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Décès tragique du père Guichoux : L’émouvant adieu à un prêtre très apprécié

18 juillet 2016

Mgr Piat qui a présidé la cérémonie.

Triste fin pour le père Pierre-René Guichoux. Son corps a été retrouvé le mercredi 13 juillet, flottant dans le lagon de Gris-Gris. Le prêtre participait à une retraite avec des confrères au Foyer de l’Unité, à Souillac, quand sa disparition a été constatée. Après des recherches, son cadavre a été repêché en mer. Presque au même moment que celui d’une femme (voir ci-dessous). Mais les deux noyades n’ont aucun lien.

 

Est-ce un suicide ou un accident ? La police enquête toujours pour faire la lumière sur les circonstances du drame qui restent encore floues pour le moment. Entre-temps, les funérailles du père Guichoux, âgé de 77 ans, se sont tenues le jeudi 14 juillet, en l’église Sainte-Anne, à Stanley, où il officiait comme vicaire. Et ils étaient nombreux à être venus rendre un dernier hommage à celui qu’ils considéraient comme un homme «fort et infatigable». Lors de la cérémonie et après, ceux qui ont côtoyé ce prêtre français, à Maurice depuis 1980 et membre de la Société des Missions étrangères de Paris, ont livré leurs meilleurs souvenirs de celui qui est parti tragiquement.

 

Il est 14h20 en ce 14 juillet et une foule est massée devant l’église Sainte-Anne, en attendant l’arrivée du cortège funèbre. Les visages tristes, plusieurs tiennent entre les mains des fleurs pour embellir le cercueil de celui qu’ils aimaient tant. À l’intérieur, l’église est bondée et le chagrin palpable. À 14h30, un cortège de prêtres portant le cercueil du père Guichoux fait son entrée au son des cloches. L’émotion est intense.

 

La célébration est présidée par Mgr Maurice Piat et concélébrée par tous les prêtres du diocèse. Les témoignages se succèdent, poignants. À l’instar de celui de Mgr Maurice Piat. «Le père Guichoux est mort noyé, englouti par la mer à Souillac. Nous ne savons pas comment c’est arrivé… Et il nous faut accepter de ne pas savoir. Père Guichoux emporte avec lui son mystère, le mystère d’une grande souffrance certainement. Et la moindre des choses, c’est que nous respections le mystère de sa personne, de la fin de sa vie», confie-t-il dans son homélie.

 

«Un homme généreux»

 

Le père Dorai Raj, lui, décrit le père Guichoux comme «un homme de référence dans la société, un homme très généreux, dévoué aux enfants pauvres, aux prisonniers et aux malades. Il était un homme de service, prêt à aider son prochain, un homme de promesse, un homme avec un sens de la justice, un homme d’écoute avec beaucoup de patience, un homme au grand cœur, et surtout un homme de prière».

 

Le père Labour, vicaire général du diocèse de Port-Louis, lit, pour sa part, un message envoyé par Louis Marie, le frère du père Guichoux, lui aussi prêtre. «Toute la famille est de tout cœur avec moi (…) Nous aimions bien les appels téléphoniques où tu nous donnais les nouvelles des gens que nous connaissions en commun. Tu aimais me parler de tes activités au service de la Ligue ouvrière d’action catholique, du catéchisme et de ta présence au service des prisonniers. Combien de gens tu m’as fait connaître à Maurice et Madagascar (…) Grâce à toi, j’ai rencontré des équipes de foi et lumière que j’accompagne ici depuis longtemps et qui sont en relation aujourd’hui avec nous en France. Aujourd’hui, tu nous as quittés, je suis loin. J’aurais voulu être présent, mais ce n’est pas possible. Bientôt, je viendrai te rendre visite au cimetière (…) Nous prierons pour toi (…) Toute la famille te dit au revoir.»

 

Les paroissiens de Sainte-Anne, à Stanley, et de Sainte-Odile, à Camp-Levieux, où le prêtre officiait depuis huit ans, le regrettent aussi profondément. Geneviève Leste fait un vibrant témoignage : «Père Guichoux était sur tous les fronts, à nous exhorter de ne pas rester à l’église, mais de sortir et de mettre en pratique ses paroles. On le sait tous, le père Guichoux affectionnait bien les prisonniers, les drogués et voulait leur apporter la bonne nouvelle.»Pour Gérard Louise, un autre fidèle de la paroisse, «il était un prêtre extraordinaire, quelqu’un qui traitait tout le monde de la même façon. Il ne faisait pas attention à la couleur de la peau ni à la religion».

