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Double meurtre de Camp-de-Masque-Pavé | Les parents de Tushal, le rescapé : «Notre fils est complètement traumatisé»

14 mars 2016

Le couple lance un appel au gouvernement et aux Mauriciens pour leur venir en aide.

Il ne veut plus retourner dans la maison de l’horreur. Là où la vie de sa sœur Yeshna, 13 ans, et celle de sa grand-mère Reshma, 54 ans, se sont arrêtées brutalement après qu’elles ont été poignardées par un adolescent de 17 ans le vendredi 26 février. Là où lui-même a failli perdre la vie. Car Tushal, 11 ans, l’unique rescapé du massacre de Camp-de-Masque-Pavé, est profondément meurtri et traumatisé. Encore plus depuis qu’il a appris la mort de ces deux êtres chers juste avant sa sortie de l’hôpital le mercredi 9 mars.

 

Ravi et Kiran Rughoobin, les parents de Tushal, eux-mêmes accablés par la tragique disparition de leur fille et de Reshma, la mère de Ravi, font tout leur possible pour le protéger et l’aider à retrouver, ne serait-ce qu’un peu, le moral. «On lui a appris le décès de sa sœur et de sa grand-mère à l’hôpital, avec l’aide de ses médecins qui nous ont conseillés et aidés afin que le choc ne soit pas trop brutal. Mais depuis, il est complètement anéanti, toujours perdu dans ses pensées. Il était très attachée à sa grand-mère et il considérait sa sœur comme sa meilleure amie», confie Ravi d’une voix triste.

 

Depuis que le petit a été autorisé à sortir de l’hôpital, c’est loin du lieu du drame que ses parents et lui ont trouvé refuge. «Il ne veut pas retourner là-bas. C’est tout à fait normal car aller là-bas lui fera revivre ce cauchemar. Son moral est au plus bas mais on essaie de lui faire oublier même si cela semble impossible. On séjourne actuellement chez des proches. C’est mieux», explique le père de famille. Son fils, dit-il, ne dort presque pas la nuit, hanté par ce drame qui l’a probablement marqué à vie.

 

Pour le moment, Ravi et Kiran se concentrent sur la santé de Tushal et dès qu’il ira mieux, ils l’emmèneront avec eux en Australie, où ils vivent depuis deux ans. Mais là encore, quelques obstacles font barrage. «Pour rentrer à Maurice après ce drame, nous avons puisé de nos maigres économies. Nos amis mauriciens vivant en Australie, et même ceux qu’on ne connaissait pas, nous ont aidés à financer nos billets. Et pour rentrer, il nous faut réunir l’argent nécessaire pour payer nos trois billets. De plus, en Australie, il va nous falloir payer notre loyer et financer nos dépenses courantes.»

 

Il lance un appel au gouvernement et aux Mauriciens afin que ceux-ci leur viennent en aide. «Ceux qui souhaitent nous aider et nous rencontrer peuvent nous appeler au 5828 6667. Ils peuvent nous rencontrer, ma femme et moi, mais pas notre fils car nous ne voulons pas l’exposer. Il est tellement traumatisé.»

 

Appel à l’aide

 

Veer Rughoobin, le frère de Ravi, se retrouve lui aussi dans une situation difficile. Installé depuis cinq ans en Australie avec son épouse, il craint de ne pas retrouver son emploi à son retour dans son pays d’adoption. «J’ai 90 % de chance de perdre mon emploi. Nous sommes partis dans la panique sans que je puisse avertir mon employeur et nous sommes ici depuis deux semaines. Il se peut qu’on m’ait déjà remplacé et trouver du travail là-bas est très difficile. Il y a un autre problème. Ma femme ne pourra pas  prendre part à ses examens prévus en juin dans le but de décrocher son degré. Car elle a manqué les cours pendant deux semaines. D’ailleurs, l’université lui a déjà fait parvenir un e-mail en ce sens. Elle devra attendre décembre», souligne Veer Rughoobin, l’air perdu.

 

Une chose rassure un peu les frères Veer et Ravi : leur père Sooresh a finalement accepté de suivre ses enfants en Australie. «Il a construit cette maison de ses mains. Nous ne sommes pas une famille riche et nous avons fait des sacrifices pour avoir une vie meilleure. Voilà que tout s’est envolé. Mon père ne voulait pas quitter sa maison, mais on ne peut pas le laisser seul ici. Avec beaucoup de difficultés, il a accepté de venir avec nous en Australie. Mais là aussi, il nous faut trouver l’argent pour financer son billet.»

 

Pour l’heure, la priorité des Rughoobin reste le rétablissement du petit Tushal pour qui le chemin de la reconstruction risque d’être très long.

 


 

Une marche en hommage à Yeshna et Reshma

 

Les proches de Yeshna et Reshma Rughoobin organisent une marche en hommage à ces dernières le mercredi 16 mars, à partir de 11 heures. Celle-ci commencera au parking du Flacq Shopping Mall pour se terminer au parking de Flacq Cœur de Ville, en passant par l’avenue François Mitterrand, l’avenue Ste Ursule, entre autres. Ils invitent tous les Mauriciens à se joindre à eux pour dénoncer cet acte d’une violence inouïe qui leur a arraché deux êtres chers et aussi dire non à la violence en général.

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