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Frère et sœur périssent dans un incendie à Triolet | Leur mère : «Je n’ai plus aucune raison de vivre»

29 août 2016

Lekha, dévastée après le décès de ses deux enfants.

Dans sa douleur, Lekha Unuth n’a qu’une seule option. Celle de continuer à vivre et avancer. Même si elle n’en a pas envie. «Il ne me reste plus rien. Je n’ai plus aucune raison de vivre», se lamente-t-elle, les larmes aux yeux. Il y a neuf ans, sa vie s’était écroulée lors du décès de son époux Parmanand qui laissait derrière lui ses deux enfants, Dooshika et Sobhum, alors en bas âge. «Il était très difficile pour moi de subvenir à leurs besoins. Mais j’ai tout fait pour qu’ils ne manquent de rien, pour assurer leur éducation et leur avenir», soupire cette habitante de Triolet, drapée dans un sari fuchsia. Mais il y a une semaine, tous ses efforts pour assurer l’avenir de ses enfants sont partis en fumée, réduits à néant en un rien de temps.

 

Dooshika, 14 ans, et Sobhum, 17 ans, sont décédés dans l’incendie qui a ravagé leur maison aux petites heures du matin le dimanche 21 août. Un incendie qui aurait été causé par une lampe en terre cuite que la famille utilisait pour la prière. Celle-ci serait restée allumée dans le salon et aurait été en contact avec les meubles en bois et les rideaux qui se trouvaient dans cette pièce. L’incendie s’est propagé à une vitesse folle dans cette maison située au premier étage.

 

Une semaine après le drame, Lekha survit comme elle peut. Persuadée qu’elle ne pourra, un jour, oublier l’horreur qu’elle avécue. «Je ne le pourrai jamais», dit-elle dans un murmure à fendre le cœur. Massées sous une tente, d’autres femmes essaient de la réconforter alors que les hommes, eux, s’affairent à ramasser les matériaux ayant servi pour les funérailles des deux victimes. De la maison de Lekha, il ne reste plus rien. Seuls les murs, complètement noircis par le feu, tiennent encore debout. De temps à autre, ceux présents ne peuvent s’empêcher de lever la tête pour fixer, ne serait-ce que quelques secondes, ce qui reste de la maison de Lekha Unuth, avant de détourner les yeux, le visage ravagé par le chagrin.

 

Demi-tour

 

Ce soir-là, Lekhaa été réveillée par une forte chaleurdans la maison. «J’ai vite compris qu’il y avait le feu. J’ai réveillé ma fille qui dormait dans le même lit que moi. Mon fils, lui, dormait dans la même chambre, mais dans un autre lit. Je l’ai appelé et lui ai demandé de se lever car la maison était en feu. Ma fille me suivait. Et je croyais que mon fils en faisait de même. Mais ne le voyant pas, ma fille a fait demi-tour pour aller le chercher. Mais elle n’est pas revenue, prise au piège par le feu», soupire-t-elle d’une voix complètement brisée. Ses enfants, dit-elle, étaient  ses «anges» et faisaient son bonheur.

 

Née le 11 avril 2002, Dooshika était élève en Form IIIau collège DAV, à Morcellement St André. Selon Lekha, elle rêvait de faire carrière dans l’industrie de la mode. «Elle avait déjà fait son choix quant aux matières qu’elle allait étudier en Form IV.Elle voulait étudier le Fashion & Design. Car elle adorait tout ce qui avait trait à la mode. Elle passait son temps à éplucher les magazines de modeet à chercher des informations à ce sujet sur Internet.»

 

Sobhum, lui, est né le 11 mai 1999. Guitariste amateur, il allait participer, pour la seconde fois, aux examens du School Certificate. «Il aurait fêté ses 18 ans l’année prochaine. Mais il ne comptait pas poursuivre ses études. Il voulait se lancer dans le monde du travail afin de m’aider. On avait décidé d’élargir mon business de ‘‘food street’’ et il voulait lancer le pain kebab, entre autres», confie Lekha qui garde au fond de son cœur meurtri les meilleurs souvenirs de ses deux «anges» pour survivre à l’horreur… Sa seule option.

 


 

Le Fire Service : «Le détecteur de fumée doit devenir obligatoire»

 

Suite aux récents incendies survenus à travers l’île, le Mauritius Fire and Rescue Serviceest d’avis que le pays doit s’aligner sur les normes internationales. «Le gouvernement doit venir avec de nouvelles mesures. Par exemple, en rendant l’installation d’un détecteur de fumée obligatoire dans chaque maison. Comme cela a été le cas pour le disjoncteur pour interrompre une surcharge ou un court-circuit électrique», souligne le Senior Station OfficerMoideen. Selon lui, seulement 10 % de la population a desdétecteurs de fumée installés à domicile.

 

Le Station Officer Aumeer, le Senior Station Officer Moideen et le Station Officer Dercy.

 

Actuellement, dit-il, le Fire Service mène des campagnes de sensibilisation dans les écoles, les centres de jeunesse, entre autres, afin de parler des risques et des précautions pour éviter les incendies à domicile. Mais, regrette-t-il, le manque de personnel ne permet pas d’élargir les causeries au grand public. «Il nous faut une campagne de proximité car il y va de la sécurité de nos citoyens.»