 

Eddy Moocarme, responsable de la Commission diocésaine du monde ouvrier, connaît bien le père Guichoux qui travaillait beaucoup au niveau de l’action catholique et était l’aumônier de la Ligue ouvrière d’action catholique. Il le décrit comme «un homme infatigable, une bonne personne et un bon disciple de Jésus».

 

Après cette cérémonie très émouvante, le père Guichoux a été inhumé au cimetière de Saint-Pierre.

 


 

Retour sur un jour tragique

 

En ce mercredi matin, les prêtres réunis au Foyer de l’Unité, à Souillac, pour une retraite commencent à s’alarmer de l’absence du père Guichoux. Il n’est pas apparu au petit déjeuner, ni à laprière et n’est pas présent non plus pour la conférence du matin. Après vérification, ils constatent que sa chambre est vide et, en plus, il ne répond pas à son portable. Pensant qu’il est allé faire une petite marche comme à son habitude, quelques-uns de ses confrères vont à sa recherche. Il marche à l’aide d’une canne et ne peut être allé loin. Mais après avoir cherché partout où c’était possible de le faire, ils ne trouvent rien. La police est avertie et les battues continuent.

 

Entre-temps, les autorités apprennent qu’une jeune fille a signalé avoir reçu un appel dupère Guichoux vers 6 heures pour lui dire qu’«il fait suffisamment jour pour que j’aille faire ce que j’ai à faire»et lui dire adieu. L’adolescente, qui connaît bien le père Guichoux car elle fréquente régulièrement la maison de la Société des Missions étrangères à Rose-Hill – dont fait partie le prêtre –, a précisé qu’elle a entendu le bruit des vagues en arrière-plan. Les recherches se concentrent alors davantage sur la mer bordée de rochers aux abords du Foyer de l’Unité.

 

Quelques instants plus tard, vers midi, un corps est retrouvé du côté de Gris-Gris, à 500 mètres environ du Foyer de l’Unité, mais c’est celui d’une femme qui venait de sauter d’une falaise. Toutefois, en allant récupérer le cadavre, les sauveteurs découvrent aussi celui du père Guichoux flottant à la surface. Lui se trouvait vraisemblablement dans l’eau depuis beaucoup plus tôt. C’est le choc pour ses confrères du clergé pour qui ce décès reste un mystère total. D’autant que le prêtre n’avait pas paru aller mal les jours précédant sa mort et n’avait eu d’ennuis avec personne. Tous regrettent profondément le départ tragique de celui qui se dévouait au mouvement d’action catholique et était actif au niveau de l’aumônerie des prisons, entre autres.

 

Sabine Azémia

 


 

Le corps de Rani Armand également retrouvé à Gris-Gris

 

Son époux Sanjeev : «Elle était fragile psychologiquement»

 

Il y a quelques années, elle avait tenté de se jeter d’un pont situé dans le Sud afin de mettre fin à ses jours. Mais Rani Armand, qui souffrait de troubles mentaux depuis son jeune âge, avait pu être maîtrisée à temps. Toutefois, le mercredi 13 juillet, nul n’a pu lui porter secours en la voyant se jeter du haut d’une falaise à Gris-Gris. Des témoins, qui se trouvaient à plusieurs mètres de la victime, ont assisté impuissants à la scène, pris de court par ce qui se déroulait sous leurs yeux. Ils ont aussitôt alerté la police et à son arrivée sur les lieux, la National Coast Guardn’a pu que repêcher le corps sans vie de l’habitante de Surinam âgée de 46 ans.

 

 

Son corps a été repêché pratiquement au même moment que celui du père Guichoux. Deux noyades qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Comme le confirme Sanjeev Armand. «Ma femme ne connaissait pas le prêtre en question. Elle est de la communauté Mission Salut et Guérison», précise-t-il, terriblement accablé par la mort tragique de son épouse. Il raconte que quelques jours plus tôt, celle-ci avait été admise à l’hôpital psychiatrique de Brown-Séquard pendant huit jours, du 1er au 8 juillet.

 

«Elle était fragile psychologiquement, explique Sanjeev Armand.J’ai eu la terrible nouvelle sur mon lieu de travail, par un appel téléphonique. Ce jour-là, ma femme avait aussi rendu visite à sa mère qui habite la même localité. Ensuite, elle est rentrée et est ressortie plus tard en disant à ma mère qu’on n’allait plus jamais la revoir.» Sanjeev Armand ne comprend pas comment Rani s’est retrouvée sur la falaise de Gris-Gris, un endroit où ils ne sont jamais allés ensemble. «Je ne peux expliquer comment elle s’est retrouvée à cet endroit. En tout cas, Rani était une épouse exemplaire. Sauf qu’elle avait des problèmes de santé de temps à autre.»L’autopsie a attribué sondécès à une asphyxie due à la noyade.

 

Laura Samoisy

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