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9 août 2016 15:25
«Ily a des gens qui ont vu et entendu des choses ce jour-là, et qui sont prêts à témoigner.»C’est ce qu’affirme Me Said Larifou, l’avocat de Julien Latchimy. Il est arrivé dans l’île le mercredi 3 août en compagnie de Jean Pascal Latchimy, le frère de Marouf Hadji Latchimy, aussi connu comme Julien et aya, afin de rendre visite à ce dernier qui était hospitalisé à l’unité des soins intensifs de l’hôpital Jawaharlall Nehru, à Rose-Belle, depuis le 19 juillet. Mais tous deux n’ont pu rendre visite au religieux qui était sous surveillance policière. «On ne nous a pas laissés le voir malgré notre insistance. Et une fois à notre hôtel, nous avons appris le décès de Julien. Maintenant, on se demande s’il avait déjà rendu l’âme au moment où on était à l’hôpital ou s’il agonisait à cette heure-là», avance l’avocat. Une autopsie pratiquée sur son client a attribué son décès à une septicémie.
Mais une contre-autopsie sera pratiquée aujourd’hui, 7 août, par le Dr Satish Boolell dont les services ont été retenus par la famille Latchimy. Car, selon Me Said Larifou, son client aurait été victime d’une négligence médicale. Par ailleurs, à La Réunion, le temple dans lequel officiait Julien Latchimy a été vandalisé dans la nuit du 5 août.
Julien Latchimy était soupçonné du meurtre de Wendyna Narayanasawmy, une habitante de Chemin-Grenier, âgée de 21 ans. Elle avait été retrouvée morte chez elle le 19 juillet, gisant dans une mare de sang. Alors qu’aya, lui, se trouvait à proximité de la jeune femme et portait plusieurs blessures sur le corps. C’est Savita Narayanasawmy, la mère de Wendyna, qui a fait la découverte macabre. Et par la suite, deux couteaux ont été saisis sur les lieux.
Pour Me Said Larifou, plusieurs zones d’ombre planent sur cette affaire. Lors d’un point de presse, le jeudi 4 août, au bureau de Me Dick Ng Sui Wa, à Port-Louis, il a d’abord tenu à présenter ses sympathies aux proches de Wendyna Narayanasawmy. Avant de poursuivre en disant qu’il était utile, pour la vérité, que son client soit vivant. «Mais la mort de ces deux personnes n’enterre pas le dossier. Car il y a plein d’interrogations. Mon client avait des blessures dans le dos. S’il voulait vraiment se donner la mort, il aurait choisi une méthode plus facile que de se poignarder dans le dos. D’ailleurs, cette action nécessite beaucoup plus d’effort. On se demande comment il a pu s’infliger des blessures dans le dos. Se pourrait-il qu’il y avait une troisième personne sur le lieu du crime ce jour-là ?» se demande Me Said Larifou, qui affirme, par ailleurs, que Julien Latchimy et Wendyna Narayanasawmy entretenaient une relation amoureuse et qu’ils projetaient même de se marier.
«Pourquoi cacher l’amour qui existait entre ce couple ? Et pour quelle raison ? Julien était amoureux de Wendyna et Wendyna était amoureuse de Julien. D’ailleurs, il avait remis la somme de 25 000 euros à cette dernière pour les préparatifs de leur mariage. Elle devait partir en Inde pour acheter les bijoux et les vêtements, et la maman de Wendyna était au courant de cela car c’est elle qui s’est chargée de faire la réservation du billet d’avion», soutient notre interlocuteur. Allant plus loin dans ses propos, et documents à l’appui, il avance que son client avait fait l’acquisition d’une voiture, une Suzukirouge, qu’il avait ensuite mise au nom de Wendyna. Me Said Larifou soupçonne ainsi que ceux qui nient la relation entre Wendyna et Julien ont des choses à cacher. Lesquelles ?
De son côté, Jean Pascal Latchimy, le frère de Julien Latchimy, soutient ne pas être au courant de la relation entre Wendyna et son frère : «Personne dans notre famille ne savait qu’il projetait de se marier. Il ne parlait pas de sa vie sentimentale. Mais il m’avait fait part qu’une femme l’avait accusé de viol à Maurice. Et lui réfutait ses allégations.»C’est la police réunionnaise, dit-il, qui lui a annoncé l’arrestation et l’hospitalisation de son frère après le décès de Wendyna Narayanasawmy : «Nous avons eu un choc en apprenant la nouvelle. Car mon frère a toujours été quelqu’un de calme, qui prônait la paix. D’ailleurs, nous croyons tous en son innocence.»
Julien Latchimy se sentait harcelé et certaines personnes lui faisaient du chantage, selon Me Said Larifou qui avait vu son client deux jours avant le décès de Wendyna. «Il était une personne psychologiquement déstructuré. Il voulait même venir à La Réunion pour se ressourcer un peu», dit-il.
Nous avons sollicité Savita Narayanasawmy pour une réaction. Mais sa sœur nous a déclaré que cette dernière, étant souffrante, n’était pas en mesure de parler. Quoi qu’il en soit, Savita Narayanasawmy a toujours nié la relation d’amour entre sa fille et Julien Latchimy. Cependant, Me Said Larifou persiste et signe : «C’est une histoire d’amour qui se termine tragiquement et tristement.»Et selon lui, l’enquête sur ce double drame est loin d’être bouclée.
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