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Par Elodie Dalloo
22 avril 2020 12:47
Alors que Rodrigues a échappé au Covid-19 et a de ce fait vécu son dernier jour de confinement le mercredi 15 avril, elle a été touchée par d’autres drames cette semaine. Le jeudi 16 avril, alors que la vie reprenait ses droits dans la petite l’île, Christio Félicité, 31 ans, et Geraldo Lisette, 23 ans, ont trouvé la mort dans des circonstances tragiques. Le premier, parti pêcher l’ourit dans les parages de Pointe-L’Herbe, a été pris d’une crise d’épilepsie dans l’eau tandis que le second, qui s’était rendu à la digue de Baie-aux-Huîtres, s’est retrouvé piégé dans la boue. Selon le rapport d’autopsie, les deux sont morts par asphyxie due à la noyade.
La disparition tragique de Christio Félicité a laissé un vide immense dans son entourage. Après avoir perdu sa compagne, décédée des suites d’un cancer il y a environ cinq ans, le trentenaire élevait Kelly, leur fille de 10 ans, avec l’aide de sa mère. Cette dernière, connue sous le nom de Tiza, raconte que la victime cumulait des petits boulots pour subvenir aux besoins de sa famille, n’ayant pu compléter ses études. «Vu qu’il souffrait de crises d’épilepsie, il a dû arrêter l’école en Form 3. Il a bénéficié d’une pension pendant un bon moment mais en a été privé il y a six ans. Des médecins le jugeaient apte à travailler alors que ce n’était pas le cas», déplore-t-elle.
Partagée entre tristesse et colère, elle poursuit : «C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il nous a quittés dans des circonstances tragiques aujourd’hui. Il voulait que sa fille ne manque de rien et il est parti pêcher pour gagner sa vie aussitôt la levée du confinement. Malheureusement, il a fait une crise dans l’eau et s’est noyé. Si une pension lui avait été accordée, il n’aurait jamais pris un tel risque.»
Noëlla Meunier, Rodriguaise domiciliée à Maurice, a également côtoyé le trentenaire. «Je l’ai toujours considéré comme un frère. Je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’il ne soit plus parmi nous car nous nous sommes parlés il y a à peine quelques jours», lâche-t-elle, affligée. Elle ne tarit pas d’éloges au sujet de Christio. «C’était un bon vivant. Il avait ses problèmes mais ne refusait jamais de venir en aide à qui que ce soit. Il a beaucoup fait pour moi, a essuyé mes larmes à chaque fois que je n’avais pas le moral, m’écoutait à chaque fois que j’avais un souci ; c’était une lumière dans la vie de tous ceux qui le connaissaient.» Elle ajoute : «C’était quelqu’un de vraiment débrouillard. Il ne jouissait peut-être pas d’une excellente santé mais il n’a jamais hésité à mettre la main à la pâte pour venir en aide à sa famille.»
La plus grande préoccupation des proches de Christio Félicité est, aujourd’hui, le sort de sa petite. Cette dernière, placée sous la responsabilité de sa grand-mère Tiza - elle-même veuve - n’a jamais pu bénéficier d’une pension de la Sécurité sociale jusqu’ici. «Elle ne répondait pas aux critères parce qu’elle était sous la responsabilité de son père. Maintenant qu’il n’est plus parmi nous, j’espère vivement qu’elle lui sera accordée. Je ne serai pas en mesure de l’élever uniquement avec ma pension de vieillesse», s’inquiète-t-elle.
La mort de Geraldo Lisette semble avoir fait couler beaucoup de larmes, à en croire les nombreux messages qui lui ont été adressés sur les réseaux sociaux. D’après une source policière, le jeune homme s’était rendu à la digue avec ses amis afin d’y passer un bon moment. Cependant, après avoir plongé, il s’est retrouvé en difficulté dans l’eau boueuse et n’a pu remonter à la surface. Son corps sans vie a été repêché par le personnel de la National Coast Guard. D’innombrables hommages lui ont été rendus sur son profil Facebook, démontrant que la jeune victime, affectueusement appelée Nando dans son entourage, était très populaire. «To encore jeune mo cousin [...] Mo sir lao kot to eter to pou vey lor nou ti fami», dit notamment un proche. Tandis que son jeune frère Insley, très affligé, lui a fait ses adieux en lui rendant hommage à travers une vidéo.
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