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16 juin 2015 01:33
Sa quête de la vérité pourrait bientôt aboutir. Même si cela ne lui rendra pas son enfant, cela lui permettra d’apaiser un peu sa douleur. En 2013, Géraldine Roméo, aujourd’hui âgée de 24 ans, a perdu le bébé qu’elle a eu par césarienne. Puis, comme elle faisait une hémorragie, le personnel médical lui a enlevé l’utérus. Depuis, cette ancienne habitante de Souillac crie à la négligence médicale. Cette semaine, le Directeur des poursuites publiques a ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire sur ce cas qui avait été évoqué dans nos colonnes pour situer les responsabilités.
«Je suis très satisfaite. J’espère connaître la vérité sur toute cette affaire, car je suis toujours dans le flou. Je ne sais toujours pas pourquoi mon bébé est mort et pourquoi on m’a enlevé l’utérus. Je n’ai que 24 ans. Je n’aurai plus jamais la chance d’enfanter», se désole Géraldine. Dans le cadre de l’enquête judiciaire, la jeune femme devra déposer en cour le 19 juin. Sa mère Nathalie, son père Thibault et son époux Cédric Anelard, un Réunionnais, sont également convoqués. Mais ce dernier, un technicien en informatique, ne pourra faire le déplacement pour des raisons professionnelles. Géraldine et Cédric se sont mariés à La Réunion le 2 mai, puis sont venus en lune de miel à Maurice. La jeune femme est ensuite restée dans l’île pour les besoins de l’enquête judiciaire alors que son mari a dû rentrer.
Géraldine est plus que jamais déterminée à savoir ce qui s’est passé et qui en est responsable. «Je veux savoir à qui incombe la faute. Notre convocation dans le cadre de cette enquête judiciaire est déjà une très bonne chose», confie la jeune femme.
C’est en 2013 que sa vie se trouve bouleversée. Géraldine attend son premier enfant et son mari et elle sont au comble du bonheur. Tout se passe bien jusqu’au huitième mois de grossesse. Le 31 octobre, Géraldine, qui vit chez sa mère Nathalie à Souillac, commence à souffrir de diarrhée et de vomissements. Sa mère l’accompagne à l’hôpital de la localité en début d’après-midi. Elle est admise après avoir été examinée par un généraliste. Mais ce n’est que tard dans la soirée qu’une ambulance la transfère à l’hôpital de Rose-Belle pour y recevoir des soins appropriés.
Selon Nathalie, le bébé était toujours en vie à ce moment-là : «J’avais eu une conversation téléphonique avec Géraldine ce soir-là vers 20h30. Je me souviens qu’elle m’a dit qu’elle était seule dans une salle et que le spécialiste ne l’avait pas encore examinée. Elle m’avait dit que le bébé bougeait toujours dans son ventre. En revanche, le cœur du bébé battait anormalement. Le personnel soignant l’a, par la suite, transférée à l’hôpital de Rose-Belle, car celui de Souillac n’a pas tous les équipements nécessaires et il n’y a pas de spécialistes 24h/24.»
L’état de santé de Géraldine commence à se détériorer le lendemain ; elle ressent d’atroces douleurs au ventre. Elle apprend par la suite, après examen, que son bébé est déjà mort dans son ventre et qu’il va falloir qu’elle soit opérée. La jeune femme appelle sa mère pour la tenir au courant. Environ 15 minutes plus tard, Nathalie reçoit un autre appel de l’hôpital qui l’informe que l’état de santé de sa fille est grave et qu’elle doit se rendre sur place d’urgence. Sur place, elle apprend que sa fille est dans le coma aux soins intensifs et qu’il y a eu des complications.
Géraldine a mis au monde une fille que son père a prénommée Lucy. Le désarroi de la famille est à son comble. Alors que les funérailles du bébé ont lieu, les ennuis de santé de sa mère se succèdent. Elle fait une hémorragie. Le personnel médical décide alors de l’opérer pour lui enlever l’utérus. Géraldine, qui a perdu son premier enfant, ne pourra plus jamais avoir d’enfant. Aujourd’hui encore, la jeune femme ne comprend pas cette décision du personnel soignant et tout ce qui a conduit à cette situation.
Les nombreuses questions que sa famille et elle se posent restent sans réponses. «Pourquoi avoir attendu autant avant de m’emmener à l’hôpital de Rose-Belle ? Pourquoi quatre autres personnes ont-elles été transférées là-bas avant moi ce jour-là ? Pourquoi le généraliste de l’hôpital de Souillac n’a-t-il pas informé le gynécologue de garde ?» se demande sans cesse Géraldine.
Sa liste d’interrogations est loin d’être finie : «Est-ce que c’est à la suite de la césarienne que j’ai fait une hémorragie ? Tout cela est révoltant. On veut aussi me faire croire que j’ai eu la jaunisse. Pourquoi ne m’a-t-on pas fait accoucher plus tôt dans ce cas ? Si ce médecin avait fait son travail comme il le faut, mon bébé serait peut-être encore en vie», pleure Géraldine. Sa douleur est immense, mais elle espère que l’enquête judiciaire sur son cas lui apportera un peu de baume au cœur.
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