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22 septembre 2014 14:25
La vérité sur la mort de Shakett. C’est tout ce que demande Sunita Aucharaz. Cette jeune femme de 33 ans, d’origine indienne et qui habite à Valton, Montagne-Longue, allègue que son époux, âgé de 36 ans, est mort à l’hôpital de leur localité à cause d’une négligence médicale. Selon le rapport d’autopsie, il a succombé après une acute coronary occlusion. Ses funérailles ont eu lieu le mardi 16 septembre. Le convoi mortuaire a quitté le domicile de son père Dhanilall pour se rendre au crématoire de Pointe-aux-Piments.
La vie de Shakett Aucharaz a basculé après une simple piqûre d’insecte. «C’était vers 16 heures, dimanche dernier. Il s’est fait piquer à la main par une guêpe, alors qu’il allait laver sa voiture. Il a frotté un oignon sur sa peau quand la zone touchée a commencé à enfler. Mon fils est rentré du travail un peu plus tôt que d’habitude le lendemain car sa main lui faisait mal. Il travaille comme attendant dans un collège d’État. Sa douleur ne l’a cependant pas empêché de souder une porte en métal et à m’aider dans le supermarché familial jusqu’à 22 heures ce jour-là», raconte Dhanilall, âgé de 65 ans.
Sentant sa main «vinn inpe dir», Shakett Aucharaz s’est toutefois rendu à l’hôpital peu après : «Je l’ai accompagné à sa demande. Il a conduit sa voiture jusqu’à l’hôpital du village. Une fois sur place, il a attendu son tour pour se faire examiner par le médecin de service. C’était une dame. Cette dernière lui a prescrit des médicaments qu’il devait venir récupérer à la pharmacie le lendemain matin car ce service n’était pas disponible à cette heure de la soirée. Le médecin lui a aussi prescrit deux injections», poursuit son père.
Après les injections, Shakett Aucharaz a repris la route au volant de sa voiture pour rentrer chez lui. Il a garé le véhicule avant de parler avec son père et d’autres proches au rez-de-chaussée de la maison, avant de monter chez lui au premier étage. Son état de santé s’est détérioré quelques minutes plus tard, se souvient son épouse : «Il a commencé à avoir chaud et m’a demandé d’allumer le ventilateur. Son visage est ensuite devenu tout pâle et il a perdu connaissance.»
Alertés, Dhanilall et les siens conduisent Shakett à l’hôpital de nouveau. Sur place, il est examiné par le même médecin qui décide, cette fois, de le mettre sous perfusion car il est très faible. «Mon fils n’avait presque pas de pouls. Il a fallu plusieurs secondes au personnel soignant pour le trouver. Il avait été placé sur une chaise roulante dans le casualty. Il a commencé à se débattre quand on l’a transféré sur un lit. À ce moment, mon fils semblait avoir du mal à respirer. Peu après, le personnel soignant nous a ordonné de quitter les lieux.»
À ce moment-là, Dhanilall, ses deux filles et ses deux gendres, ainsi que le policier et l’infirmier qui se trouvent avec eux, savent que quelque chose de grave se produit. «On est d’avis que le personnel soignant ne maîtrisait pas la situation. Mon gendre, qui travaille dans le domaine médical, a dû intervenir à plusieurs reprises pour leur dire ce qu’ils devaient faire. Jusqu’à ce qu’ils nous mettent à la porte. Mon autre gendre, qui est policier, a dû faire appel au Samu. L’ambulance est arrivée 45 minutes plus tard avec plusieurs équipements. C’est un membre du Samu qui a annoncé la terrible nouvelle à mon gendre», soutient Dhanilall.
Depuis ce terrible drame, le quotidien des Aucharaz n’est plus le même. Shakett laisse derrière lui une veuve avec trois enfants, deux filles de neuf et quatre ans, et un garçon de 18 mois. Son épouse Sunita, femme au foyer, est complètement abasourdie. Les proches de la jeune femme attendent la fin des rites religieux de deuil pour décider de la marche à suivre. Pour eux, Shakett a été victime d’une négligence médicale. Et ils veulent avoir des réponses à plusieurs questions.
«Pourquoi ne lui a-t-on pas fait des tests d’allergie ce jour-là ? Quel produit lui a-t-on injecté ? Vu que le médecin est un généraliste, pourquoi n’a-t-il pas demandé à mon fils de se rendre à l’hôpital de Pamplemousses où il y a des spécialistes en permanence ? Pourquoi l’ambulance du Samu a pris 45 minutes à arriver alors que Pamplemousses n’est qu’à dix minutes de route de Montagne-Longue. Mon fils jouissait d’une bonne santé. Comment son cœur a-t-il pu lâcher», se demande Dhanilall.
Le ministère de la Santé n’est pas resté insensible à cette affaire. Une enquête interne a été initiée en attendant que la famille du défunt dépose une plainte officielle. Celle-ci envisage également de porter plainte à la police et d’intenter un procès au civil.
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