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13 octobre 2015 03:29
Le judo rodriguais est en deuil. Car celle qui était considérée comme l’étoile montante de cette discipline sportive s’en est allée brusquement. Chrisnabelle Ravina, âgée de 17 ans, s’est donné la mort par pendaison le mardi 6 octobre à Rodrigues, dans le village de Papayes où elle résidait avec sa mère, ses deux soeurs et son frère.
Sa mère Jusbee, 37 ans, est inconsolable. Selon elle, sa fille aurait commis l’irréparable suite à une dispute avec son père Jean Vivian Collet, 41 ans. L’homme, qui était sous le coup d’un Occupational Order, a d’ailleurs été arrêté par la police le mercredi 7 octobre pour non-respect de cet ordre de la cour qui l’interdit formellement de se rendre au domicile de son ex-compagne. «Malgré cela, il venait à la maison de temps en temps, prétextant qu’il voulait voir ses enfants qui lui manquaient terriblement», confie Jusbee d’une petite voix. C’est ainsi que le lundi 5 octobre, Jean Vivian Collet s’est, une nouvelle fois, rendu au domicile de Jusbee Ravina, cherchant à voir ses enfants.
«Il était sous l’influence de l’alcool et a eu un accrochage avec ma fille suite auquel il l’a giflée. Elle est sortie en courant de la maison. Je l’ai suivie, mais à un moment, j’ai perdu sa trace. Je l’ai alors appelée au téléphone. Elle m’a dit qu’elle comptait aller au poste de police. Je lui ai signifié mon intention de l’accompagner. Mais nous n’avons pu faire de déposition, car son père était là aussi», explique Jusbee Ravina.
Selon elle, Chrisnabelle aurait tenté de se confier à une tante ce soir-là. Mais en raison de l’heure tardive, cette dernière ne l’aurait pas entendu frapper à la porte. «Le lendemain, elle avait l’air normale. Mais quand elle a vu que quelques-uns de ses équipements sportifs n’étaient plus là, elle a eu un terrible choc. On s’est parlées et je l’ai laissée à la maison pour aller travailler. Quand je suis rentrée dans l’après-midi, je ne l’ai trouvée nulle part. C’est l’un de mes enfants qui a ensuite fait la terrible découverte derrière notre maison. J’ai perdu ma bonne étoile.»
C’est à l’âge de 11 ans que Chrisnabelle a fait ses premiers pas sur le tatami. Encouragée par une amie à pratiquer cette discipline, la jeune fille a fini par en tomber amoureuse. «Un jour, en revenant de l’école, elle m’a dit qu’elle allait rejoindre le club de judo. Le hic, c’est qu’elle n’avait pas d’équipements. Cela m’a attristée. Quelques jours plus tard, j’ai acheté du tissu pour qu’on lui confectionne sa tenue. Je me souviens encore à quel point elle était ravie», raconte Jusbee d’une voix pleine d’émotion.
Depuis, Chrisnabelle n’a cessé de faire ses preuves et de récolter des médailles lors de presque toutes les compétitions auxquelles elle participait. Ambitieuse et pleine de vie, elle se préparait pour la compétition internationale de Judo AZOM qui se tiendra à Maurice en novembre.
Outre le sport, elle ambitionnait de travailler le bois plus tard. «Elle a étudié jusqu’en Form III au collège de Mont-Lubin. Depuis peu, elle fréquentait le MITD et était la seule fille dans la classe de menuiserie. C’est dans ce secteur qu’elle voulait faire carrière», souligne sa mère. Hélas, la jeune judokate qui était pourtant promise à un très bel avenir s’en est allée tragiquement…
Le décès tragique de Chrisnabelle Ravina a choqué plus d’un cette semaine. Talentueuse et déterminée, cette jeune judokate de 17 ans avait tout pour briller dans le paysage sportif mauricien et rodriguais. Sa disparition prématurée a laissé un grand vide dans la vie de tous ceux qui l’ont côtoyée.
Membre de la sélection rodriguaise, Chrisnabelle Ravina était considérée comme une surdouée du judo. Elle a intégré la sélection senior dès ses 14 ans et a toujours tenu la dragée haute aux meilleurs combattants. La sportive a d’ailleurs été championne de Rodrigues en plusieurs occasions chez les -57 kg cadettes.
La jeune Rodriguaise a fait ses débuts à l’âge de 8 ans au Judo Club de Mangue sous la férule de Désiré Milazar. Elle rejoindra, par la suite, le Centre de formation de judo, puis le Centre d’entraînement de Malabar. «Chrisnabelle Ravina a évolué très vite et a fini par gagner sa place dans la sélection senior. Elle a participé à plusieurs compétitions internationales, notamment à Maurice et à La Réunion. L’année dernière, elle s’est même classée à la septième place aux Jeux d’Afrique de la Jeunesse au Botswana. Avec Christiane Legentil, Chrisnabelle Ravina est la deuxième meilleur judokate jamais produite par le JC de Mangue», avance Désiré Milazar.
Très connue de Christiane Legentil, Chrisnabelle Ravina a, aussi, été le partenaire d’entraînement de la championne rodriguaise. «Je la connaissais avant ses débuts, car elle n’habite pas loin de chez moi. Elle était ambitieuse et avait tout pour réussir. C’est triste qu’elle ne soit plus là pour réaliser son rêve», avoue Christiane Legentil.
Ces derniers temps, Chrisnabelle Ravina se préparait pour l’Open de Judo africain, prévu pour le mois prochain à Maurice.
Qadeer Hoybun
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