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15 décembre 2015 11:35
Dans son costume noir, Fabien ressemble à une ombre qui vacille. Il garde la tête baissée et les larmes perlent sur sa joue et s’écrasent sous son menton qu’il ne prend même pas la peine d’essuyer à l’aide du mouchoir complètement trempé qu’il serre entre ses mains. Sous la chaleur accablante, Fabien regarde de loin la petite foule réunie dans sa cour à Bambous pour rendre un dernier hommage à son père Jean Gérard Dimba, 51 ans.
De temps à autre, à travers une petite tape dans le dos, des jeunes hommes viennent lui présenter leurs sympathies et montrer leur solidarité dans ce terrible moment. Fabien, le visage assombri par la tristesse, s’effondre à chacun de ces gestes. Conscient qu’après le drame qui a heurté sa famille de plein fouet, plus rien ne sera pareil pour lui et les siens.
Le mardi 8 décembre, sa vie a basculé dans l’horreur et le chagrin. Son père Gérard Dimba a été brûlé vif par son fils Fabio, âgé de 20 ans. Grièvement touché, l’homme a été transporté d’urgence à l’hôpital par une équipe du SAMU. Toutefois, avant de mourir, il a pu dire à la police que c’était son fils qui était responsable de son état.
Alors que son épouse Sylvie avait, lors d’une première interrogation par les enquêteurs, déclaré que son mari avait tenté de mettre fin à ses jours en s’immolant. Son fils Fabio et elle ont été arrêtés et inculpés provisoirement pour meurtre et culpable omissionrespectivement et sont maintenus en cellule policière. La police a objecté à leur remise en liberté sous caution jusqu’à leur prochaine comparution en cour le 16 décembre. Mère et fils ont tous deux demandé une assistance légale dans cette affaire.
Fabien, de son côté, essaie toujours de comprendre. «Je n’arrive pas à expliquer l’acte de mon frère. Dans le passé, il a eu quelques ennuis avec mon père, mais il n’a jamais agi avec violence à son encontre», soutient Fabien, dont le désarroi fait peine à voir. «En une fraction de seconde, j’ai perdu toute ma famille. Je ne sais plus quoi faire maintenant», murmure Fabien qui ne peut cacher ses émotions.
C’est aux alentours de midi en ce mardi 8 décembre que le drame s’est joué au domicile des Dimba à Cité Mon Repos, Bambous. Tout cela parce que Gérard, peintre-carrossier de son état, aurait refusé une avance à son fils Fabio qui travaille avec lui depuis quelques années. «Ils avaient peint la voiture d’une personne deux jours plus tôt. Et Fabio voulait que son père lui remette une certaine somme d’argent. Mais Gérard a refusé. Fabio ne cessait de dire qu’il allait le brûler vif. Et il l’a finalement fait», confie un proche de l’accusé sous le couvert de l’anonymat. Dans un accès de colère, le jeune homme a saisi une bouteille de thinneret en a aspergé son père avant de craquer une allumette.
Mireille Dimba, la belle-sœur de la victime, qui a assisté à l’horrible scène, raconte. «J’étais dans la cour lorsque j’ai vu mon beau-frère en feu. Je ne comprenais pas ce qui se passait. J’ai tenté d’éteindre le feu avec de l’eau et je l’ai enveloppé dans un drap. Puis, la police et le SAMU sont arrivés», raconte-t-elle, sous le choc.
Son beau-frère, dit-elle, était un homme sans histoire qui passait le plus clair de son temps à travailler et à bavarder avec ses amis de la localité. «Il est originaire de Curepipe. C’est après le cyclone Hollanda qu’il s’est installé à Bambous, car il avait perdu sa maison.»Mais Fabio, à en croire certains de ceux qui le côtoient, était d’une autre nature. «Il n’a pratiquement pas été à l’école. Il a arrêté en CPE après un échec. Il traînait les rues jusqu’à ce que son père l’initie au métier de peintre-carrossier. Mais ils étaient toujours à couteaux tirés. Surtout concernant l’argent. Car Fabio avait de grands rêves. Il voulait avoir une maison, une voiture, porter des vêtements de marques. Bref, il voulait mener la belle vie. Mais l’argent qu’il gagnait était loin de pouvoir satisfaire à tous ses besoins», confie un ami de Fabio qui n’a pas voulu dire son nom.
Il souligne aussi que le jeune homme avait des accès de violence, surtout vis-à-vis de son père : «Il ne consomme pas d’alcool et ne fume pas. Car il voulait être différent de son père qui était alcoolique. L’état de son papa le rendait fou de rage par moments», précise-t-il. Mais Fabien et sa tante Mireille, quant à eux, réfutent ces allégations. «Fabio n’était pas violent. Dans le passé, il a eu quelques problèmes avec mon père. Sans plus», fait ressortir Fabien qui se retrouve maintenant seul pour traverser cette douloureuse étape.
Dieu seul sait quand son frère et sa mère retrouveront la liberté alors que son père, lui, est parti à tout jamais dans des circonstances tragiques qui ont détruit sa famille.
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