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8 février 2015 18:37
Connue pour être un lieu huppé de Vacoas, la rue Couvent de Lorette n’en a pas moins connu quelques épisodes sombres ces dernières années. Des drames qui ont eu lieu dans une seule et même maison, dont l’architecture contraste avec celle des demeures cossues qui l’entourent. Les murs en béton de cette petite habitation sont surmontés d’une toiture de tôles rouillées. Les vitres des fenêtres sont cassées et une dizaine de chiens, plus ou moins errants, gardent les lieux. C’est ici, chez les Beerjolall, que les tragédies se succèdent depuis 2010.
Le dimanche 1er février, ce foyer a sans doute connu le pire moment de son histoire. Noel Madelon, un sans domicile fixe accueilli au sein de la famille depuis environ trois ans, a violemment agressé son ami Yan Descombes avec un pied de biche, avant de violer la mère et la grand-mère de ce dernier. Si la mère a survécu, la grand-mère, âgée de 88 ans, est décédée à l’hôpital le lendemain. L’autopsie pratiquée sur le corps d’Irelande Beerjolall a conclu qu’elle est morte des suites du choc causé par le viol et des multiples blessures que son agresseur lui a infligées. Sa fille, âgée de 58 ans, a pu regagner son domicile après avoir été examinée par un médecin de la police. Son petit-fils, lui, est toujours soigné à l’hôpital Victoria, à Candos, où les médecins envisagent de l’amputer d’une jambe si son état ne s’améliore pas.
Aujourd’hui, Yan Descombes regrette amèrement d’avoir croisé le chemin de Noel Madelon et de l’avoir invité sous le toit familial. «C’est en allant au marché que je l’ai connu. On s’est liés d’amitié et il m’a expliqué qu’il dormait dans le marché, car ses sœurs l’avaient mis à la porte après la mort de leur mère. J’ai eu pitié de lui et je l’ai invité à rester chez nous», explique-t-il, le visage marqué par les traces de l’agression. Si Noel Madelon s’est longtemps montré cordial avec la famille, poursuit-il, son attitude avait complètement changé ces derniers mois. «Il a montré son vrai visage il y a six mois, après un accident que j’ai eu. Depuis, je ne peux pas me déplacer correctement, car je me remets d’une fracture au pied. Il a profité de mon incapacité pour faire vivre un calvaire à ma famille.»
Le jeune homme fait alors le récit des événements du dimanche 1er février : «Ce jour-là, on a commencé à boire vers 6 heures du matin. Dans l’après-midi, Noel s’est bagarré avec ma belle-mère, car elle ne voulait pas lui donner de l’argent pour acheter de l’alcool. C’est alors qu’il s’est jeté sur moi et m’a battu avec un pied de biche. Puis, il a violé ma mère et ma grand-mère à tour de rôle parce qu’elles ne voulaient pas non plus lui donner de l’argent», raconte-t-il, complètement dépassé par la tournure que cette histoire a prise.
Cependant, d’autres témoignages indiquent que les relations entre les deux hommes étaient peut-être plus complexes. Des personnes qui connaissent de près cette famille à problèmes avancent que Noel Madelon était lui-même victime de maltraitance de la part de Yan Descombes. «Avant d’avoir son accident, il le battait presque tous les jours. Noel s’est, en quelque sorte, vengé pour tout le mal qu’il a subi», font ressortir des voisins.
Quoi qu’il en soit, Christina Descombes, la sœur de Yan, attribue la descente aux enfers de sa famille à l’alcool. La jeune femme dit avoir essayé de faire entendre raison à ses proches, en vain. «J’ai dû quitter le toit familial à cause de cela. Ils se déchiraient toujours à cause de l’alcool et l’argent était une véritable source de problèmes. Ma grand-mère recevait de l’argent de sa sœur qui vit à l’étranger. Mais elle ne voyait pas la couleur de cet argent. Tout disparaissait dans l’achat de bouteilles d’alcool et elle ne mangeait que les rares fois qu’on voulait bien acheter de la nourriture», soupire-t-elle, dépitée. Elle poursuit : «Ma mère a cru bien faire en gardant Noel Madelon sous son toit quand Yan est allé en prison pour une affaire de drogue. Elle voulait qu’il y ait un homme à la maison pour assurer leur sécurité. Mais c’est le pire qui s’est produit. Notre maison a toujours été le théâtre de bagarres.»
En 2010, en effet, l’oncle de Christina et Yan, Antonio Beerjolall, a été agressé au sabre par six individus avant de rendre l’âme. Arrêtés, les meurtriers ont expliqué à la police que c’est à Yan Descombes qu’ils en voulaient pour avoir pris la femme d’un des leurs. Le jeune homme étant absent quand ils ont débarqué chez lui, ils s’en sont pris à son oncle. En 2012, c’est Karl Beerjolall qui est décédé dans des circonstances tragiques. Après une beuverie, il a été retrouvé mort carbonisé sur le matelas où il dormait à même le sol. Autant de drames qui ont marqué cette maison à part de la rue Couvent de Lorette.
Yan Descombes, agressé sauvagement, risque une amputation.
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