à jouer dans la rue, comme c’était le cas avant. Dès la tombée de la nuit, on est chez nous», laisse entendre Anita, une habitante de Cité Anoska. Et c’est effectivement ce que nous avons constaté ce jour-là. En dehors des trois jeunes que nous avons croisés, les rues sont désertes.

 

Chez Mirella Gentil, la mère d’Edouarda, rien n’a changé ou presque depuis notre dernière visite. Les larmes ne coulent plus. Mais la douleur de Mirella et des siens est toujours aussi forte. Les photos de la petite disposées sur une table dans un coin du salon avec la phrase Repose en paix petit ange écrite dessus leur rappellent sans cesse qu’Edouarda n’est plus de ce monde. «Pourquoi lui a-t-on fait une chose pareille ?» ne cesse de demander Mirella qui ne peut accepter ce terrible coup du sort.

 

«Je n’ai pas repris le travail depuis. Je ne suis pas prête. Mais je m’efforce de trouver du courage pour mes autres enfants qui ont besoin de moi. Je pleure en cachette ou dans le silence de mon cœur. La fête des Mères ne veut rien dire pour moi cette année. Alors que l’année dernière, j’avais été gâtée par mes enfants. Edouarda avait ramassé son argent de poche pour m’offrir des fleurs», se souvient-elle alors que les larmes lui viennent aux yeux. Depuis la disparition de sa fille, Mirella dit accorder plus d’attention à ses enfants. Comme les autres habitantes de Cité Anoska. «Je ne les laisse plus aller à la boutique seuls comme avant. Ce sont les adultes qui s’en chargent. Le matin aussi, j’accompagne les enfants à l’arrêt d’autobus. L’après-midi, j’attends leur arrivée.»

 

Concernant l’enquête policière sur la mort de sa fille, Mirella Gentil dit être dans le flou total. «On ne sait pas où en est l’enquête. La police ne nous tient au courant de rien. Où en est-on avec les résultats des tests ADN ?» s’interroge-t-elle. Pour l’heure, un seul suspect a été arrêté, Arnaud Boodram, connu de la police pour deux délits à caractère sexuel. Il demeure en détention et ne cesse de clamer son innocence. Du côté de la police, on laisse entendre qu’il faudra patienter encore un peu pour avoir les résultats des tests ADN. En espérant que ces résultats tant attendus fassent avancer l’enquête.

 


 

Les enfants de Curepipe disent non à la violence

 

Un peu plus d’amour, pour moins de larmes. C’est la légitime revendication des enfants de la ville lumière, qui ont marché dans les rues de Curepipe, hier, samedi 30 mai, pour dire non à la violence à l’encontre des petits. Ils sont allés de l’église Sainte Hélène à l’hôtel de Ville, certains brandissant des pancartes et d’autres des portraits de la petite Edouarda Eleana Gentil, pour réclamer plus de justice, de paix et, surtout, d’amour.

 

Les petits étaient nombreux à demander plus de paix et d’amour.

 

Et les messages forts délivrés par les organisateurs n’ont pas laissé les enfants présents à cette cérémonie indifférents. Rebecca, 10 ans, est de ceux-là. «Si jamais une amie me raconte qu’elle a été victime d’attouchements, je saurai quoi lui répondre et j’en parlerai aussitôt à un adulte», confie la fillette. Preetam, 11 ans, se dit, lui, conscient désormais du danger qui peut frapper à tout moment. Grâce aux messages des organisateurs, le petit garçon avance qu’il saura différencier un câlin d’un attouchement sexuel. «J’ai bien capté les messages que j’ai entendus aujourd’hui. Il faut tenir ce genre de discours dans les écoles pour que les enfants arrivent à se protéger eux-mêmes.»

 

Pendant ce temps, Mirella Gentil, la maman d’Edouarda, semble perdue dans ses pensées. Les larmes aux yeux, elle arrive difficilement à contenir ses émotions lorsque retentit la chanson Il faudra leur dire de Francis Cabrel, repris en cœur par l’assistance. À 11 heures, une minute de silence est observée avant un lâcher de ballons. Mahen Saulick, organisateur de l’événement en collaboration avec plusieurs autres partenaires dont Zezi Vre Zom, les Girls Guides, les scouts et les Forces Vives de Curepipe, explique que «la violence n’a pas sa place dans notre société. La bataille doit continuer».

 

Publicité