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Des résidentes sèment la pagaille au RYC (filles) | Shirley Kamanah, la directrice : «Faut-il attendre qu’il y ait mort d’homme pour réagir ?»

13 avril 2016

Des résidentes sèment la pagaille au RYC (filles)

Sa révolte, elle la dit haut et fort. Car Shirley Kamanah est à bout. «Je n’en peux plus de cette situation. Faut-il qu’il y ait mort d’homme pour que les autorités concernées réagissent ?»se demande la directrice du Rehabilitation Youth Centre (RYC) côté filles après les derniers incidents qui s’y sont produits. La semaine dernière, une de ses Prison Officers(PO) a dû recevoir des soins à l’hôpital après qu’une résidente l’a mordue au sein. Résultat : la PO a obtenu 15 jours de congé maladie pour se remettre de sa blessure. Deux autres PO ont aussi été légèrement blessées en portant secours à leur collègue.

 

Ce n’est pas tout. Le mercredi 6 avril, une interne a mis le feu à sa cellule. Elle a brûlé son matelas, les rideaux et ses effets personnels. Les sapeurs-pompiers ont dû intervenir afin de maîtriser l’incendie qui n’a heureusement fait aucun blessé. Et le lendemain même de cet incident, un groupe de filles a enfermé la directrice dans son bureau alors qu’elle était avec une de ses collègues. Elles auraient utilisé des baton moppour fermer la porte de l’extérieur. La directrice est excédée.

 

«On compte actuellement 29 filles au RYC. Et il y a un petit groupe de 8 filles qui sème la pagaille. Elles veulent leur liberté mais si elles sont là, c’est que le magistrat en a décidé ainsi et nous, en tant que Prison Officers, nous devons respecter cela et faire respecter les règles de discipline en vigueur au RYC. C’est là où ça poseproblème. Ces filles-là n’ont jamais été encadrées et elles ont du mal à se plier à la discipline. Notre travail est justement de les aider à devenir des adultes responsables et pour cela, il faut de la discipline», soutient Shirley Kamanah.

 

Elle reconnaît cependant qu’au RYC, il y en a aussi qui veulent donner une nouvelle orientation à leur existence. «Toutes les filles ne sont pas des têtes brulées. Certaines veulent vraiment réussir. Il ne faudrait pas que ces huit filles viennent tout gâcher. Il faut réagir. J’ai participé à plusieurs séances de travail et soumis des recommandations dans le but d’améliorer le service que nous offrons aux résidentes. Mais toutes ces propositions dorment dans un tiroir. Comment faire bouger les choses ? Je n’ai pas le pouvoir de faire des amendements mais des propositions. Au RYC, nous avons du cœur et nous faisons notre travail avec beaucoup de patience, de persévérance et d’amour. Nous ne pouvons rester insensibles face à ces filles qui sont délaissées par leurs parents.»

 

Par exemple, dit-elle, la fille qui a mis le feu dans sa cellule revenait d’un week-end chez ses proches. Or, ces derniers auraient fait comprendre à la direction du RYC qu’ils ne veulent plus qu’elle vienne chez eux. «Il faut aussi mettre les parents devant leurs responsabilités. Ce n’est pas possible de continuer ainsi. Tout comme il est important de mettre les enfants devant leurs responsabilités. On parle de leurs droits mais il faut aussi évoquer leurs responsabilités.»

 

Le quotidien de Shirley Kamanah et de ses collègues est devenu infernal ces derniers temps, dit-elle. «On craint pour notre sécurité. Comment faire lorsqu’un parent vient rendre visite à son enfant et qu’il lui glisse une lame de rasoir ? Et si les parents nous attendaient après le travail pour nous agresser ? On n’est plus en sécurité. Chaque jour, nous recevons des injures et sommes victimes de harcèlement. On nous critique sur notre physique, sur notre manière de nous habiller, on lance des injures contre nos familles. La liste est tellement longue.»Les infrastructures, poursuit-elle, se dégradent de plus en plus, poursuit Shirley Kamanah.«Elles se déchaînent aussi sur le mobilier.»

 

Pour, elle il est grand temps qu’il y ait des magistrats qui s’occupent uniquement des cas juvéniles. «Actuellement à Maurice, il n’y a pas de magistrat spécialisés dans ce domaine. Les affaires juvéniles sont traitées en chambre après que les magistrats ont traités tous leurs autres dossiers en cours. Il faudrait vraiment analyser cas par cas. Car il n’est pas dans l’intérêt des enfants d’être placés aussi longtemps chez nous. La plupart y sont placés jusqu’à leur majorité. Il faudrait plutôt opter pour des familles d’accueil.» Ce, dit-elle, pour le bien-être et dans l’intérêt de ces filles. Le pays est signataire de la Convention des droits des enfants. Mais ces recommandations sont-elles respectées ?

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