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Deux pêcheurs portés disparus au large du Morne : L’espoir des proches de Rajiv Herkanaidu et Roland Laramée

18 janvier 2016

Goramah Kona Herkanaidu et Marie Janine Antonio Noël évitent de penser au pire concernant Rajiv et Roland.

Elle refuse de pleurer. Ou de penser au pire. En ce moment, Goramah Kona Herkanaidu, plus connue sous le nom d’Apam, est portée par un espoir fou. Celui de revoir son fils Rajiv vivant. Cela fait une semaine qu’elle est sans nouvelles de lui. Ce pêcheur de 47 ans est porté disparu depuis le samedi 9 janvier, tout comme son ami Roland Laramée. Les deux hommes sont sortis en mer ensemble ce jour-là au large du Morne. Ils allaient récupérer des casiers qu’ils plaçaient dans différents endroits au large de Baie-du-Cap et du Morne pour attraper des poissons-corne.

 

Apam, 75 ans, vit un calvaire depuis le 9 janvier mais refuse de croire qu’elle ne reverra jamais plus Rajiv : «J’ai l’espoir de revoir mon fils vivant. C’est mon instinct maternel qui me parle. De plus, il est ce qu’on appelle un loup de mer. Il pêche depuis qu’il est tout petit. C’est mon époux Pando qui l’a initié. Il en a fait son gagne-pain lorsqu’il a abandonné ses études.»

 

L’espoir n’empêche pas son inquiétude de grandir au fil des jours. Surtout depuis que son fils aîné Kesroo, pêcheur lui aussi, et d’autres volontaires ont retrouvé le bateau de Rajiv au fond d’une passe à 30 mètres de profondeur. La National Coast Guarda remorqué le bateau jusqu’à la jetée de Rivière-Noire pour les besoins de l’enquête.

 

Le cœur d’Apam bat la chamade à chaque fois que le portail qui donne sur la route s’ouvre : «Sak fwa mo panse ki se mo garson ki pe retourn lakaz kan mo tann enn loto arete ek tann laport ouver. Linn deza dir nou si enn zour li al lapes e pa trouv li, pa bizin kas latet, li pou retourne apre. Inn gagn so bato ek so de moter me pa so bann zafer. Se pou sa ki mo kontinye gard lespwar ki li pou retourne.»

 

Le jour de sa disparition, Rajiv a quitté son domicile vers 4 heures au volant de son 2x4 pour se rendre à Baie-du-Cap où son bateau mouille. En route, il s’est arrêté à la résidence Les Filaos, à Riambel, pour récupérer Roland Laramée. Les deux pêchaient ensemble depuis un mois déjà. La veille, Rajiv avait accompagné sa fille aînée à la SSS de Forest-Side pour son admission en Form I.

 

Le quadragénaire est également papa de deux autres filles âgées de 8 et 6 ans. Accablées par la disparition de leur père, les trois sœurs n’ont pas repris le chemin de l’école depuis la rentrée.

 

Leur mère Priya, une femme au foyer de 39 ans, prie jour et nuit pour que son époux revienne à la maison sain et sauf. Sa belle-mère et les autres membres de sa famille ont d’ailleurs organisé une Ganga Maa Pooja, une prière dédiée à la déesse Ganga.

 

L’angoisse à son comble

 

À la résidence Les Filaos, l’angoisse est également à son comble. Marie Janine Antonio Noël, 62 ans, la compagne de Roland Laramée depuis 17 ans, ne quitte pas son portable. Elle est convaincue que Roland va l’appeler pour lui dire qu’il rentre bientôt à la maison.«Sak fwa mo telefone sonn mo get byen ki sanla pe apel mwa. Premye fwa Roland gaygn problem koumsa la. Mo met tou dan lame bondie», confie la sexagénaire. Elle essaie de se rassurer par tous les moyens. «Il a toujours été pêcheur, comme son père Pitchen avant lui. Il connaît très bien la mer.»

 

Le jour de sa disparition, Roland s’est réveillé à 3 heures pour faire du thé avant de réveiller Janine. «Quelque chose d’inhabituel s’est produit ce jour-là. Après être sorti vers 4 heures, il est revenu à la maison pour me dire qu’il faisait trop noir alors qu’il ne devait parcourir que 50 mètres pour aller rejoindre Rajiv. Je lui ai alors conseillé de prendre une lampe torche. Il m’a ensuite demandé de bien verrouiller la porte. C’était la première fois qu’il me le demandait car d’habitude je sors juste après pour aller acheter du pain et des cigarettes», raconte Janine.

 

Et dire, dit-elle, que cela a fait 11 ans le 9 janvier que Marie-France, l’épouse de Roland, a trouvé la mort dans un accident de la route. Elle espère juste que cette date ne marquera pas non plus la disparition de son compagnon à jamais.

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