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Fratricide à Trois Boutiques | Nicolas Goorun : «Mon frère a tué mon autre frère en légitime défense»

19 octobre 2015

L’aîné est derrière les barreaux alors que le cadet (en médaillon) a perdu la vie.

Du regret, il en a beaucoup depuis ce tragique vendredi soir. Nicolas Goorun, 29 ans, se trouvait chez lui à Trois Boutiques lorsque ses deux grands frères, François, 34 ans, et Curtis, 32 ans, se sont disputés une fois de plus. Et lors de cette énième altercation entre les deux, l’aîné a assené un coup de couteau à son cadet et l’a atteint à l’œil alors que celui-ci le tabassait. Curtis a succombé à ses blessures quatre jours plus tard. François, qui est partiellement handicapé depuis un accident de moto, a été arrêté et placé en détention. Il fait l’objet d’une charge provisoire d’assassinat.

 

Mais Nicolas, tout en étant très triste d’avoir perdu Curtis dans ces circonstances tragiques, le défend bec et ongles. «Mon frère François a tué mon frère Curtis en légitime défense», martèle-t-il. Ce n’était un secret pour personne, dit-il, que Curtis devenait incontrôlable à chaque fois qu’il rentrait à la maison complètement ivre.

 

Le soir fatidique, ce pêcheur qui était aussi coupeur de cannes, avait effectivement pris quelques verres de trop, souligne Nicolas : «Nos parents sont décédés. Nous habitons tous sous le même toit, sauf France, le jumeau de François, qui habite à Le Bouchon avec sa famille. Nous avons pour habitude d’ignorer les insultes de Curtis lorsqu’il rentre à la maison complètement ivre. Ce soir-là, il a croisé François dans le couloir qui mène à leur chambre respective et une dispute a éclaté.»

 

François aurait demandé à Curtis – qui était rentré à la maison vers 21 heures – de se calmer, car son fils de 3 ans et demi et sa fille d’un an et demi étaient déjà au lit avec sa femme Anouscha, 28 ans, enceinte de presque neuf mois. D’ailleurs, elle doit accoucher incessamment. Cependant, Curtis n’aurait rien voulu entendre et aurait commencé à frapper François qui marche avec des béquilles depuis son accident le 30 mai durant lequel il s’est fracturé le tibia et un orteil. Nicolas, qui pilotait la moto ce jour-là, avait lui aussi été blessé et marche depuis à l’aide d’un déambulateur. Les deux touchent une pension d’invalidité sur une base temporaire.

 

«En entendant leurs cris, je suis sorti de ma chambre pour tenter de les séparer, raconte Nicolas. François ne faisait que se défendre avec ses béquilles sous les coups et les insultes de Curtis. À un certain moment, pour se défendre, mon grand frère s’est saisi d’un couteau de cuisine et a assené un coup à Curtis. Ce qui l’a fait tomber sur le sol.» Curtis s’est mis à saigner abondamment.

 

Ses frères ont alors sollicité l’aide de la police et du SAMU, mais ces derniers ne sont jamais venus : «Se dan transpor enn volonter ki nu finn resi amenn Curtis lopital sa swar la. Ariv laba nu truv de lanbilans lor parking. Nu ti rod port plint Rose-Belle me zot ti dir nu bizin al Candos pu sa. Fot letan ek larzan nu pa finn kapav fer sa.» Quatre jours plus tard, Curtis a succombé à des lésions cérébrales.

 

Après son arrestation, François a déclaré à la police que c’est en se défendant qu’il a porté le coup fatal à son frère. Il a participé à une reconstitution des faits après sa comparution devant le tribunal de Mahébourg.

 

Chez les Goorun, la vie a viré au cauchemar et l’atmosphère est plus que pesante. Avec Curtis qui est décédé tragiquement et François qui est en cellule pour meurtre, tous sont accablés. Surtout Anouscha qui est actuellement à l’hôpital pour son troisième accouchement. Heureusement que les deux enfants du couple ont été pris en charge par les autres proches. «Zot pe res ar mo mem parski mo parey kuma zot papa. Zot pe res rod li mem sak kou nu pe bizin rakont zot enn zistwar. Se ki finn ariv nou fami la bien dir», souligne France. Il envisage de faire des démarches auprès de la Sécurité sociale pour permettre à sa belle-sœur de toucher une aide sociale.

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