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Enquête judiciaire au tribunal de Souillac

Dinesh Kumar Khorug : «Il n’y avait rien d’anormal chez Pravin Kanakiah avant sa disparition»

5 décembre 2024

Me Damodarsingh Bissessur, Senior State Counsel.

«C’était mon collègue. Nous partagions le même espace au bureau. Nous étions à cinq. J’étais très proche de lui. On prenait nos pauses déjeuner ensemble presque tous les jours. Nous prenions également nos tea breaks ensemble. Pravin Kanakiah était un employé exemplaire. Il était discipliné. Il était également très méticuleux dans son travail. Il n’y avait rien d’anormal chez Pravin Kanakiah avant sa disparition. Il avait toujours été gentil», a souligné le Customs Officer.

 

L’habitant de Bois-Chéri a expliqué que Pravin Kanakiah, qui travaillait comme du Procurement & Supply Officer, et lui s’étaient vus et parlés pour la dernière fois le 9 décembre 2020. C’était la veille de la mystérieuse disparition de celui-ci. «Nous avions une importante réunion à préparer pour le lendemain. À ma connaissance, il n’y avait rien d’anormal chez lui. Il ne semblait pas stressé dans sa vie professionnelle», s’est souvenu Dinesh Kumar Khorug.

 

L’ancien Management Support Officer a avancé qu’il y avait toutefois une chose qui troublait son ancien collègue sur le plan personnel. «Il m’avait dit que son fils avait 3 ans, qu’il craignait que ses beaux-parents ne puissent lui fournir le même amour puisque son épouse était enceinte de leur second enfant», a souligné Dinesh Kumar Khorug. À un certain moment, Me Damodarsingh Bissessur l’a interrogé  sur la lettre de transfert de Pravin Kanakiah. 

 

«What was his state of mind?» lui a demandé le Senior State Counsel. L’habitant de Bois-Chéri lui a alors déclaré : «Il n’était pas affecté sur le plan professionnel. Le seul truc qui le préoccupait était le fait qu’il allait devoir rouler un peu plus pour se rendre au travail. Il disait qu’il allait également devoir acheter une autre voiture pour son épouse. Il avait pour habitude de la déposer à Ébène avant de prendre son service à Réduit.»

 

Lors de son audition, Dinesh Kumar Khorug a souligné que Pravin Kanakiah «n’était pas un gambler», même s’il était un grand fan de football. «Il s’intéressait aussi à tout ce qui concerne l’éducation de son fils», a affirmé le témoin. À un autre moment, le Senior State Counsel lui a demandé s’il connaissait Reshmee, l’épouse de Pravin Kanakiah et il a répondu par l'affirmative. «Nous avons fait nos études ensemble», a-t-il dit.

 

Et d’ajouter : «Nous étions dans le batch 2010 à 2013 à l’université de Maurice. Nous n’étions pas proches. Nous n’avons pas gardé contact après nos études. Nous nous sommes revus après, lorsque son époux et moi avons travaillé ensemble à la GAD.» Dinesh Kumar Khorug a dit avoir appris la mystérieuse disparition de son collègue vers 17 heures, le 10 décembre, par le biais d’une collègue. «Son épouse m’a ensuite téléphoné pour me demander si j’avais vu Pravin ce jour-là.»

 

En cour, l’habitant de Bois-Chéri a expliqué qu’il avait téléphoné à Pravin Kanakiah à plusieurs reprises ce jour-là entre 17 heures et 19 heures, mais qu’il n’était pas joignable. «Il n’y avait pas de tonalité sur son téléphone», s’est souvenu Dinesh Kumar Khorug. Il a aussi souligné qu’il avait quitté le bureau à midi, ce jour-là, pour aller faire un check-up médical. Il a raconté qu’il était en local leave le lendemain. «Un cousin pompier avait mis fin à ses jours. Je devais également réviser pour concourir à un examen d’entrée pour la MRA.»

 

Lors de son audition, Dinesh Kumar Khorug a également relaté un fait troublant. Il a raconté qu’un avocat, ami de sa famille, avait envoyé un message dans un groupe WhatsApp, dont il était membre avec 45 autres personnes, pour dire qu’il était en possession d’une photo compromettante de Pravin Kanakiah qui éliminerait la thèse de suicide. Il a souligné qu’il avait ensuite conversé avec l’homme de loi pour en savoir plus, précisant que celui-ci avait toutefois refusé de lui envoyer la photo en question. 

 

La Major Crime Investigation Team avait interrogé Dinesh Kumar Khorug, le 20 décembre 2020. «J’étais anxieux. C’était la première fois que je consignais une déposition. J’ai dit les choses qui me sont passées par la tête. C’est la raison pour laquelle la version en cour aujourd’hui est différente», a affirmé le Customs Officer. L’affaire Kanakiah a éclaté le 11 décembre 2020 lorsque la police a retrouvé sa dépouille à La Roche-qui-Pleure. 

 

Le fonctionnaire portait un pantalon avec une ceinture défaite ; il était torse-nu et n’avait qu’une seule chaussure au pied. Son épouse avait signalé sa disparition au poste de police de Moka la veille. Dans son rapport d’autopsie, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médico-légal de la police, a attribué le décès à une «traumatic subarachnoid haemorrhage». Intriguée par cette disparition bizarre et la découverte macabre qui avait suivi, Reshmee Kanakiah avait demandé une contre-autopsie. Menée par le Dr Satish Boolell, celle-ci a également conclu à une hémorragie.

 

Toutefois, la famille du défunt rejette la thèse de suicide évoquée par la police et penche plutôt pour un acte criminel. Les travaux de l’enquête judiciaire se poursuivront le 12 décembre avec une nouvelle audition de Dinesh Kumar Khorug. Une employée de la Mauritius Union Assurance sera également auditionnée. 

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