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13 novembre 2016 17:26
Avec le temps, elles se sont habituées à vivre dans cette maison transformée en scène de crime aux petites heures du matin du 1er avril 2013. Impuissantes, elles ont vu leur mère Sunita, 43 ans, se vider de son sang en quelques secondes avant de rendre l’âme. Le monde de Nundita Jugun, 25 ans, et de sa sœur Veentee Ramotar, 29 ans, s’est écroulé à cet instant précis. Car en plus d’avoir perdu leur mère de manière atroce, elles devaient faire face à l’autre terrible réalité : c’était leur père Gyaneeram Ramotar qui l’avait tuée de plusieurs coups de sabre.
Traduit devant la justice, cet ouvrier agricole, aujourd’hui âgé de 56 ans, avait expliqué son horrible geste en disant qu’il soupçonnait sa femme, qui exerçait le même métier que lui, d’infidélité. Le mercredi 9 novembre, il a été condamné à 28 ans de prison en cour d’assises. La sentence a été prononcée par le juge Benjamin Marie Joseph.
La nouvelle est parvenue chez Nundita et Veentee, à Clémencia, à travers les médias. Et elle ne semble pas les surprendre. Ce qu’elles attendent maintenant, c’est que leur père sorte de prison dans plus de 20 ans pour pouvoir le voir enfin. «On va l’accueillir à sa sortie de prison. Il a reconnu ses fautes. Il n’a pas la force de nous regarder en face. Il nous a même interdit de lui rendre visite. On a accepté son choix. Le jour où nous avons perdu notre mère, nous avons aussi perdu notre père. Malgré tout, nous lui avons pardonné»,confie timidement Nundita, sous le regard triste de Leelawtee Bagwan, sa grand-mère paternelle.
Sa sœur Veentee, séparée de son époux et mère d’un garçon de 9 ans, n’a rien oublié non plus de ce drame mais elle aussi a choisi la voie du pardon. «C’est quelque chose qui me poursuivra à jamais. Cela fait partie de ma vie. Mais j’ai trouvé la force et le courage de pardonner à mon père car il est tout ce qui me reste.» Et un père reste un père, dit-elle, approuvée par sa sœur.
Pourtant, leur vie a basculé dans une horreur sans nom ce 1er avril 2013. «Notre vie a changé depuis ce drame. Nous avons dû apprendre à vivre sans notre mère et sans notre père. Nous avons trois autres sœurs, dont la dernière est aujourd’hui âgée de 9 ans, qui n’ont jamais remis les pieds ici depuis ce terrible drame», confie Nundita Jugun, très affectée par cette situation. Toutefois, ajoute-t-elle, elle accepte leur décision : «Mo konpran zot.»
Leelawtee, la mère de Gyaneeram, souffre elle aussi beaucoup de tout cela. Assise sur un perron, elle épluche des légumes machinalement alors que des larmes lui montent aux yeux. Mais dans sa douleur, elle trouve parfois un peu de bonheur à voir grandir ses petits-enfants.
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