 

Le Station Officer Dercy déplore, lui, que beaucoup de familles fassent appel aux pompiers en dernier recours. «Elles nousappellent tardivement, soit lorsqu’elles ont tenté d’éteindrele feu et n’y sont pas parvenues. Certains appellent la police avant. Mais les procédures de la police sont différentes de celles des pompiers. La police doit vérifier s’il y a vraiment un incendie avant de nous appeler, alors que si on appelle le 115, les pompiers se déplacent dans la minute.»Le Station OfficerAumeer insiste aussi sur le fait qu’il faut appeler le 115 immédiatement quand un incendie éclate. «Une personne non formée ne saura pas comment éteindre un feu. Surtout lorsque l’incendie est important. Il faut faire appel au 115», insiste-t-il.

 

Les précautions à prendre selon le Fire Service

 

Avoir un extincteur de feu à la maison et savoir s’en servir.

 

Éteindre les bougies ou les lampes après utilisation.

 

Fermer les bonbonnes de gaz après utilisation.

 

Vérifiez la date d’expiration de votre raccord à gaz. S’il est exposé au soleil, il s’abîmera plus vite que prévu. Pensez à le vérifier régulièrement. Si vous apercevez des coupures, changez de raccord à gaz immédiatement.

 

Éteindre toutes les prises électriques après utilisation et avant d’aller au lit.

 

Vérifier que le fer à repasser est bien éteint après utilisation.

 

Ne pas mettre le téléphone portable sur le lit lorsque vous êtes en train de charger la batterie de votre appareil.

 

Ne pas poser votre ordinateur portable sur le lit lorsque vous êtes en train de charger la batterie de votre appareil.

 

Pour les douches à gaz, assurez-vous de faire installer votre appareil par un professionnel. Ayez toujours une ouverture afin de laisser échapper le monoxyde de carbone. Si vous ne disposez pas d’une bonne ouverture, pensez à faire installer un extracteur de monoxyde de carbone pour éviter tout risque d’empoisonnement et de mort subite.

 

Bon à savoir…

 

Selon les officiers du Fire Service, il y a trois éléments qui contribuent à un incendie : une source de chaleur, une matière combustible et de l’oxygène.

 


 

A Plaine-Magnien  : deux frères perdent tout

 

 

De la petite bicoque en tôle de Vijay et Vishal Matapaluth, il ne reste rien. Chez eux à Plaine-Magnien, tout a été réduit en cendres le lundi 22 août aux alentours de 7h30, alors qu’ils se trouvaient sur leurs lieux de travail respectifs. «La maison n’était pas pourvue en électricité. Et je ne sais pas comment l’incendie a éclaté»,explique Vijah, âgé de 45 ans. Depuis, son frère et lui ont trouvé refuge chez leur nièce qui habite la même cour et où plane une forte odeur de brûlé. «J’ai dû emmener mes enfants chez des proches car je crains pour leur santé. Ici, ils vont respirer l’air pollué par l’incendie», explique la nièce de Vijay qui a souhaité garder l’anonymat. Charpentier de profession, Vijay doit à présent tout reprendre à zéro avec le peu de moyens dont il dispose. Mais avec les mesures annoncées dans le dernier Budget, il devrait recevoir l’aide du gouvernement. «Je pourrai sortir la tête de l’eau», concède-t-il.

 


 

Pailles : la famille Issory a besoin d’aide

 

Ils sont désespérés. Les membres de la famille Issory, des habitants de Pailles, ont tout perdu après qu’un incendie a détruit leur maison. «Nou nepli ena nanye», confie Emandy Issory. En attendant une solution, elle a trouvé refuge chez sa mère avec son époux Ali et leurs enfants âgés de 1 an, 2 ans et 4 ans.

 

La famille Issory a besoin de votre aide afin de retrouver une vie normale. 

 

L’incendie, visiblement causé par un court-circuit, remonte au vendredi 5 août. Il est environ minuit quand le feu se propage dans les quatre pièces de la maison. Les Issory n’étaient pas présents au moment du sinistre. «C’est un voisin qui m’a appelé pour me dire que ma maison était en feu. Quand je me suis rendu sur les lieux, tout était déjà carbonisé», raconte Ali. «Nous avons tout perdu. Il ne nous reste plus rien. Nous ne savons plus quoi faire et n’en pouvons plus de cette situation. Aidez-nous, s’il vous plaît», plaide Emandy. Cette femme au foyer souhaite retrouver sa vie d’avant. «Je suis très bien chez ma mère, mais mes enfants ont besoin d’espace pour s’épanouir.»

 

Les Issory ont reçu une aide de la Sécurité sociale. Hélas, cela est loin d’être suffisant. «Cela nous a seulement servi à acheter quelques vêtements pour les enfants et de quoi nous nourrir», souligne Ali. Il n’a qu’un souhait : pouvoir reconstruire sa maison. Depuis le drame, la famille Issory vit au jour le jour. Des proches se sont mobilisés pour les aider, mais Ali et Emandy souhaitent une solution durable pour leur famille. «Nous espérons que les Mauriciens et les autorités nous viendront en aide.»Ceux qui veulent aider cette famille peuvent téléphoner au 5780 7515.

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