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Frappés par erreur après la profanation d’un temple

14 septembre 2015

Nausheen a été frappée au bras avec un gourdin.

Les contusions et la présence policière devant leur domicile leur rappellent sans cesse l’agression dont ils ont été victimes. Akmez Khaidoo, un trainee police constable de 22 ans, son père Kalil, 62 ans, traffic officer à la Corporation nationale de transport, et sa soeur Nausheen, 27 ans, ont été passés à tabac dans la soirée du 5 septembre. Tout ça par erreur. Car les agresseurs ont confondu le jeune policier avec un autre policier portant pratiquement le même patronyme que lui et qui aurait été impliqué dans la profanation d’un temple à Camp-Diable, plus tôt dans cette même soirée.

 

Il est 21h20 ce samedi-là quand Kalil entend un bruit inhabituel au portail de sa cour, à la rue Prud’homme, Rivière-des-Anguilles. En allant voir ce qui se passe, il constate avec effroi qu’un homme est en train de fracasser le cadenas du portail avec un sabre. Très vite, le verrou cède et un groupe de personnes encagoulées fait irruption dans la cour. «Je n’ai pas eu le temps de leur demander des explications. L’un d’eux m’a donné un coup de sabre à la tête. J’ai dû me faire poser huit points de suture. Deux autres m’ont ensuite frappé avec des barres de fer sur le dos», raconte Kalil.

 

En entendant les cris de son père, Nausheen descend à toute vitesse. Voyant celui-ci en sang, elle tente de lui porter secours. Mais elle est agressée à son tour. «On m’a donné des coups sur le bras lorsque j’ai voulu intervenir pour porter secours à mon père. Ils ont cessé quand mon frère Akmez est descendu pour nous défendre. Nous nous sommes alors enfuis en passant par l’arrière cour», raconte Nausheen. Les agresseurs s’en sont alors pris à Akmez. «J’ai reçu des coups de barre de fer au dos et à l’estomac. J’ai aussi été frappé aux mains avec des gourdins et j’ai reçu un coup de sabre à l’oreille. J’ai trois points de suture à cet endroit», souligne le jeune constable.

 

Kalil, 62 ans, a reçu un coup de sabre à la tête.

 

Alertés par les cris stridents d’Akmez et des autres membres de sa famille, des voisins accourent. Ce qui fait fuir le groupe d’individus qui avait aussi saccagé plusieurs vitres de la maison et deux voitures : une Nissan et une Proton. «De loto la total loss net alor ki nu ti fek refer la pintir ek latol. Zot inn kraz sa ar larche bardo. Zot finn osi tap kout sab lor plizir kitsoz dan nu la kour», s’insurge Kalil. Depuis cette nuit-là, le sexagénaire et les siens ne dorment plus. «Nous sommes stressés. Nous avons vécu l’horreur. Nous vivons dans la peur depuis cette nuit-là», précise Kalil et les siens. Outre les blessures, ils estiment les dégâts matériels causés à plus de Rs 300 000.

 

Les Khaidoo sont toujours dans le flou concernant les circonstances de l’acte ignoble dont ils ont été victimes. Mais Akmez a sa petite idée : «Je pense que ceux qui nous ont tabassés se sont trompés à cause de notre patronyme. Le policier qui a été arrêté pour avoir profané un kovil à Camp-Diable s’appelle Yamez Khedoo et moi, je me prénomme Akmez Khaidoo. Je suis également policier.»

 

Le jeune constable et sa famille bénéficient d’une présence policière permanente devant leur maison depuis le mercredi 9 septembre suite à une altercation avec un autre habitant de la localité. Les Khaidoo ont également appris que neuf personnes ont été arrêtées dans cette affaire. «Nou soulaze inpe me nou fatige moralman ek fizikman ek sa zafer la», lâche Kalil qui veut oublier cette horrible soirée.

 


 

L’inspecteur Shiva Coothen du service de presse de la police : «La police sera sans pitié avec les fauteurs de troubles»

 

Le message des Casernes centrales est très clair. «La police sera sans pitié avec les fauteurs de troubles», déclare l’inspecteur Shiva Coothen du service de presse de la police. Il précise que 15 personnes, dont des facebookers, sont en détention dans le sillage des incidents dans le Sud après la profanation d’un kovil. Ils font l’objet d’une charge provisoire de stiring up civil war et risquent la prison à vie.

 

À vendredi, 9 128 véhicules avaient également été contrôlés suivant cette affaire. La police a ainsi servi 155 contraventions en lien avec des Road Traffic Offences et arrêté un automobiliste de 18 ans, à Beau-Bassin. Il avait un «dibwa koulou» dans le coffre de sa voiture et fait l’objet d’une charge provisoire de bearing offensive weapon.

 

Shiva Coothen souligne que la police va maintenir son déploiement à travers le pays, avec des barrages et des road blocks. La Cyber Crime Unit de la police effectuent également des cyber patrouilles tous les jours. «Les internautes qui postent des propos incendiaires sur Internet seront traqués s’ils font du tort à la paix sociale», précise le responsable du service de presse de la police.

 


 

SAJ vs Ramgoolam : ça a «clashé»!

 

La guéguerre politique de cette semaine a opposé le chef du gouvernement et l’ancien Premier ministre. Au cœur de ce débat par médias interposés : les propos de sir Anerood Jugnauth concernant les incidents survenus dans le Sud le week-end dernier. Lors d’un point de presse, le lundi 7 septembre, le Premier ministre s’était exprimé avec fermeté pour condamner ces dérapages, mais avait aussi parlé de la possibilité d’instituer l’état d’urgence et de son impression qu’il s’agissait d’un complot politique «pour déstabiliser le gouvernement et l’empêcher de mettre de l’ordre dans le pays».

 

Le lendemain, répondant à la Private Notice Question de Paul Bérenger, sur le même sujet, il mettait en cause certains membres du PTr en nommant Rama Valayden, le tout dernier venu au Square Guy Rozemont («I warn him !»). Navin Ramgoolam n’allait pas tarder à réagir. Lors d’un point de presse, le mercredi 9 septembre, après avoir condamné les actions de «certains pyromanes», il a déclaré que SAJ était en train de paniquer : «Il accuse Rama Valayden sans preuve (…) Et puis, il devrait savoir que, parler de l’état d’urgence, c’est dangereux.» Pour le leader du PTr, le Premier ministre a dérapé : «Il est malheureux qu’il ait essayé de tirer un capital politique de ces incidents. Il accuse Rama Valayden, le PTr et d’autres dirigeants travaillistes pour créer une psychose dans le pays afin d’instaurer l’état d’urgence. Il fait des allégations sans aucune preuve.»

 

Jean Marie Gangaram et Yvonne Stephen-Lavictoire

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